Saint-Brieuc aurait-elle réussi à déclarer son indépendance ? Toujours est-il que sur l’application Oui SNCF, il est rigoureusement impossible de réserver un billet entre Saint-Brieuc et Rennes. Une situation qui n’est pas inconnue localement – les cheminots renvoient sur l’application TER régionale BreizhGo plutôt que de tenter de régler le problème. Le triangle des Bermudes se serait-il relocalisé en Bretagne par la faveur du réchauffement climatique ?
Pour les trains, au mieux, une fois sur quatre, l’application renvoie sur La Méaugon, la première gare entre Saint-Brieuc et Guingamp – une petite gare qui dispose de moins d’arrêts que celle de Saint-Brieuc. En revanche, elle propose des trajets en car et covoiturage, au départ de Saint-Brieuc parfois, de Plérin et Langueux le plus souvent. C’est vrai que vue de Paris-Montparnasse, les 5 kilomètres qui séparent Saint-Brieuc de Langueux ne sont qu’un détail, même sous le vent et la pluie battante – il fait toujours beau en Bretagne nord, voyons. Ou il y a un métro.
Autour de Saint-Brieuc, aucun problème : on peut réserver un billet de et vers Lamballe, depuis et en direction de Morlaix, en partance et à destination de Guingamp – pourtant les trains qui y vont s’arrêtent presque tous à Saint-Brieuc.
Impossible pour un nantais ou un rennais de planifier son voyage vers Saint-Brieuc – comme les navigateurs d’antan, il doit sortir carte, astrolabe et sextant, chercher les gares encadrantes (Lamballe à l’est, Guingamp à l’ouest) qui sont aussi des gares de bifurcation (vers Dol et Dinan pour Lamballe, Paimpol, Brest et Carhaix pour Guingamp) et s’adonner à des calculs compliqués pour estimer son arrivée à Saint-Brieuc. Puis y ajouter les causes diverses de retard (chaleur, givre, neige, feuilles, sortie tardive du dépôt, sangliers, trop de monde dans le train ou à l’arrêt, retards du personnel, chiens sur les voies…).
Les cheminots locaux sont au courant et renvoient vers l’application TER Breizh Go. C’est peut être utile pour les locaux, mais pas les autres – les nantais par exemple. Soit il y a une application SNCF nationale qui fonctionne partout (ou à peu près, les départements sans service ferroviaire régulier ouvert aux voyageurs, comme l’Ardèche, en sont dispensés), soit il faut télécharger sur son téléphone autant d’applications que de régions. Pourquoi pas des postes frontières dans les gares situées aux limites de deux régions ?
L’application OUI SNCF a d’autres ratés étranges et difficiles à expliquer. Ainsi pour un Nantes – la Baule elle donne systématiquement l’horaire d’arrivée à la Baule les Pins, et non à la gare plus centrale de la Baule Escoublac. Régulièrement, quelques touristes égarés descendent aux Pins, pour s’apercevoir qu’ils sont encore à deux bons kilomètres de leur destination. Et que le prochain train est dans une heure.
Il y a pourtant des mises à jour régulières de l’application – mais elles ignorent les gares que l’application ignore. Quand elles n’ont pas comme principale utilité de rendre inopérant le paiement par l’application, laborieusement réparé, patché et dispatché depuis la précédente mise à jour.
Dernière en date : vous commandez votre billet, vous entrez les coordonnées de votre carte, vous recevez un code par SMS. Tout marche. Quand vous récupérez le code dans les SMS (huit chiffres, huit!) pour revenir sur l’application, le panier SNCF est annulé et vous ne savez pas où sont parties les données de votre CB. Rassurant…
Louis Moulin
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