Un temps, Maël de Calan s’était vu en grand homme de la droite bretonne, à la fois théoricien visionnaire et organisateur d’une future victoire électorale. Battu aux législatives de 2017 par une « marcheuse » novice, il ne disposait plus que de mandats locaux. Un peu justes au regard de ses ambitions. Il avait alors trouvé à se recaser comme associate partner au sein du grand cabinet international de conseil en stratégie McKinsey.
Et c’est ainsi qu’on l’a retrouvé récemment aux côtés d’Olivier Véran, ministre de la Santé, chargé de la « conduite stratégique de la vaccination » contre le covid-19. Coût de la prestation : 3,2 millions d’euros, puis 0,8 millions pour deux autres contrats. Avec quel résultat ? La vaccination ne se porte pas mieux que la droite bretonne. Véronique Louwagie, députée LR de l’Orne, a alors découvert que le ministère de la Santé avait en réalité passé au moins vingt-huit contrats de conseil avec différents cabinets depuis le mois de mars dernier !
Les collectivités locales bretonnes n’ont pas les moyens du ministère de la Santé. Mais cela n’empêche pas certaines d’entre elles de sous-traiter beaucoup de réflexions et de missions. Celles-ci, il est vrai, peuvent exiger des compétences relativement spécialisées. Parmi les marchés bientôt attribués figurent par exemple des « Études préalables à un aménagement urbain multisites » (Guipel) ou une « Élaboration d’un schéma de gestion durable du foncier économique de Saint-Brieuc Agglomération ».
À Nantes le pompon
Mais d’autres marchés recoupent nettement des missions pour lesquelles les conseillers municipaux ou départementaux ont en principe été élus : « Mission d’Accompagnement à la définition du projet culturel et artistique de la ville de Le Rheu ». « Assistance à maîtrise d’ouvrage pour la mise en place de la Convention Territoriale Globale » (Communauté de communes Au Pays de la Roche aux Fées). « Étude missions-moyens pour la ville de Saint-Brieuc »… Dans certains cas, les missions paraissent faire double emploi avec des services existants, comme un « Accompagnement stratégique et technique pour le projet GRC & marketing relationnel » (Comité du tourisme breton). Certaines enfin, semblent carrément fumeuses, telle la « Sensibilisation et formation par les neurosciences » (département d’Ille-et-Vilaine).
Mais le champion du recours aux cabinets de conseil en Bretagne, incontestablement, c’est Nantes. La ville ou la métropole recherchent en ce moment des prestataires sur les thèmes suivants, entre autres : « Retour d’expérience sur la gestion de la crise sanitaire ‘covid 19’ par les collectivités ». « Étude stratégique usagers sur la politique publique de l’eau de Nantes Métropole ». « Mise en place d’un dispositif éditorial global d’information transmedia ». « Accompagnement à l’élaboration du Pacte de citoyenneté métropolitaine ».
Tous sujets aussi indispensables que budgétivores, bien entendu.
Illustration : image Pixabay par geralt, licence Pixabay
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