Un homme a été abattu lors d’une attaque à l’arme à feu dans le nord de Belfast (du côté de Cliftonville, bastion catholique et républicain) mardi soir. Il s’agit d’un ancien membre du mouvement armé Óglaigh na hÉireann, mouvement dissident de l’IRA.
Il semblerait que le fait que la victime, Danny McClean, la cinquantaine, ait intégré pendant 5 ans l’armée britannique, puisse être une des causes de son assassinat, par son ancien groupe d’appartenance. L’homme de 54 ans avait été exclu il y a deux ans du mouvement sur la base d’allégations faisant état de son statut d’informateur. Un autre ancien membre de l’organisation, accusé des mêmes faits, Kieran Wylie, a été abattu dans sa maison de West Belfast en mai dernier selon le Belfast Telegraph.
Óglaigh na hÉireann, qui compterait une centaine de membres rien qu’à Belfast, avait appelé à un cessez-le-feu en 2018, accuse ces hommes de potentielle trahison, ce qu’ils avaient nié avant leur assassinat.
Danny McClean été sous libération conditionnelle. La police l’a averti pour la première fois qu’il était menacé en février 2019 lorsque des graffitis sont apparus dans l’ouest de Belfast, le désignant comme une balance, après que les dirigeants du mouvement armé aient appris son passé dans l’armée britannique. Son dossier militaire, obtenu par des chefs dissidents, montre qu’il a rejoint l’Armée en 1991 avant d’être transféré au Royal Irish Regiment (RIR) en 1994. Il est resté avec le régiment jusqu’en décembre 1996.
À l’époque, McClean vivait dans le village balnéaire de Killough, juste à l’extérieur de Downpatrick. Il s’est ensuite installé dans la région de Lagmore, à l’ouest de Belfast, où il s’est lié d’amitié avec des militants républicains tout en travaillant comme chauffeur de taxi. Après avoir été arrêté en juin 2014 à la suite d’une opération d’écoute du MI5 permettant de détecter des attaques à venir, il a passé 16 mois dans l’aile réservé aux dissidents de la prison de Maghaberry.
McClean a ensuite été condamné pour avoir recueilli des informations susceptibles d’être utiles à des terroristes.
Bien que désapprouvé par les dissidents les plus radicaux, il n’est pas rare de trouver des républicains ayant un passé militaire britannique. Le tireur de l’IRA et membre de la « Nutting Squad » (contre espionnage au sein de l’IRA), John Joe Magee, décédé en 2002, était un ancien membre du Special Boat Service. Plus récemment, Gabriel Mackle, qui a été emprisonné pendant huit ans en 2014 pour possession d’explosifs de l’IRA, est un ancien soldat du RIR.
Le dissident Ciaran Maxwell, né à Larne, purge actuellement une peine de 18 ans de prison pour avoir volé des armes dans sa base de la Royal Marine en Angleterre. Après l’arrestation en 2016 de l’ancien caporal, qui fabriquait des bombes pour les dissidents, la police en Irlande du Nord et en Angleterre a trouvé 43 armes à feu.
Le maire adjoint de Belfast, Paul McCusker, a condamné la fusillade. « C’est une nouvelle horrible pour la famille et la communauté. Les responsables de cette fusillade n’ont absolument rien à offrir à notre communauté. Les résidents devraient être autorisés à vivre leur vie sans la menace de la violence. La communauté ne soutient pas ces actions. Il n’y a pas de place pour la violence dans nos rues.»
Carál Ní Chuilín, du Sinn Féin Nord Belfast, a qualifié la fusillade de « choquante » et a demandé que des témoins parlent à la police, qui lance elle même un appel à témoins.
Murder investigation launched. pic.twitter.com/pfUlgrr9AL
— Police Service NI (@PoliceServiceNI) February 2, 2021
Entre cet assassinat, les menaces loyalistes visant les employés des ports de Belfast et de Larne sur fond de Brexit, mais aussi les patrouilles récentes menées par un groupe proche de l’UVF dans l’est de Belfast dans une affaire manifeste de règlement de compte entre loyalistes, la situation en Irlande du Nord semble sous tension.
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