La crise sociale et économique continue de prendre le pas sur la « crise sanitaire » liée au Covid – et ce n’est probablement que le début. Néanmoins, au sud de la Loire, la mobilisation des salariés a permis de sauver une vingtaine d’emplois à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, tandis qu’au nord, une usine déjà mal en point avant la crise… notamment à cause de l’UE.
Au sud de Nantes, chez Omega Systemes Atlantiques, sous-traitant d’Airbus, direction et employés qui ont mené la première grève de l’histoire de cette PME rachetée en 2019 par l’américain Web Industries ont fini par trouver un accord : 35 emplois étaient menacés, seuls 15 donneront lieu à des licenciements secs, tandis que 11 personnes ont opté pour des départs volontaires. Le PSE a été entériné, l’entreprise conservant un effectif excédentaire et recourant à l’activité partielle de longue durée. L’actionnaire américain s’est engagé à soutenir le site, en attendant la reprise du marché, prévue d’ici 2023.
Montoir-de-Bretagne : l’usine de diester de Saipol ferme
Cependant à Montoir-de-Bretagne, l’usine Saipol qui produit chaque semaine 25.000 T de diester à partir d’huiles de colza et de palme a annoncé qu’elle mettra la clé sous la porte, sans date précise ; 33 emplois sur 35 sont supprimés, seul un dépôt logistique reste sur le site, actuellement classé Seveso.
Saipol, filiale du groupe agroalimentaire Avril (ex-Sofiprotéol, qui possède notamment les marques Matines, Lesieur, Puget, Sanders…), voulait se séparer depuis l’automne 2019 de ses deux usines de Sète (Hérault) et Montoir-de-Bretagne. La faute… à l’UE. Le biodiesel a perdu le soutien fiscal dont il bénéficiait en 2015, et surtout l’UE a supprimé ses barrières douanières aux productions, moins chères – à base de soja ou d’huile de palme – de l’Argentine et de la Malaisie. Des raisons conjoncturelles et syndicales – un mois de grève à l’usine de Grand-Couronne qui a causé 15 millions d’euros de pertes en 2019 – ont creusé le trou.
Saipol, qui a accumulé 133 millions d’euros de pertes entre 2015 et 2018, veut se recentrer sur le raffinage d’huiles alimentaires « origine France » pour les industries agroalimentaires européennes, plus valorisant, et surtout se dégager de l’huile de palme, réduisant sa production de biodiesel d’un tiers.
Après avoir fermé l’usine de Compiègne en 2013, Coudekerque en 2015, tenté de céder ou de fermer Sète et Montoir, Saipol se recentrera sur ses quatre sites de Grand-Couronne (76), Lezoux (63), Bassens (33) et Le Mériot (10).
L’usine du port de Dieppe (76), où deux ouvriers avaient été tués en 2018 suite à une explosion dans le bâtiment de trituration, a été réorientée vers la production de protéines Canola PROTM pour la consommation humaine à partir de graines de colza – les graines seront triturées avec de l’eau. Une station d’épuration nouvelle est construite sur le site – dénommé désormais Olatein, qui produira aussi du biométhane. L’usine est la propriété commune de Saipol et du groupe néerlandais DSM, producteur de nutriments.
Louis Moulin
Photo d’illustration :DR
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