Le code électoral est impitoyable. Puisque tout se joue au second tour, pour y être qualifié, il faut obtenir « au premier tour un nombre de suffrages au moins égal à 10% des suffrages exprimés ». Reste la solution de la fusion : « La composition de ces listes peut être modifiée pour comprendre les candidats ayant figuré au premier tour sur d’autres listes, sous réserve que celles-ci aient obtenu au premier tour au moins 5% des suffrages exprimés et ne se présentant pas au second tour » (article L. 346. on risque donc de voir au second tour les militants écolos – régionalistes monter sur le porte-bagages de Loïg Chesnais-Girard (PS).
Ici et là, on s’agite à propos des élections régionales annoncées en juin. On remarque tout de suite la « plasticité » de l’UDB. En 2015, ses militants faisaient équipe avec Christian Troadec, cette fois ils s’associent avec Europe-écologie les Verts. Sans doute parce que les chances d’obtenir des élus sont plus grandes…
La liste EELV – UDB (plus l’association politique « Ensemble sur nos territoires » que pilote Ronan Dantec) sera donc concurrente de celle conduite par Loïg Chesnais-Girard, président sortant (PS, PCF, PRG…). Rien de concret pour l’instant, Ana Sohier, responsable d »es élections à l’UDB, se contente d’annoncer un « débat » pendant la campagne portant sur « l’écologie, l’autonomie et la solidarité ». Ce « seront les fondements du projet que nous construiront, tout au long de la campagne avec tous ceux qui souhaitent participer. », annonce-t-elle.
Les « écolos » ont l’ambition d’avaler les « socialos ».
La suite est plus amusante : « L’UDB a fait le constat que, face aux urgences climatique et environnementale, démocratique, sociale, culturelle et territoriale, les politiques menées aujourd’hui par le conseil régional de Bretagne n’étaient pas à la hauteur des enjeux. » (Le Peuple breton, janvier 2022). Par conséquent, Loïg Chesnais-Girard doit s’attendre à être sévèrement critiqué pendant les prochains moins par Ana Sohier et ses colistiers. Attitude logique, certes puisque les « écolos » ont l’ambition d’avaler les « socialos ». Mais la réalité ne disparaît pas pour autant : le rapport de force fait la loi. En effet il est probable que la liste PS et compagnie (LCG) devancera la liste EELV – UDB au premier tour. On assistera donc à la même opération qu’aux municipales à Nantes et à Rennes : la fusion des deux listes pour le second tour. C’est le’ seul moyen pour les militants écolos –régionalistes d’appartenir à la majorité en d’entrer dans l’exécutif – le PS demeurant le pilier et Loïg Chesnais- Girard le président.
La politique est un rude métier
Donc Ana Sohier se trouve en désaccord avec « les politiques menées aujourd’hui par le conseil régional de Bretagne » – c’est-à-dire par Chesnais-Girard. Mais elle sera contrainte de manger son chapeau si elle veut entrer dans l’équipe de ce dernier. Et alors elle trouvera à son goût toutes les propositions de son chef de file. C’est le prix à payer pour devenir vice-présidente du conseil régional… La politique est un rude métier.
Rappelons que dans l’actuel conseil régional de Bretagne, ni EELV, ni l’UDB ne possèdent d’élus. En effet, aux élections de 2015, au premier tour, la liste Troadec (UDB) n’avait obtenu que 6,71% des suffrages et celle des écolos 6,70%. Donc impossible de se maintenir au second tour et d’avoir des élus. Quant à fusionner avec la liste de Le Drian, le ministre de la Défense nationale ne voulait pas en entendre parler.
Bernard Morvan
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