Le dioxyde de titane, un colorant suspecté d’être cancérogène, a été suspendu une année supplémentaire par le gouvernement, dans l’attente de l’avis de l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa).
C’est une victoire pour le collectif StopTitane Agir pour l’environnement qui avait lancé une pétition sur le sujet :
« Obtenue de haute lutte, la suspension pour un an du dioxyde de titane dans l’alimentation arrive à son terme. Si sa suspension n’est pas prolongée après le 31 décembre, ce colorant dangereux composé de nanoparticules pourra de nouveau se retrouver dans nos assiettes ! Il y a urgence » peut-on lire ici
Le dioxyde de titane, reconnaissable à la mention E171 dans la liste des ingrédients, avait été suspendu une première fois le 1er janvier 2020. Cette décision faisait suite à la publication, en 2017, d’une étude de l’Institut national de la recherche agronomique (aujourd’hui Inrae) qui avait mis en évidence chez les rats un risque de cancer colorectal lié la présence de cet additif dans les denrées alimentaires, et d’un rapport de l’agence de sécurité sanitaire des aliments (Anses) qui n’avait pu, en 2019 « lever les incertitudes sur l’innocuité » du colorant. Dans l’attente de l’avis de l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) attendu pour 2021, le gouvernement a décidé de prolonger la suspension de l’additif.
« Cette suspension provisoire ne concerne malheureusement pas les autres produits qui en contiennent et que nous ingérons pourtant, volontairement ou non. Utilisé pour blanchir ou faire briller la pâte, on retrouve ce colorant dans la très grande majorité des dentifrices. Cette substance est massivement utilisée comme excipient (et non comme principe actif) dans plus de 4 000 médicaments : Doliprane, Spasfon, Efferalgan, Advil…. Attention, ceci ne doit pas justifier l’arrêt d’un traitement »
L’interdiction du dioxyde de titane dans l’alimentation fait suite à la publication d’une étude montrant que l’ingestion de dioxyde de titane peut entraîner des lésions pré-cancéreuses chez des rats. L’ANSES, l’agence sanitaire française, avait alors reconnu l’importance de cette étude et conclu à la nécessité d’appliquer le principe de précaution » poursuit Agir pour l’environnement.
Le dioxyde de titane en tant qu’additif alimentaire
Voici ce que nous apprend le site de l’ANSES :
Le dioxyde de titane (TiO2) est utilisé dans de nombreuses applications (additif alimentaire, cosmétiques, pigments), notamment pour ses propriétés d’absorption des rayons ultraviolets et son caractère colorant blanc (additif alimentaire), et se présente, au moins partiellement, sous forme de poudre nanométrique.
En plus de la taille, d’autres propriétés physico-chimiques propres au TiO2 peuvent également varier et influencer ses usages et sa toxicité, notamment :
- la forme : sphérique, allongée, fibreuse etc. ;
- la présence d’une modification de surface de la particule (revêtement) ;
- la cristallinité : 3 polymorphes naturels principaux existent : rutile, anatase et brookite.
Le E171 est un additif alimentaire sous forme de poudre, constitué de particules de dioxyde de titane. Il est utilisé dans divers aliments pour ses propriétés colorantes (pigment blanc) et opacifiantes. En France, le E171 est utilisé dans de nombreux produits alimentaires tels que les confiseries, les pâtisseries ou encore des plats cuisinés.
La taille des particules de dioxyde de titane qui le constituent peut varier de quelques dizaines à plusieurs centaines de nanomètres sous une forme dispersée, agrégée ou agglomérée. Par ailleurs, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), en charge de l’évaluation des additifs alimentaires au niveau européen, constate que le E171 peut contenir jusqu’à 3,2 % de nanoparticules par unité de poids.
Pour des raisons pratiques de gestion, la recommandation 2011/696/UE de la Commission donne une définition d’un produit « nano » qui tient compte à la fois de la taille des particules mais aussi de la quantité en présence ; selon cette recommandation de la Commission européenne,« on entend par « nanomatériau », un matériau […], dont au moins 50 % des particules, dans la répartition numérique par taille, présentent une ou plusieurs dimensions externes se situant entre 1 nm et 100 nm ».
D’autres définitions réglementaires existent par ailleurs, dans le règlement INCO et Novel Food.
En octobre dernier, l’Inrae a montré dans une nouvelle publication que les nanoparticules composant le dioxyde de titane étaient capable de traverser le placenta de la femme enceinte et contaminer le fœtus. Pour les auteurs de l’étude, ces résultats « alertent sur l’importance d’évaluer le risque quant à la présence de nanoparticules dans cet additif commun face à l’exposition avérée de la femme enceinte ».
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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