Les gens de la droite sont à la recherche d’un candidat pour l’élection présidentielle – de préférence un bon. Plusieurs prétendants montrent déjà le bout du nez : Xavier Bertrand, François Baroin, Valérie Pécresse, Bruno Retailleau, Rachida Dati. Mais les sondages portant sur les intentions de vote montrent que ce sont des canassons, pas des purs-sangs. Alors on cherche ailleurs. Certains pensent même à ressusciter un vieux de la vieille : Nicolas Sarkozy. Mais, malin, l’ancien président de la République se contente, pour l’instant, d’observer le « débat ». À distance.
Deux heures passées à dédicacer son dernier ouvrage Le Temps des tempêtes (Éditions de l’Observatoire). C’était le dimanche 6 septembre au centre des congrès Atlantia à La Baule. 460 ouvrages sont proposés à la vente, 23 euros pièce. L’ « écrivain » s’appelle Nicolas Sarkozy. Les supporters et les groupies sont au rendez-vous. En effet la presqu’île guérandaise compte la moitié des adhérents LR de Loire-Atlantique.
Il y a Olivier, 69 ans, qui partage son temps entre les Yvelines et La Baule : il apostrophe avec ferveur l’homme d’État : « Il faut revenir M. le Président, on a besoin de vous pour remettre le pays debout, notamment en matière de sécurité » (Ouest-France, lundi 7 septembre 2020). Pour ce qui est de la sécurité, Sarkozy est effectivement un champion : il a supprimé 13 000 emplois dans la police et la gendarmerie pendant son mandat. Mais il faut aussi faire une petite place à Valentin, 20 ans, pour qui Nicolas Sarkozy, « c’est la grandeur de la France » (Presse Océan, lundi 7 septembre 2020). Évidemment, le jeune Valentin ignore que, grâce à Sarkozy, la France a réintégré l’OTAN – on redevient des vassaux des USA.
Une autre vedette de la journée s’appelle Colette, « bénévole à LR à Nantes », avec sur son masque l’inscription « Présidentielle 2022, Nicolas président ». « C’est lui qui pourra nous sauver » (Presse Océan, lundi 7 septembre 2020). Quelle déception pour cette brave dame lorsqu’elle a lu dans Ouest-France cette déclaration forte de l’ancien président de la République : « Vous savez, je ne suis plus dans la vie politique et je ne veux plus y être. Je ne veux pas me mêler de cela. » (O.F., Saint-Nazaire, mardi 8 septembre 2020). Ce que confirme Carla Bruni : « Mais il a vraiment tourné la page. J’en suis certaine, à m’en couper la main. Je ne l’ai jamais vu aussi heureux. Il a adoré la politique, mais il ne peut pas monter tellement plus haut, ni vraiment revenir à cette position. Ce qui l’éclate, à 65 ans, c’est de se construire une nouvelle vie.» (L’Obs, 24 septembre 2020).
Il parait même que « Sarko » ne veut pas aider les dirigeants LR à trouver un homme providentiel pour l’élection présidentielle. « Je ne vais pas inventer pour la droite un candidat crédible ! s’écrie-t-il. Elle n’en a pas ! Je ne vais pas non plus m’investir dans un candidat témoin qui n’a pas d’intérêt. » Et d’ajouter : « Il faut plein de qualités pour être président, il faut aussi une gueule. Aucun des candidats potentiels n’a la gueule d’un président. » (Le Canard enchaîné, 18 novembre 2020). Pourtant il n’a pas l’air de rester inactif. C’est ce qu’explique Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat : « À ses nombreux visiteurs, Sarkozy ne cache pas qu’il n’a pas vraiment aidé à promouvoir la candidature de François Baroin. Il lui a même savonné la planche à de nombreuses reprises. » (L’Obs, 19 novembre 2020).
En attendant, Sarko fait du fric. Le Temps des tempêtes frôle les 250 000 exemplaires, selon son éditeur ; ce qui devrait lui rapporter entre 400 000 et 600 000 euros (L’Obs, 19 novembre 2020). Il touche en effet 18% des droits d’auteur sur chaque exemplaire vendu (Les Échos, 6 août 2020). Mais ça ne suffit pas pour un homme fasciné par « l’argent, le pouvoir du grand capital, un monde auquel il rêve d’appartenir » (« Un quinquennat à 500 milliards d’euros. Le vrai bilan de Sarkozy ». Mille et une nuits). Il est devenu membre des conseils d’administration du groupe Barrière, du groupe Accor, du groupe Lagardère, de Lov Group (premier producteur mondial de programmes télévisés). Chaque poste lui rapporte entre 50 000 et 100 000 euros de jetons de présence par an (avant impôt). Sans oublier le cabinet d’avocat Claude & Sarkozy dont il détient 34% du capital – ce qui lui a rapporté 170 000 euros de dividendes en 2019 (en plus des honoraires dont on ne sait rien). Il s’occupe également en donnant des conférences. Tout juste sorti de l’Élysée, il en acceptait plus d’une dizaine par an. Chaque intervention était alors rémunérée environ 100 000 euros (L’Obs, 19 novembre 2020).
Le contribuable apporte également son obole. Car « Sarko » est entretenu à grands frais par la République française : 866 000 euros de dépenses l’an dernier, sans compter la retraite annuelle de 75 000 euros (L’Obs, 19 novembre 2020).
À côté de pareils revenus, ceux du président de la République font minable. En 2008, le président Sarkozy a touché 20 858 euros bruts par mois ; il s’était accordé une hausse de 206% (Le Monde, vendredi 9 novembre 2007). Quand on aime l’argent, il est donc préférable d’être homme d’affaires que président de la République. Voilà ce qu’il faut expliquer à Colette, « bénévole de LR à Nantes ».
Bernard Morvan
Crédit photo : Cycloton/wikimedia (cc)
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2 réponses à “Carla Bruni : « J’en suis certaine à m’en couper la main »”
Sarkokarcher pire que Hollande lequel n’a rien fichu tandis que Sarkozy s’est servi de Kadafi puis a tue celui qui contenait les migrants… Mayotte et tant d’autres âneries ! Il faut un Général pour remettre de l’ordre et assainir le pays surtout plus de politiciens professionnels et encore moins d’énarques qui ont massacre le pays par ego et incompétence. Conseil de guerre pour les 3 derniers présidents pour atteinte à l’intégrité de l’Etat.
Et on ne parle même pas du Traité européen de 2005, rejeté par référendum et que Sarko a refourgué par la voie parlementaire…