Sans tambour ni trompette, la nouvelle gare de Nantes a ouvert ses portes hier. Le covid-19 n’est peut-être pas la seule cause de cette discrétion. Cette mise en service vient bien tard, pensent beaucoup de Nantais…
Jean-Marc Ayrault en avait fait, soi-disant, une priorité de sa campagne municipale de 2008, une « urgence », elle devait ouvrir en 2014-2015, « c’est impératif »(1). « On est à deux pas de la grande gare du XXIe siècle qui est au cœur de l’intermodalité des transports », disait-il quelques jours plus tard à un journaliste rencontré devant le stade Marcel Saupin(2). Mais pour franchir ces deux pas, il allait falloir plus de douze ans – et un changement de maire.
Trois ans plus tard, François de Rugy et Pascale Chiron, dirigeants locaux des Verts s’inquiétaient de ne rien voir venir. En matière de transports, à l’époque, Jean-Marc Ayrault n’avait d’yeux que pour le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. On sait ce qu’il en advint. À force d’être négligé, le projet de nouvelle gare n’a été soumis à concertation publique qu’ au mois de mai 2013. Jean-Marc Ayrault était parti depuis un an pour l’hôtel Matignon. On sait aussi ce qu’il en advint.
Une vaste mezzanine avec commerçants mais sans policiers
La solution retenue pour la nouvelle gare par l’architecte Rudy Ricciotti est à la fois simple et ambitieuse : elle a consisté à construire une énorme mezzanine perpendiculaire aux voies et surmontant l’ancienne gare, dont le bâtiment est conservé. Contrainte non négligeable, les travaux ont été réalisés sans interrompre le fonctionnement de la gare existante.
Comme dans toutes les grands gares modernes, le vaste espace parallélépipédique ainsi créé est pour une bonne part une galerie marchande, consacrée en grande partie aux métiers de bouche. Grâce à d’immenses baies vitrées, elle jouit côté ouest d’une vue étendue sur la cathédrale et le château de Nantes. De l’extérieur, le long bâtiment se remarquerait à peine s’il n’était ourlé d’une longue résille pare-soleil.
Autre caractéristique remarquable du nouveau bâtiment : il est dépourvu de poste de police. Celui de l’ancienne gare a fermé voici quelques mois ; on l’accusait d’être vétuste. L’occasion se présentait d’en aménager un flambant neuf. On a préféré s’abstenir. Ce qui ne laisse pas de surprendre : toutes les gares attirent dealers et marginaux, et celle de Nantes voit aussi passer beaucoup de clandestins. Pour la sécurité de ses voyageurs, la SNCF devra compter sur elle-même.
(1) Propos recueillis par Marc Le Duc, Ouest France, 5 février 2008.
(2) Propos recueillis par Philippe Corbou, Presse Océan, 6 mars 2008.
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