La gauche est sauvée puisque Benoît Hamon revient à la surface. Prêt à se sacrifier pour la « cause ». Si on le caresse dans le sens du poil, il pourrait accepter d’être le candidat unique de la gauche à l’élection présidentielle de 2022.
Un collectionneur de gamelles
Benoît Hamon est un collectionneur ; il collectionne les gamelles. Candidat du PS à l’élection présidentielle de 2017, il récolte brillamment 6,36% des suffrages exprimés au premier tour. Résultat à comparer avec celui obtenu par François Hollande à ce premier tour en 2012 : 28,63% Ben de Saint-Renan continue sur sa lancée aux élections législatives de 2017 : il n’est pas qualifié pour le second tour dans sa circonscription de Trappes car n’arrivant qu’en troisième position ; une marcheuse inconnue – mais d’origine immigrée – lui succède. Troisième round : les élections européennes de mai 2019. Il dirige la liste Génération.s qui recueille piteusement 3,3% des suffrages exprimés. Donc pas question de devenir député européen – ce qui l’aurait bien arrangé après sa mise à la porte du Palais-Bourbon ; il devra donc se contenter de son mandat et de son indemnité de conseiller régional d’Ile-de-France.
En mode sous-marin
Après de pareils exploits, « Ben » annonce qu’il « prend du recul », qu’il se donne « un temps de réflexion », qu’il a « besoin de [se] poser et de réfléchir » (Le Monde, mercredi 29 mai 2019). D’après un cadre de Génération.s, « il est un peu en mode sous-marin. Il continue à avoir un rôle politique. Il donne des conseils au sein du mouvement. » (Le Figaro, mardi 24 décembre 2019). À la vérité, il n’a pas totalement disparu de la scène politique ; il n’est pas inactif : il signe l’appel à légaliser le cannabis (L’Obs, 20 juin 2019) ; il s’oppose ensuite à l’octroi d’une subvention de 57 000 euros à la fédération des chasseurs d’Ile-de-France pour l’achat de faisans et de poules faisanes par le conseil régional (Le Canard enchaîné, 3 juillet 2019) ; il fait des analyses électorales pertinentes : « Si la présidentielle avait lieu à Barbès, je serai élu dès le premier tour avec 80% des voix » (Le Figaro, 19 mai 2019) ; il participe à la marche contre l’islamophobie début novembre 2019 (Le Figaro, mardi 24 décembre 2019). Et comme il faut bien vivre, il se concentre « sur son entreprise « BH Horizon », tournée vers le conseil pour développer l’économie sociale et solidaire » (Le Figaro, mardi 24 décembre 2019).
En coulisse…
Mais voilà que « P’tit Ben » – comme aimait à l’appeler Martine Aubry – se réveille et tente de revenir dans le circuit. Au moyen d’un livre portant sur le revenu universel (« Ce qu’il faut de courage. Plaidoyer pour le revenu universel », Les Équateurs). Il se démène également en faveur d’une candidature commune de la gauche en 2022. « Ce peut être Mélenchon, un (e) écolo, un (e) socialiste ou un (e) autre. Donnez le moi ! Je veux qu’on gagne. Chacun est replié sur son territoire. Peut-être a-t-on besoin de quelqu’un qui soit différent, extraterritorial en quelque sorte. Personnellement, je m’investis en coulisse. Rien ne me semble insurmontable, même si aujourd’hui une candidature commune n’est hélas pas le plus probable. » (L’Obs, 29 octobre 2020).
En priant fortement le Breton de Saint-Renan, en insistant : le devoir, ses qualités, sa notoriété, sa popularité…, il pourrait accepter de se dévouer pour la « gauche » en devenant ce candidat unique. Dans un premier temps, c’est « Non, je ne pense pas. Je suis une part de l’histoire. Je préfère ne pas faire mon cinéma. » Mais dans un second : « Mais si tous me disent « on veut que ce soit toi, le candidat unique », je réfléchirai ! » (L’Obs, 29 octobre 2020). Après avoir fait 6% en 2017, il pourrait faire 7% en 2022…
L’affaire se présente mal pour la gauche
Puis que « Ben » veut réfléchir, nous luis conseillons de s’intéresser aux sondages portant sur les intentions de vote pour la présidentielle de 2022. Aujourd’hui, l’affaire se présente mal pour la gauche ; c’est ce qui ressort de trois enquêtes effectuées par l’IFOP et prenant en compte l’hypothèse de la « gauche rassemblée » au premier tour. Le meilleur candidat « unique » s’appelle Jean-Luc Mélenchon (15%), tandis que Anne Hidalgo et Yannick Jadot doivent se contenter chacun de 13% (Journal du dimanche, 4 octobre 2020). Mauvais score que l’on s’explique difficilement puisque, en cas de trois candidatures de gauche au premier tour, le total des intentions de vote donne 23% (Mélenchon, Royal, Jadot), 24% (Mélenchon, Hollande, Jadot) et 26% (Mélenchon, Hidalgo, Jadot). Faut-il en déduire que les électeurs écolos n’apprécient pas Mélenchon ? Que les électeurs insoumis n’aiment pas Jadot ? Que les électeurs socialistes détestent l’un et l’autre ? « L’union est un combat », affirmait autrefois Georges Marchais, le dernier grand secrétaire général du PCF. Mais rien n’est perdu puisque Ben de Saint-Renan s’investit « en coulisse ». On compte sur lui…
Bernard Morvan
Crédit photo : Marion Germa/Wikimedia (cc)
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3 réponses à “Benoît Hamon : de Saint-Renan à l’Élysée ?”
Quand on prend du recul alors qu’on l’a dans le Q, c’est qu’on aime ça.
Vas-y Ben, fonce.
Mon Dieu…. Pauvre France! Déjà que l’on n’est pas aidés, alors là, c’est le bouquet de la nullité ! Les politicards n’ont rien d’autre à proposer? A moins que c’est fait exprès pour perdre, vu ce qu’ils risques de récupérer ?
BH Horizons ne pèse probablement pas très lourd dans les revenus de Benoît Hamon. Cette société sans salariés, sans bureaux et sans capital (si quand même : 1 €), n’a pas révélé ses comptes 2018 et n’a même pas déposé ceux de 2019. Bonne chance pour trouver des traces d’une activité réelle !