Le 23 octobre prochain sortira le magnifique premier album Shoden de la compositrice et pianiste lorientaise Cécile Seraud.
Shoden se fraye un chemin entre la mélancolie joyeuse et brumeuse des charmes délicats de la Bretagne et les atmosphères musicales intimes où résonnent les terres glacées du Nord. C’est un voyage où l’on rencontre, par effleurements et contemplation, l’indicible étreinte du cœur.
L’artiste bretonne, inspirée par Chopin, Sigur Rós ou Yann Tiersen et aussi à l’aise sur un surf qu’au piano, livre un premier album intime qui touchera l’auditeur en plein cœur.
Nous l’avons interviewée, pour vous faire découvrir cette artiste bretonne de talent.
Album en précommande: https://cecileseraud.bandcamp.com/
Facebook : https://www.facebook.com/Cécile-Seraud-101815191601952
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Cécile Seraud : Je m’appelle Cécile Seraud, j’habite Lorient en Bretagne, comblée au quotidien par la douceur de vivre, la simplicité, l’immensité et l’infini, les beautés absolues ou plus mélancoliques que m’offrent cette région et son océan qui l’accompagne tout au long des côtes. J’aime les gens et les choses simples, qui me semblent proposer une vérité que j’aurais envie de suivre. J’aime ce qui me rappelle à l’humain, c’est-à-dire le sensible, l’intelligent et l’ouverture d’esprit. J’essaie de me garder des idées préconçues et de voir d’abord les qualités de cœur. J’aime prendre du recul, que ce soit pour contempler la nature ou pour prendre le temps d’analyser ou de penser la société dans laquelle je / nous évoluons. J’ai besoin, beaucoup, de penser par moi-même et de m’entourer de lectures ou de raisonnements, discussions solides (je suis branchée sur France culture… Pour certains cela fera cliché…). Ma famille est mon rocher, mon point d’accroche. Comme dirait Grand corps malade, « ce miracle anodin » qui me nourrit, me porte.
Mon évasion, la musique bien sûr, mais aussi la nature : marche, vélo, natation, surf, bateau… ces escapades quotidiennes m’inspirent, me fortifient et me font rêver.
Et puis la musique, qui serait comme mon jardin secret, un espace intime et fondamental depuis ma plus tendre enfance. Elle m’accompagne partout et en cas de coups vraiment durs, elle s’impose avec encore plus d’audace.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a amené au piano ? Quelles sont vos influences musicales?
Cécile Seraud : J’ai eu un cursus de guitare classique jusqu’à la fin du conservatoire d’abord. Je n’ai pas choisi mon instrument parce qu’à l’âge de 5 ans quand j’ai commencé, l’école de musique n’avait plus que des guitares à prêter.
Je n’ai pas éprouvé de manque, j’avais cet instrument sur lequel j’apprenais de très belles choses et qui m’épanouissait, le solfège qui me rendait autonome. Je ne pensais pas à composer et à l’époque on n’en parlait pas dans les conservatoires. J’inventais par contre tout le temps des musiques. Parfois je les chantonnais en boucle au risque d’agacer mon entourage. Et puis il y a cinq ans, j’ai réalisé un rêve ancien, installer un piano dans ma maison. Je trouvais qu’une maison sans piano c’était comme un salon sans canapé. Je trouvais cela très beau esthétiquement et j’osais enfin approcher de ce grand instrument impressionnant. J’ai commencé à laisser aller mes pensées musicales sur le piano et j’ai eu l’impression de vivre une deuxième naissance. Une force évidente qu’il me fallait suivre absolument.
Mes influences musicales sont assez intimistes et mélancoliques… Chopin, Arvo Pärt (« Spiegel im spiegel »), Erik Satie, Philippe Glass et des compositeurs nordiques comme Olafur Arnalds, ou le groupe Sigur Ros ou Mum… Yann Tiersen évidemment ! Leurs musiques me procurent l’émotion absolue, réveillent ma part d’enfance dans une sorte de simplicité extrêmement pure, et m’emportent dans des rêveries et des voyages précieux. Je retrouve cela aussi dans l’album Ö Lake de Sylvain Texier, compositeur d’un grand talent à Rennes. Précisons qu’il a été mon guide pour réaliser toutes les étapes de Shoden.
Breizh-info.com : Parlez-nous de votre album, Shoden.
Cécile Seraud : C’est mon premier album. Il réunit mon amour pour les terres glacées du Nord, paysages de montagne (où j’ai vécu pendant cinq ans) et les beautés infiniment tendres et mélancoliques de la Bretagne. Le point commun est sans doute la conscience des grands espaces qui offrent une puissance de joie et de liberté. Cela m’inspire, me mène à la création, Cela me permet de retrouver l’authenticité des cœurs loin des façonnements sociaux et culturels. Et puis cela rejoint sans doute la partie très sauvage de ma personnalité.
Shoden, le titre, m’est apparu dans un rêve alors que je rentrais de ma rencontre avec Sylvain Texier. J’avais l’ idée d’un autre titre, d’une autre pochette. Mon inconscient en a décidé autrement. J’ai cru au réveil que c’était nordique et après quelque recherches (je n’avais consciemment jamais rencontré ce mot), j’ai appris que c’était japonais, première étape d’une technique de méditation, canal qui s’ouvre doucement vers la guérison et qui signifie « ose te déployer ». Je n’ai pas su résister à cet appel du destin !!! J’ai gardé « shoden », parce qu’il symbolise mon parcours au piano mais aussi dans la vie, et qu’il représente toute la force « rédemptrice », au sens de « sauver », « libérer », de la musique.
Breizh-info.com : La Bretagne tient-elle une place particulière dans votre musique ?
Cécile Seraud : C’est une évidence. La Bretagne c’est un deuxième cœur qui bat. Je me sens imprégnée de toutes ses odeurs, ses chants d’oiseaux, ses paysages qui n’en finissent pas de discrétion et de beauté, ses habitants aussi chaleureux et festifs. Et puis la mer ! La pulse, l’immense dame bleue. Elle est le miroir de toutes les émotions humaines mais elle en fait un spectacle somptueux ! Même quand je ne compose pas pour la mer, je m’aperçois que sa houle vient toujours bercer le rythme à la main gauche ou donner une touche discrète de celtitude à la main droite. Elle est faite de cycles tout comme nous et encore plus comme les femmes… Je pense qu’elle est partout en fait et qu’elle me constitue.
Breizh-info.com : Y a-t-il des représentations à venir dans les prochains mois ?
Cécile Seraud : Je sors mon premier album en pleine crise du covid. Certains me disent non sans sarcasme que c’est courageux. Ce n’est pas courageux, je n’ai pas le choix. Je commence donc avec quelques concerts privés qui m’aident à me faire la main.
Jouer en public est quelque chose de difficile et cela s’apprend. Comme je cherche à voir le positif en toutes circonstances, je dirais que Mr ou Mme Covid me permet de prendre le temps d’appréhender les futures situations de concert. Ce ne sont pas les idées qui manquent mais j’ai besoin encore de prendre confiance en moi.
Breizh-info.com : Hormis vous, quels artistes classiques recommanderiez-vous à vos lecteurs ?
Cécile Seraud : Tous les compositeurs classiques sont recommandables, à consommer sans modération !
Tous ceux que j’ai cités plus haut me touchent particulièrement, avec une petite insistance pour Olafur Arnalds. Son dernier projet est magnifique, Island songs, et je ne saurais que conseiller le sublime travail qu’il a réalisé en compagnie de Sara Ott au violon : « The Chopin Project ». J’ajouterais Ludovico Einaudi, et enfin, j’aurais envie que tout le monde écoute une fois dans sa vie « Le pêcheur de perles » de Bizet.
Propos recueillis par YV
Illustration : DR
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