En mars 2021, François Goulard, président du conseil départemental du Morbihan, rend son tablier. La retraite à 68 ans. Goulard est l’un des héritiers de Raymond Marcellin.
La carrière politique de François Goulard (ex-LR) va prendre fin en mars 2021. En effet le président du conseil départemental du Morbihan a annoncé qu’il ne sera pas candidat l’an prochain dans son canton de Vannes – 1. Ses raisons apparaissent simples : « Ça fera dix ans, dans quelques mois, que je préside le conseil départemental et je considère que c’est une durée raisonnable. Je pense qu’au-delà de dix ans, quelles que soient les fonctions, il faut savoir tourner la page. » (Dimanche Ouest-France, Morbihan, 13 septembre 2020).
Pratiquement jamais à Vannes…
Évidemment, certains soulignent la crainte de Goulard d’une éventuelle défaite. Bien que Vannes- 1 soit un canton en or, taillé sur mesure pour la droite, puisqu’il recouvre le quartier de l’hôtel de ville, il n’est pas certain que la façon de travailler de Goulard enchante l’électeur. Car il fonctionne comme Raymond Marcellin… Ce dernier vivait à paris (avenue de Latour Maubourg, dans un appartement loué par le conseil général du Morbihan, donc au frais du contribuable) et débarquait à Vannes un jour par mois. Goulard, lui, habite l’Ile–aux – Moines ; on ne le voit quasiment jamais à Vannes. Autant dire que le conseiller départemental de base a peu de chance d’approcher le « président ». Mais jouer au grand seigneur n’est pas forcément payant sur le plan électoral. François Goulard expliquait ainsi sa façon de procéder : « Je sors moins et la plupart du temps je suis à l’Ile-aux-Moines. Sans être méchant, beaucoup d’élus considèrent que leur fonction principale est la représentation plus que la gestion. Moi, je fais exactement le contraire. Mais je travaille. » (Dimanche Ouest-France, 7 octobre 2018). Avec de pareils propos, on ne se fait pas que des amis chez les « collègues » du conseil départemental…
Antisarkozyste acharné
Antisarkozyste acharné, Goulard expliquait volontiers qu’il n’était pas « le seul à penser du mal » de Sarkozy mais qu’il était « le seul à le dire » (Libération, 23/24 février 2008). On lui doit même cette formule piquante : « Sarkozy, c’est TF1. Il a fait de la politique un jeu télévisé et c’est lui qui présente le meilleur programme. » (Libération, 19 décembre 2007). Grâce à d’autres phrases de ce calibre, François Goulard reçut tout naturellement le prix de l’humour politique en 2012… Mais ces amusements ne lui permirent pas d’effectuer une grande carrière ministérielle ; il se contenta d’être ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche (2005 – 2007) et secrétaire d’État au Transport et à la Mer (2004 – 2005). Il joua sans succès plusieurs cartes : Dominique de Villepin, puis François Fillon, mais ces derniers n’étant pas parvenus à entrer à l’Élysée, les portes des ministères lui demeuraient fermées. Certes, il soutint Emmanuel Macron – « un homme de grande qualité » – (Dimanche Ouest-France, 7 octobre 2018 -, mais ce dernier oublie de faire appel au président du conseil départemental du Morbihan.
Partisan de la réunification
On ne peut pas dire que François Goulard ne se soit pas intéressé à la Bretagne. Il se serait bien vu à la tête de la liste de droite aux élections régionales de 2015, mais il échoua ; on lui préféra Marc Le Fur – son antisarkozysme lui a peut-être joué un mauvais tour à cette occasion. Il ne manquait jamais de prendre position en faveur de la réunification. Ainsi après avoir signé une déclaration : « C’est important car l’occasion de modifier les frontières ne se représentera pas. Ce n’est pas excessif de dire que c’est historique. C’est bien évidemment une question culturelle à ne pas négliger. Mais sur un plan pratique, cette réunification est une opportunité car elle permettrait des investissements régionaux plus importants. Aujourd’hui, le grand port breton, c’est Nantes – Saint-Nazaire. Mais actuellement, la région Bretagne n’investit pas dans cet équipement. Demain, elle le pourra ! En matière de recherche aussi, ce serait très important. Rennes et Nantes pourraient jouer la carte de la complémentarité. » (Ouest-France, Vannes, 21 – 22 février 2009).
À Locarn ?
Que va devenir François Goulard ? En apparence, il quitte la politique, mais peut-être pas totalement : « Je n’ai pas d’ambition qui me conduirait à d’autres mandats ou à d’autres élections. La politique m’a toujours intéressé et elle continuera à m’intéresser. Je ne dis pas que je me retire totalement de la politique, mais à partir du moment où je ne serai plus élu, ce que je vais faire ne regarde plus que moi. » (Dimanche Ouest-France, Morbihan, 13 septembre 2020). En clair, un job pourrait lui convenir. Une suggestion : devenir président de l’Institut de Locarn où rien ne va plus depuis un certain temps (l’époque Alain Glon n’a rien arrangé). Remettre de l’ordre dans la maison et apurer les comptes, voilà de quoi occuper François Goulard.
Bernard Morvan
Crédit photo : Reformeetmodernité/Wikimedia (cc)
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Une réponse à “François Goulard prépare sa reconversion”
Bonne décision il faut savoir se retirer
Bravo pour tes nombreux mandats tu as fait le boulot !!
Très amicalement Pierre