Né en 1972, Guillaume Bernard est un historien du droit et un politologue français, spécialiste de l’histoire des institutions françaises et des idées politiques et juridiques. Il est principalement connu pour sa thèse sur le « mouvement dextrogyre ». Docteur et habilité à diriger des recherches, il est maître de conférences à l’Institut Catholique d’Études Supérieures (I.C.E.S.). Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont le dernier, de 2016 : La guerre à droite aura bien lieu : le mouvement dextrogyre (Éd. DDB). Il a été l’une des chevilles ouvrières de l’« appel d’Angers pour l’unité de la droite », publié en 2018, dans l’hebdomadaire Valeurs Actuelles.
Lumières, libéralisme et modernité
Le déclin du christianisme au XXe siècle a créé un vide, rapidement comblé par les idéologies. On oublie souvent que le libéralisme constitue une des quatre grandes idéologies du XXe siècle parmi le communisme, le national-socialisme et le fascisme. L’idéologie libérale règne en maître sur nos institutions. Née au XVIIe siècle à la suite des guerres de religion, le libéralisme s’est imposé comme la seule issue possible au conflit. En prétendant neutraliser le domaine public, pour préserver l’État des guerres civiles religieuses, la doctrine libérale à inauguré un nouveau type de société dans laquelle coexistent deux sphères : la sphère publique, celle de la neutralité, et la sphère privée, celle des opinions individuelles. Désormais, ni l’Histoire nationale, ni les principes d’une civilisation, ni plus aucune coutume ou tradition ne sont légitimes pour fonder le droit.
Cette nouvelle doctrine, prétendument neutre, prévue pour éviter les conflits, laisse en réalité réapparaître le conflit sous une forme encore plus virulente. La société civile, d’autant plus dans le contexte de la mondialisation et du multiculturalisme, est en proie non seulement à une guerre des ego mais aussi à des conflits religieux, ethniques, communautaires et idéologiques. Les conflits ne sont pas résorbés, ils irradient la société toute entière en prenant de nouvelles voies. On ne lutte plus sur le terrain de la guerre physique, mais les armes ont seulement changé de nature : lobbying, campagnes médiatiques, propagande publicitaire, criminalisation des opinions, intimidations, dénonciations… Le neutralité n’existe pas, Héraclite le disait déjà dans l’Antiquité : le conflit est père de toute chose. La société libérale se présente comme la seule alternative pragmatique : « l’empire du moindre mal » pour reprendre le titre de l’essai du philosophe Jean-Claude Michéa mais en fait, elle repose sur l’hypocrisie, elle est la société du conflit larvé permanent.
Voici sa conférence donnée dans le cadre de l’UDT du mouvement Academia Christiana.
Illustration : DR
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