Camille Galic, journaliste pour le journal Présent, nous adresse un papier publié le 8 septembre dernier dans le quotidien. Nous le reproduisons ci-dessous (pour vous abonner à Présent, c’est ici).
Depuis au moins 2002, les propriétaires d’équidés sont confrontés en France à une série d’actes de barbarie visant leurs chevaux, qui sont retrouvés mutilés, l’oreille droite, un œil, la peau voire des organes ayant souvent été sectionnés cependant que la terreur et la douleur provoquées par ces amputations conduisent fréquemment à la mort par arrêt cardiaque de ces animaux ultra-sensibles.
Commandos de la mort
Cette année, à une cadence qui s’accélère, une vague de meurtres et de mutilations visant les chevaux est observée dans les campagnes françaises, de la Normandie, qui recense plus d’une centaine de haras et centres équestres, à la Provence, de l’Alsace à l’Aquitaine, et le phénomène semble se développer aussi en Allemagne — où plus de trois cents crimes semblables avaient été recensés dans les années 1980 et 1990. Il n’est pas besoin d’être une mère à chats ou un fanatique de la plus noble conquête de l’homme pour s’émouvoir de cette « mode », tant elle reflète l’ensauvagement de l’Europe… et peut-être certaines conséquences encore ignorées de la mondialisation des échanges, de biens comme de populations.
Le mobile des tueurs, qui semblent opérer comme de véritables commandos, reste inconnu. « C’est peut-être le résultat d’un challenge morbide sur internet, l’œuvre d’une secte, des vengeances dans le milieu équestre ou des actes de déséquilibrés ou peut-être un peu tout ça à la fois, les uns imitant les autres, portés par la médiatisation du phénomène. En tout cas, c’est forcément l’œuvre de plusieurs auteurs » estime le lieutenant-colonel de gendarmerie Éric Bayle, de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement, qui adjure les propriétaires de chevaux « de ne pas se faire justice eux-mêmes » mais d’« appeler le 17 » en cas de danger pesant sur leurs animaux… lesquels risquent fort d’être suppliciés en attendant les secours ! La piste sataniste est également avancée, bien que le fait de pénétrer dans un enclos et de mutiler un cheval ne constitue pas une pratique rituelle chez les adorateurs de Satan qui, à notre connaissance, ne sacrifient pas non plus de chevaux.
L’ombre du chamanisme sibéro-touranien
Ces mutilations suggèrent donc une autre hypothèse, dont les origines historiques et géographiques pourraient être très lointaines.
Le cheval, dont le symbolisme est complexe et multiple, peut ainsi être associé aux ténèbres du monde chthonien, en lien avec les divinités infernales ou telluriques.
Loin de la vogue néo-chamaniste New Age, des pratiques archaïques sont avérées en Asie centrale et par capillarité en Turquie. Surtout, à l’ère moderne, depuis l’éclatement de l’URSS et le pantouranisme d’Erdogan essayant par conséquence d’étendre son aire d’influence du Bosphore à l’Altaï, ce qui a attiré en Turquie nombre d’Asiates se répandant ensuite en Europe. Soit dit en passant, sait-on que le Xème arrondissement de Paris, cette « petite Turquie », abrite une discrète mosquée réservée aux natifs du Kazakhstan, ex-république soviétique qui, depuis son indépendance en 1991, travaille activement à la renaissance des traditions kazakhes ?
Or un ouvrage traduit en français fait référence à des rituels concernant les équidés : une épopée kirghize en vers, datant du IXe siècle et relatant les Aventures merveilleuses sous terre et ailleurs d’Er-Töshtük, le géant des steppes (éditions Gallimard/Unesco 1985). Er-Töshtük a perdu son âme, volée par le magicien Töshtük. Pour descendre dans les Enfers, son cheval magique lui demande, dans le cadre de rites initiatiques, de lui infliger des supplices à l’aide de son fouet en lui arrachant des morceaux de chair, ce qui permettra au géant des steppes de retrouver son entièreté.
Dans son livre de référence Le Chamanisme et les techniques archaïques de l’extase, recensement des pratiques chamanistiques dans différentes zones géographiques (éd. Payot, 1950, réédité en Payothèque), le grand historien roumain des religions Mircea Eliade (1907-1986) évoque également des pratiques chamaniques, parties des peuplements proto-sibériens toungouze, tchouktche, koriak, etc. et s’étant propagées par les Mongols dans toute l’Asie centrale, où des organes de chevaux sont mangés par les disciples anxieux de s’approprier la puissance et les vertus de l’animal.
Peut-on envisager cette piste concernant ces mutilations de chevaux ? Il faudrait alors que des membres — bien organisés — d’une communauté fortement implantée en France (ou d’ailleurs en Allemagne) recourent secrètement à ce type de rituels, dans le cadre d’un véritable « chamanisme noir », sans doute revisité par la modernité. L’enquête est ouverte, mais il existe forcément une logique derrière ces actes de cruauté apparemment irrationnels.
Camille Galic
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Quels barbares mutilent donc les chevaux en France ?”
[…] Au sujet des chevaux mutilés, une piste intéressante : http://www.breizh-info.com/2020/09/13/150333/quels-barbares-mutilent-donc-les-chevaux-en-france/ […]
Pourquoi chercher midi à 14 heures ? c’est le djihad du pauvre .