À Brest, le commissariat de la ville a été contraint de fermer dans la nuit du 31 août au 1er septembre. Une première résultant du manque d’effectifs policiers.
Le commissariat de Brest a dû fermer ses portes
S’il y a un service public qui doit fonctionner sans discontinuer à Brest, c’est bien le commissariat ! Les lecteurs de Breizh-info le savent mieux que quiconque, l’actualité policière est des plus riches dans la cité du Ponant. Entre agressions, trafics et violences en tous genres, les forces de l’ordre y ont fort à faire.
Mais cela n’a pas empêché le commissariat de Brest situé rue Colbert de fermer ses portes dans la nuit du 31 août au 1er septembre dernier. Pour une raison simple : le manque d’effectifs. Ainsi, à partir de 22 h 30, l’accueil du public a été fermé. Et ce, jusqu’au lendemain matin 5 h.
Une situation tout autant inédite qu’inquiétante que résume à la presse locale Gaël Adam, chef de commandement de nuit au commissariat et délégué SGP FO Police à Brest : « On n’a jamais vu cela dans une ville de 143 000 habitants […]. On est abandonné. Six de nos collègues assurent des transferts de détenus vers les hôpitaux. Il n’y a plus d’effectifs. Il ne nous reste plus que trois collègues en poste fixe. Nous sommes cinq au lieu de 12 habituellement. Nous sommes dans l’incapacité d’intervenir si quelque chose se produit, comme un délit ou un accident. Je ne peux pas mettre en danger mes hommes. Mieux vaut fermer l’accueil au public ».
Comment en-est on arrivé là ?
En clair, il valait mieux ne pas avoir besoin de recourir aux services de la police durant cette nuit de lundi à mardi à Brest, au risque de se voir adresser une fin de non-recevoir. Les équipes de la brigade anti-criminalité étant elles aussi en sous-effectifs. Une gestion en flux plus que tendus qui révèle les nombreuses limites d’un système cumulant des problèmes en chaîne : le transfert et la surveillance de détenus à l’hôpital effectués par certains policiers ce soir-là est une mission qui relève en principe de la pénitentiaire. Mais cette dernière manque elle aussi d’effectifs…
À la colère des policiers brestois, s’ajoute aussi de l’incompréhension puisque les commissariat de Rennes et de Nantes ont, dans le même temps, bénéficié de renforts de leurs effectifs avec respectivement 42 et 40 postes supplémentaires. Quant, à Brest, douze départs à la retraite durant ce mois de septembre ne sont pas remplacés. Ce n’est pourtant pas le travail qui manque dans la ville de François Cuillandre avec des délits de plus en plus nombreux. Les policiers locaux réclament pour leur part une vingtaine de renforts supplémentaires quand l’État n’en prévoit que sept à l’heure actuelle, selon Eric Kerbrat, le secrétaire du syndicat Unité SGP Police-FO Police pour le Finistère.
Fermeture du commissariat de Brest : le RN demande plus d’effectifs
Cette fermeture du commissariat brestois n’a pas manqué de susciter des réactions politiques, notamment de la part du Rassemblement national qui s’est fendu d’un communiqué de presse par l’intermédiaire de Gilles Pennelle, président du groupe RN au Conseil régional de Bretagne.
Le parti dénonce un « scandale incroyable » suite au « manque gravissime d’effectifs », ajoutant qu’il n’y avait qu’un seul « véhicule de police-secours disponible pour 143 000 habitants…on croit rêver ! »
Alors que « l’insécurité explose à Brest depuis des années (faux « mineurs » mais vrais délinquants étrangers, fusillades en plein jour, développement des trafics et des réseaux islamistes…) », le RN considère que « la sécurité des Brestois comme celle des policiers n’est tout simplement plus assurée ! ». Et rappelle que « depuis le quinquennat Sarkozy et ses 13 000 postes de policiers et gendarmes supprimés, l’abandon scandaleux et récurrent de nos forces de l’ordre nous met gravement en danger ! » alors que « la création de 15 000 postes est une nécessité absolue » selon Gilles Pennelle.
La réaction du maire de Brest
De son côté, le maire socialiste François Cuillandre a lui aussi réagi à la situation et dit « partager » la position des syndicats de policiers. L’édile compte écrire au ministre de l’Intérieur afin de savoir pourquoi Brest n’a pas bénéficié de renforts à la hauteur de ceux octroyer par l’État à Rennes et Nantes en invoquant le « principe d’égalité entre les villes ».
Par ailleurs, cette fermeture pose de nouveau sur la table de la mairie la question de la création d’une police municipale à Brest. Une idée à laquelle François Cuillandre est opposé et réaffirme : « Je ne reviendrai pas sur ma décision », arguant qu’une telle police n’est pas faite pour « lutter contre la grande criminalité ». Pour lui, « c’est à l’État de s’engager » car « la police nationale brestoise a besoin de renforts ». Sera-t-il entendu par Gérald Darmanin ?
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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