La grève générale comme dernière alternative pour alerter les autorités italiennes sur la situation ? C’est l’idée du maire de l’île de Lampedusa, submergée par les arrivées de migrants.
Lampedusa : une grève générale face aux flux de migrants
Lampedusa, île symbole de la pression migratoire extra-européenne sur notre Vieux Continent, n’en peut plus. Avec l’arrivée de 367 nouveaux migrants dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 août, c’est à une situation de saturation sans précédent qu’est désormais confronté le rocher italien coincé entre la Sicile et la Tunisie.
À tel point que le maire de Lampedusa, Toto Martello, a appelé, à travers un communiqué, à la tenue d’une « grève générale » sur l’île pour faire enfin réagir le gouvernement italien. Un gouvernement qui, selon l’édile, maintient un « silence effrayant » sur la question alors que le principal centre d’accueil pour migrants de Lampedusa est largement saturé avec environ 1 160 migrants abrités, soit dix fois sa capacité maximale. Le tout dans un contexte de crise sanitaire du Covid-19 qui complique encore les choses pour les autorités locales.
Si cela fait déjà de nombreuses années qu’élus et habitants de l’île se sentent abandonnés par Rome et Bruxelles face aux flux de migrants, c’en est cette fois trop pour eux. Le 31 août, une réunion devait ainsi voir le maire convoquer des représentants des associations professionnelles de l’île pour déclarer la « grève générale ». Toto Martello s’interroge par ailleurs sur l’efficacité des dispositifs de surveillance en mer : « Si un bateau de pêche de cette taille avec des centaines de personnes arrive ici et que personne ne le remarque, cela signifie qu’il n’y a pas de contrôles en Méditerranée. Mais que font les navires militaires ? Nous ne sommes pas en guerre, pourquoi ne sont-ils pas utilisés pour des interventions de sécurité en mer et pour transférer des migrants ? » La question est posée.
Un été de forte affluence à Lampedusa…
Si les îles grecques de la Mer Égée ont souvent occupé le devant de la scène médiatique durant un certain temps en matière d’arrivées de migrants par bateaux, la route de la Méditerranée centrale via l’Italie et Malte est toujours, elle aussi, bien active.
À Lampedusa, une vidéo choc tournée à la fin de ce mois de juillet 2020 montrait le débarquement de dizaines de migrants près d’une plage pleine de touristes atterrés, les clandestins prenant ensuite rapidement la fuite sans aucun contrôle.
Depuis, d’autres arrivées ont eu lieu sur l’île avec près de 500 migrants au titre du seul weekend dernier (comprenant les 367 évoqués précédemment) via une trentaine de petites barques, venues majoritairement des côtes tunisiennes.
À ce nombre, il faut aussi ajouter les 49 autres clandestins repêchés par le navire Louise Michel, affrêté par « l’artiste » Banksy, qui ont eux aussi été débarqués à Lampedusa ce même weekend…
Face à la saturation du camp d’hébergement, le maire de l’île dénonce également les difficultés de l’armée italienne à empêcher les migrants de s’en échapper et redoute ainsi une propagation du Covid-19 dans sa population. De son côté, le président de la région Sicile, Nello Musumeci, avait décidé de fermer par décret tous les centres d’accueil de migrants de Sicile (comprenant donc Lampedusa) voilà un peu plus d’une semaine en raison des risques sanitaires liés au coronavirus. Mais la justice italienne a rejeté l’initiative.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine