Yin- L’Occident comme cunicratie. Tel est le titre d’un ouvrage choc, signé Modeste Schwartz, paru aux éditions cultures et racines (pour le commander, c’est ici).
L’auteur de ce livre s’est fixé pour but de poser, en quelques réflexions, les bases d’une analyse planétairement valable d’un phénomène qu’il perçoit comme mortifère pour l’espèce tout entière : le féminisme comme nouveau paradigme axiologique.
Encore faut-il, pour ce faire, éviter aussi le piège du masculinisme – qui n’est que l’ombre portée du féminisme, et le corrélat non moins délétère du même déséquilibre ontologique. Lu dans un registre politique, ce livre, écrit par un ennemi irréconciliable du monde moderne, n’a donc pas pour but de prendre une quelconque revanche sur les femmes, mais de contribuer à la destruction la plus rapide possible du modèle occidental et de la société bourgeoise, en fournissant à la résistance un explosif susceptible d’ébranler l’un de ses principaux piliers : la cunnicratie, ou avènement du YIN.
Pour évoquer cet ouvrage, qui devrait susciter le débat, nous avons interrogé l’auteur.
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Modeste Schwartz : Oui, mais honnêtement, ça ne servira pas à grand-chose. Disons que j’ai fait des études assez prestigieuses, qui ne m’ont naturellement absolument pas préparé à reconnaître ou à dire le vrai (ce n’est plus leur fonction depuis longtemps), mais présentent un certain intérêt tactique face à la censure académique. J’ai, surtout, eu la chance de vivre à des endroits assez différents (il y a encore trente ans, j’aurais peut-être écrit « voyagé », mais le tourisme a désormais complètement périclité cette notion). Ceux qui voudront des détails (anonymisés, mais pittoresques) liront l’introduction autobiographique de YIN, si ça leur chante.
Breizh-info.com : Quel est le constat qui vous a amené à écrire Yin ? Qu’est-ce que la cunicratie ?
Modeste Schwartz : Le constat est tout autour de vous. C’est justement la raison pour laquelle vous ne le voyez plus. On peut pas comprendre ce qui nous comprend. Quand on vous explique que « 100% des femmes ont été agressées sexuellement », vous haussez probablement les épaules, en vous agaçant d’une « exagération ». Mais quand chaque année, puis chaque mois, et finalement chaque jour amène son « exagération », ça devrait quand même vous mettre la puce à l’oreille. Or non. La thérapie d’accoutumance a fonctionné. Cette piscine dans laquelle vous pensez nager, en fait, c’est une marmite. La grenouille de l’expérience, c’est vous.
Mais je veux répondre à votre seconde question. Et je le ferai en citant YIN, puisque j’ai poussé la désuétude jusqu’à définir les notions que j’emploie :
« La cunnicratie, ou dictature du con, n’est pas une gynocratie. Elle constitue une forme d’organisation sociale de la masse dominée, non un régime politique – et encore moins un trait marquant des véritables élites dominantes, qui puisent dans divers crédos ésotériques les moyens d’échapper elles-mêmes aux intoxications qu’elles propagent dans la masse hébétée de l’humanité.
La cunnicratie ne signifie donc pas le moins du monde qu’on trouverait une majorité de femmes au sommet de la pyramide sociale – bien au contraire : plus la modernité s’aggrave, plus on y trouve de mâles, d’une virilité certes dégénérée dans de multiples perversions, mais en aucun cas atteinte d’effémination. La cunnicratie constitue d’ailleurs un des piliers du pouvoir de ces grands prédateurs économiques et sexuels, dans la mesure où elle implique que la base de la société soit essentiellement constituée d’hommes dominés dans leurs aspirations, leurs goûts et leur culture, par un middle-management de femmes – garantie d’une plèbe féminisée, donc doublement soumise. Plus faciles à intimider et à manipuler, les femmes sont littéralement devenues les capos du Theresienstadt mondial : leur médiation permet au système de réaliser d’importantes économies de surveillance et de violence directe. En effet, quand on naît homme dans une société occidentale de la modernité tardive ou de la postmodernité, avant même de pouvoir envisager de s’affranchir du joug de la banque, il faut avoir secoué celui de son allié dans la place : la femme, cinquième colonne de la bourgeoisie. »
Breizh-info.com : Le féminisme, une idéologie mortifère selon vous. Voici qui pourrait choquer… alors qu’il n’a jamais été autant en vogue. Ne craignez-vous pas d’être accusé de misogynie, de détestation de la femme ?
Modeste Schwartz : J’espère bien choquer. Les gens (en gros, les mêmes) sont aussi très choqués quand vous leur dites que le « Covid19 » est une grippe (comme son nom l’indique). Au milieu du naufrage généralisé de la rationalité, l’énonciation de toute vérité devient forcément choquante (et, de plus en plus, dangereuse).
Quant à l’alternative « féminisme ou misogynie », c’est le fondement même de l’idéologie féministe. A commencer par l’idée qu’on pourrait « aimer/détester les femmes/les hommes », c’est-à-dire que « hommes » et « femmes » constituaient des peuples ou des classes sociales. La fausseté d’une telle approche a été largement dénoncée longtemps avant YIN. Mais j’irai plus loin : la véritable misogynie, c’est de chercher à saper la traduction culturelle de la sexuation humaine. Le féminisme fait de la femme « un homme comme un autre ». Aimer un être jusqu’à vouloir le priver de son essence, ça doit être le genre d’amour que le serpent éprouve pour la souris. A noter, néanmoins, que les souris continuent, en général, à éviter la proximité des serpents, alors que les femmes occidentales adorent le féminisme. Cela nous apprend que plus une espèce est culturelle, plus elle est exposée à un risque d’extinction par dégénérescence culturelle.
Breizh-info.com : Vous expliquez que le féminisme pourrait nous conduire, nous Européens, à notre perte, à une sorte de point de non-retour, pour quelles raisons ?
Modeste Schwartz : Précisons que je ne limite en rien ce constat à l’Europe. Il concerne l’Occident, qui constitue aujourd’hui la civilisation planétaire. Mais cette civilisation n’est bien entendu pas aussi « profonde » (pas aussi ancrée anthropologiquement) en tout point de son territoire (désormais global), si bien que sa zone de naissance est, naturellement, plus affectée en moyenne que des zones où sa présence est plus récente. Mais les exceptions sont nombreuses. Certains des phénomènes démographiques que j’évoque, par exemple, sont aujourd’hui encore plus marqués en Extrême-Orient (une copie récente, mais surdouée, de l’Occident) qu’en Europe.
Cette précision effectuée, le constat, c’est qu’on assiste, sur le plan démographique, à des phénomènes sans précédent dans l’histoire. Des phénomènes comparables ont pu se produire par le passé, à petite échelle, et a priori dans des cultures pratiquant peu l’écrit (étant donné qu’on n’en a conservé aucune trace). Mais, à l’échelle actuelle, c’est assurément inédit. Un exemple simple et parlant : la généralisation de ce qu’il est désormais convenu (par un délicieux euphémisme) d’appeler la « famille monoparentale » (tout comme les manchots deviendront tôt ou tard des « bien-portants unibras »). Regardez le nombre moyen d’enfants en « famille monoparentale ». Les conséquences sont si faciles à prévoir qu’il faut vraiment toute la mauvaise foi de la sociologie d’Etat pour ne pas les voir. Enfin, je suis peut-être un peu dur avec les sociologues. Au vu du comportement qu’on a entre-temps observé chez les médecins covidisés, il serait injuste d’insinuer que la prostitution du savoir se limite aux sciences sociales.
Breizh-info.com : Votre constat ne semble toutefois pas s’appliquer aux pays d’Europe centrale ou de l’Est – que vous connaissez particulièrement vous qui écrivez sur Visegrad Post – qui paraissent résister à cette « cunicratie », non ?
Modeste Schwartz : Pas du tout. Le constat s’applique tout aussi bien. Simplement, pas au même degré. L’erreur fondamentale des rêveries sur l’Europe de l’Est (parfois aussi dite « centrale », pour faire joli) qui ont cours dans les milieux « identitaires » d’Europe de l’Ouest, c’est de croire que l’Europe de l’Est est porteuse d’une dynamique propre. Rien de plus faux. L’Europe de l’Est est (comme le Maghreb ou l’Indochine) une périphérie de l’Occident global, qui se définit elle-même par le retard qu’elle constate (et déplore !) vis-à-vis du centre. Elle n’a pas encore assez de féminisme, et aspire à en avoir plus.
J’ai certes, à titre personnel, pu profiter (intellectuellement, et pas seulement !) de ce décalage géoculturel pour faire, il y a 10-15 ans, des expériences qui n’étaient plus possibles en Europe de l’Ouest – et ont d’ailleurs aussi cessé de l’être entre-temps là où je les ai faites. Là encore, je renvoie le lecteur à l’introduction autobiographique de YIN.
L’illusion est-européenne des milieux identitaires occidentaux est fondé (outre les fréquents souvenirs d’épisodes passablement avinés de tourisme sexuel déguisé en grande fraternité européenne) sur l’illusion plus générale de l’existence des nations. De ce point de vue, on argumente déjà plus à son aise en août 2020, après l’agenouillement total de presque tous les gouvernements « nationaux » de la planète devant le Gouvernement Mondial covidien. Gouvernement mondial dont les anciens « Etats-nations » sont aujourd’hui – à l’exception provisoire de la Biélorussie – des gouvernorats, indépendamment des idéologies censées inspirer les leaders desdits gouvernorats. Le modèle s’est simplifié par disparition des centres secondaires. De ce point de vue, nous sommes désormais tous des européens de l’Est. Une raison de moins de s’intéresser à ces marges mythifiées peuplées des vieux et des ratés qui n’ont pas eu le temps d’émigrer.
Breizh-info.com : Finalement, le mouvement qui consiste aujourd’hui à séparer l’individu de son sexe, n’est-il pas simplement le fruit de quelques cerveaux malades, et ultra-minoritaires, nichés en Occident ?
Modeste Schwartz : Pas du tout. YIN sert au contraire justement à démontrer que ce mouvement est inscrit dans la logique même de l’Occident. Même si ma perspective philosophique n’est pas exactement celle d’Oswald Spengler, en l’occurrence, on peut reprendre ses catégories : il y a mille ans, certes, l’Occident était encore, pour l’essentiel, une idée folle, « fruit de quelques cerveaux malades, et ultra-minoritaires » – ces cerveaux qui, sous couvert de « théologie rationnelle », ont naturalisé Dieu. En d’autres termes : la scolastique. Naturalisé, Dieu cesse d’être un patriarche. Il n’est plus « le grand ancêtre ». Et se dissout très vite dans la nature, d’où il ne réapparaît qu’à titre d’idée : le Dieu logique de Descartes et Spinoza. Et le sujet de cette « saisie de Dieu », c’est-à-dire le sujet du cogito, est un sujet hors-sol, hors-espèce, prêt pour le transhumanisme depuis le XVe siècle au plus tard. A la différence du logos grec, le cogito n’est pas sexué. C’est l’invention de « l’humain général », idée chrétienne devenue folle, qui n’est « ni homme ni femme ». Saint-Anselme contient, en germes, toute l’idéologie LGBT.
En ce sens, c’est un peu trop simple de mettre tout de go au compte de « réseaux » et « d’infiltrations » (au demeurant souvent réels) la malveillance que nourrissent envers l’Islam les « amoureux de l’Occident » actuels. Une fois qu’on comprend que ce que Spengler (mû par une pudeur bien compréhensible au début des années 1920) appelle « culture arabe » est en réalité le christianisme ; une fois qu’on se souvient que l’acte d’inauguration de la culture occidentale est une croisade qui commence par le sac de Constantinople…
Et, encore une fois, l’Occident est aujourd’hui une forme-monde. Les leaders « non-alignés » qui, sur d’autres continents ou des parties culturellement périphériques du même continent, semblent parfois s’en prendre à l’Occident sont, dans leur contexte culturel local, presque toujours des occidentalistes acharnés, et souvent d’anciens agents de l’Occident, qu’il a rebiffé par son style colonial parfois pataud. YIN est, à ma connaissance, le premier livre véritablement anti-occidental écrit au XXIe siècle.
Breizh-info.com : Avez-vous d’autres projets littéraires actuellement ?
Comme beaucoup de plumitifs (c’est assez banal par les temps qui courent), j’ai, moi aussi, couché sur le papier quelques idées à propos du putsch planétaire en cours sous le nom de code de « pandémie ». Elles pourraient éventuellement intéresser un éditeur. Auquel cas, si (chose encore moins probable) l’apparente et fort relative liberté d’expression actuelle perdure jusque-là, cela pourrait, en effet, déboucher sur un nouveau livre de Modeste Schwartz. Comme les jours de son espèce à lui (Sapiens Sapiens) semblent comptés, il ne poussera pas l’affection pour les autres espèces jusqu’à déplorer de cette menue contribution à la déforestation globale. Je souhaite, cela dit, bonne chance à nos cousins les mammifères.
Breizh-info.com : D’autres livres que vous conseilleriez afin de compléter le vôtre ?
Au risque de surprendre vos lecteurs, les auteurs que je mentionnerais ne relèvent pas de la « littérature de spécialité sur le féminisme et les rapports entre les sexes » – littérature que je connais en partie, mais qui m’a semblé suffisamment inutile pour que j’éprouve le besoin d’écrire YIN.
Une culture générale philosophique aide très certainement à comprendre YIN – ou du moins, peut inhiber la multiplication des malentendus à 180 degrés : Debord (et le collectif TIQQUN), Guénon (avant Evola !), Spengler, Heidegger, Boutang… Je conseille aussi vivement la lecture de Propaganda d’Edouard Bernays, qui est, à mon sens, le véritable manifeste du féminisme (celui qui permet de comprendre, sous ce que le féminisme dit, ce que le féminisme fait – et à quoi il sert…), tout en aidant aussi à comprendre comment s’est formé le know-how médiatique mondialiste qu’on voit en ce moment même travailler à son chef-d’œuvre indépassable : la « pandémie ».
Propos recueillis par YV
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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