La fontaine monumentale de la place Royale, inaugurée en 1865 est l’œuvre de l’architecte voyer de Nantes, Henri-Théodore Driollet. Les statues en bronze représentent la Loire et ses affluents et celle en marbre blanc qui les surmonte personnifie la ville de Nantes. Fruit de maîtrises techniques et de talents esthétiques, la réalisation constitue ainsi une œuvre d’art au vrai sens du terme. Il s’agit d’un chef d’œuvre d’équilibre et de grâce, élément du patrimoine nantais qui anime harmonieusement l’une des places les plus fréquentées de la ville.
Depuis quelques jours, la fontaine monumentale est affublée d’une sculpture au caractère esthétique très discutable, représentant en son sommet un sexe féminin rejetant son « jet d’urine ». Le spectacle rendu est à la fois étonnant, provoquant et quelque part révoltant. On assiste à une sorte de profanation : la « dame pipi » prend le pas sur la « ville de Nantes ». L’auteur, Elsa Sahal, prétend ainsi défendre l’égalité des sexes et montrer que « dans le flux continu du jet d’urine, il y avait l’idée que les petites filles aussi peuvent pisser dru, loin, et continûment. Et que cela, de façon ironique, peut se produire dans l’espace public où seules les urines masculines sont admises ! » Tout un programme ! Mais pourquoi s’approprier cette fontaine comme support pour exposer ce « jet d’urine » ?
Quel message la ville de Nantes adresse aux passants, habitants ou touristes, adultes ou enfants ? – la valorisation de la femme par le sexe et l’urine ? – la promotion de la culture par la laideur et le vulgaire ? – le divertissement par la provocation ?
Comment ne pas y voir le signe d’un dérèglement de responsables de la culture qui confondent les « beaux arts » avec « l’art de la provocation ».
Les Vielles Maisons Française association reconnue d’utilité publique ont pour vocation de contribuer à la défense du patrimoine bâti et paysager ; depuis plus de 60 ans, forte de 18000 adhérents en France, l’association agit pour le faire découvrir et le soutenir. Les VMF développent également auprès des écoles avec le soutien du ministère de l’Education Nationale, des actions pédagogiques permettant chaque année de transmettre avec succès à des milliers de jeunes le goût du patrimoine.
En tant que délégué des VMF de Loire-Atlantique, je tiens à dénoncer avec vigueur cette pratique qui consiste à s’approprier un monument patrimonial public pour exposer des œuvres anachroniques ou exprimer des revendications à caractère idéologique.
François Hélie de La Harie
Délégué des VMF de Loire-Atlantique Août 2020.
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