En accordant aux producteurs de betteraves l’autorisation d’utiliser de nouveau les néonicotinoïdes, le ministère de l’Agriculture a déclenché la colère des apiculteurs, entre autres, inquiets face au retour de ces insecticides…
Le retour des Néonicotinoïdes en France
Les néonicotinoïdes suscitent de nouveau la colère des apiculteurs et des associations de défense de l’environnement. Il s’avère en effet que le gouvernement a décidé d’autoriser les agriculteurs de la filière de la betterave à utiliser dès 2021 ces insecticides faisant des dégâts collatéraux, à commencer par les abeilles.
L’annonce a été formulée le 6 août dernier tandis que les néonicotinoïdes en question ont été interdits en 2018. Pour justifier cette autorisation exceptionnelle, le gouvernement explique qu’il s’agit de soutenir la filière sucrière, impactée par la jaunisse de la betterave. La dite filière, premier producteur de sucre européen, concerne 46 000 emplois…
Insecticides : l’ONG Terre d’Abeilles réagit
Du côté des associations de protection écologistes, l’heure est à la réaction. Pour sa part, l’ONG Terre d’abeilles, engagée dans la protection des insectes pollinisateurs, vient d’envoyer une lettre ouverte au ministre de l’Agriculture pour dénoncer cette autorisation des néonicotinoïdes, qui s’attaquent au système nerveux des insectes.
Au ministère de la Transition écologique, Barbara Pompili a indiqué que la réautorisation d’un insecticide pour la culture des betteraves était une « décision difficile à prendre » mais nécessaire pour préserver la filière à court terme. Selon la ministre, à défaut de solution d’ici six mois, « il n’y aura plus de filière sucrière en France ».
Les néonicotinoïdes faute de solution à court terme ?
La modification législative prévue pour l’automne prochain, si elle devrait prendre effet en 2021 en permettant l’utilisation de ces néonicotinoïdes, ne devrait pas excéder 2023.
Durant ce laps de temps, les autorités prévoient d’imposer des « conditions strictes » d’usage quant à l’enrobage des semences de betteraves par cet insecticide. La faute à l’absence de solution plus écologique à court terme d’après Barbara Pompili, regrettant que la loi bioversité de 2016 interdisant les néonicotinoïdes n’ait pu être appliquée faute de « mesures claires » : « Comme il n’y a pas eu assez de recherches, assez d’alternatives, aujourd’hui on est dans le mur ».
Une fatalité que réfute pour sa part l’ONG Terre d’Abeilles dans sa lettre ouverte : « L’argument présenté par les betteraviers qu’ils ne disposeraient d’aucune alternative aux insecticides néonicotinoïdes est fallacieux, vous ne pouvez pas l’ignorer. Il existe d’autres produits homologués pour lutter contre le puceron de la betterave. L’ANSES l’a confirmé dès 2018 dans un avis rendu sur les néonicotinoïdes : il n’y a pas d’impasse technique pour cette culture. »
S’il aura fallu 20 ans pour obtenir l’interdiction des néonicotinoïdes suite à la démonstration scientifique de tous leurs effets néfastes sur les abeilles mais aussi sur l’environnement en général, les apiculteurs et les associations écologistes dénoncent les pressions du « lobby sucrier » tandis que les apiculteurs n’ont pas été consultés avant cette décision d’autorisation des néonicotinoïdes. Un coup dur supplémentaire pour une filière déjà fragilisée.
AK
Crédit photos : DR (photo d’illustration)
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