Encore en retard sur Nantes (26 fusillades au dernier décompte, le 29 juillet dernier), Saint-Nazaire continue de rattraper activement la capitale bretonne, avec ce qui devient une spécificité locale : plusieurs épisodes dans la même soirée, à travers les quartiers dits « sensibles » de la ville. Deux fusillades ont ainsi éclaté le 30 et 31 juillet dernier, à Plaisance et au Petit Caporal ; les deux fusillades ont fait deux blessés dont une fillette de 12 ans.
A l’angle des rues Laennec et Mozart, à Plaisance, un homme de 27 ans a été touché le 30 juillet par neuf balles vers 19h40 par une rafale d’arme automatique; il a été hospitalisé dans un état grave, mais ses jours ne sont pas en danger. La victime est très défavorablement connue des forces de l’ordre et venait de sortir de prison ; le motif de sa dernière interpellation était la possession de quatre pistolets semi-automatiques Glock.
Les coups de feu ont été tirés depuis une voiture ; le tireur présumé est en fuite, mais les policiers ont réussi à saisir une BMW aux abords immédiats des coups de feu. Le tireur, torse nu, a été vu par les riverains, l’arme à la main, près du lieu de la fusillade ; il était accompagné par un complice, lui aussi en fuite.
La suite de cette fusillade a lieu dès le lendemain au Petit Caporal, rue Gutenberg : une voiture appartenant à un membre de la famille de la victime de la veille est cible d’au moins cinq tirs ; à l’intérieur, une fillette de 12 ans est blessée au mollet par une balle perdue. Dans la soirée, d’autres détonations – sans que l’on sache s’il s’agit de pétards ou de fusillades – ont été entendues aux abords des quartiers « sensibles » nazairiens.
L’enquête relie les fusillades aux réglements de comptes en lien avec un trafic de stupéfiants toujours plus actif à Saint-Nazaire, y compris au cœur du centre-ville où plusieurs places ont été abandonnées par la municipalité PS aux dealers. Ce qui n’a pas empêché le maire ex-PS David Samzun de déclarer « il faut absolument que cesse cette violence autour des trafics de drogue à laquelle nous assistons depuis plusieurs soirées ».
Dans un communiqué, l’ex-élu d’opposition et chef de file de la liste RN au 1er tour des municipales 2020 Gauthier Bouchet a réagi sur cette multiplication des tirs : « Les faits-divers d’insécurité progressent encore à Saint-Nazaire. Les tirs d’armes à feu, exceptionnels jusqu’à l’an dernier, semblent désormais devenir une généralité. […] ces derniers jours, des tirs ont éclaté, successivement à la Bouletterie, la Tréballe, Plaisance, puis au Petit caporal. Cette hausse spectaculaire de l’insécurité doit poser question aux Nazairiens. Veulent-ils que leur ville reproduise les pires pages de La France Orange mécanique, cet essai lucide avant l’heure, documentant l’ensauvagement de notre pays ? ».
Le maire a aussi appelé le ministre de l’Intérieur à renforcer les effectifs policiers… alors qu’il ne s’est guère étendu sur sa gestion de la police municipale. Il y a de quoi : entre départs d’agents, services qui sonnent creux et caméras de vidéo-protection hors-service ou qui tournent le dos aux points de deal, les nazairiens ont de quoi se demander si leur « bon maire » s’occupe vraiment de leur (in)sécurité.
Louis Moulin
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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