Le 12 juillet, une date sacrée pour les loyalistes et les orangistes à travers l’Irlande du Nord, qui célèbrent chaque année la victoire sur les armées catholiques lors de la bataille de la Boyne. Oui mais voilà, cette année, The Twelfth comme il est communément appelé en Ulster, devait ne pas se dérouler du tout, en raison de la pandémie de Covid-19.
Les principales organisations orangistes (Ordre d’Orange, Apprentice Boys of Derry) ont en effet annoncé depuis plusieurs mois déjà l’annulation des festivités, tandis qu’à Belfast et dans la plupart des bastions loyalistes d’Ulster, les marches du 12 juillet ainsi que les bonfires (feux de joie) du 11 juillet au soir ont été annulés (ou interdits par les autorités). Néanmoins, il subsiste dans plusieurs endroits des réfractaires aux directives, qui souhaitent malgré tout défiler le 12 juillet.
Ainsi, la commission des défilés – qui gère les demandes et les dépôts de marche (voir le site Internet) – a reçu des dépôts récents en prévision de la date fatidique, et s’attend à en recevoir d’autres, surtout après que Michelle O’Neill, membre du Sinn Féin et vice-premier ministre de l’Irlande du Nord, ait fait une apparition très médiatisée lors des funérailles publiques de Bobby Storey, vétéran de l’IRA décédé et enterré cette semaine au cimetière de Milltown, à Belfast, devant une foule massive malgré les recommandations de ne pas s’y rendre (pandémie oblige) des autorités. Ce sont ainsi des milliers de Républicains qui ont bravé l’interdiction pour rendre un dernier hommage à ce soldat de l’IRA, dans l’ouest de Belfast.
Une photo postée sur les médias sociaux, montrait Michelle O’Neill, faisant un selfie aux côtés de deux hommes, durant les funérailles.
Il est certain que si le vice-premier ministre ne montre pas l’exemple, la communauté opposée ne risque pas de se conformer aux mesures sanitaires en vigueur. Des politiciens rivaux ont d’ailleurs demandé à Mme O’Neill de démissionner après qu’elle ait été accusée d’avoir enfreint la réglementation sur les coronavirus qu’elle avait précédemment approuvée.
Arlene Foster Premier ministre unioniste d’Irlande du nord, qui lui a demandé de s’excuser, a toutefois exhorté les loyalistes à respecter les règles en expliquant que « deux maux ne font pas un bien ». Pendant ce temps, la commission qui gère les défilés a vu les annonces se multiplier, et notamment, non pas pour le 12 (où les interdictions de manifester sont tombées) mais pour le 13 juillet. Dans chaque cas, il s’agit d’une parade annoncée avec un maximum de 30 participants.
Par ailleurs, dans quelques quartiers d’Irlande du Nord, certaines communautés ont annoncé faire un bonfire pour la nuit du 11 juillet, tandis que les autorités ont multiplié la « chasse aux palettes », afin de s’assurer qu’aucun gros brasier ne serait mis en oeuvre cette année, pour des raisons sanitaires.
Mercredi, l’ordre d’Orange a réaffirmé sa position selon laquelle les parades du 12 juillet n’auraient pas lieu cette année, tout en indiquant être consciente des demandes de certains groupes à pouvoir défiler au sein de leur communauté afin de divertir les gens dans leurs jardins et à leurs portes d’entrée. En début de semaine, le Belfast Telegraph a révélé que le procureur général avait informé la commission du fait qu’il n’avait pas le pouvoir d’empêcher les défilés d’avoir lieu.
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