Les identités unionistes et nationalistes se sont renforcées à l’approche du Brexit, selon une nouvelle enquête de grande envergure menée conjointement par l’Université Queen’s de Belfast et de l’Université d’Ulster. Une enquête paru post Brexit donc, qui a révélé que 59 % des catholiques se décrivaient comme nationalistes l’année dernière, alors qu’ils n’étaient 50 % en 2018.
C’est le chiffre le plus élevé de toutes les enquêtes du Northern Ireland Life and Times (NILT) depuis 2003. Et 71 % de ceux qui se déclaraient nationalistes disaient l’être fortement, contre 61 % en 2018. Ce chiffre est plus élevé que jamais, selon les auteurs du rapport.
Deux tiers des protestants (67 %) se disaient comme unionistes, contre 55 % en 2018, dont deux tiers comme radicalement unionistes, contre 64 % en 2018.
Cependant, malgré la progression du sentiment nationaliste dans la communauté catholique, le sondage n’a pas montré une augmentation significative du soutien à l’unité irlandaise. Seulement 22 % des sondés souhaitent la réunification à long terme, contre 44 % qui soutiennent le statu-quo actuel ; seuls 16% des sondés soutiennent par ailleurs la gestion directe de l’Ulster par Londres, comme c’est parfois le cas lorsqu’il devient impossible de trouver un gouvernement d’union en Irlande du Nord.
L’enquête du NILT a consisté en 1 200 entretiens en face à face dans toute l’Irlande du Nord de septembre 2019 à février 2020. Les co-auteurs, le Dr Katy Hayward et Ben Rosher, notent qu’il ne s’agissait pas d’une étude électorale.
« Par rapport aux résultats des élections, les partisans du Sinn Fein sont sous-représentés et ceux du Parti de l’Alliance (unionistes) sont sur-représentés dans notre échantillon pondéré et nous devons garder cela à l’esprit dans notre analyse », ont-ils déclaré.
L’enquête a révélé que les sondés étaient plus nombreux à se considérer comme « ni unionistes ni nationalistes » qu’à s’identifier à l’une ou l’autre de ces deux traditions. Toutefois, avec 39 %, il s’agit d’une baisse de 10 points par rapport à 2018, et les auteurs ont indiqué qu’il s’agissait du chiffre le plus bas depuis 15 ans.
Un tiers des personnes (33 %) se sont identifiées comme unionistes, contre 26 % l’année précédente. Un peu moins d’un quart des personnes (23 %) se sont identifiées comme nationalistes, soit une légère hausse par rapport aux 21 % de 2018.
30% des sondés pensent qu’une Irlande unie est probable dans les vingt prochaines années, tandis que 46 % pensent que c’est peu probable. Les auteurs ont déclaré que cela ne représentait aucun changement par rapport à 2018. Près des deux tiers des unionistes (62 %) considèrent qu’une Irlande unie est peu probable d’ici 2040, contre 37 % des nationalistes.
Le soutien nationaliste à l’unité irlandaise est passé de 50 % à 69 % en 2019, selon l’étude. Alors que 77% des nationalistes pensent que le Brexit a rendu l’Irlande unie plus probable, seuls 2% des unionistes disent que cela les a rendu favorables à l’unité irlandaise, et seulement 22% disent que cela a augmenté cette possibilité.
Concernant le type de gouvernement en Irlande du Nord, la forme actuelle (gouvernement d’union) est celle qui suscite le plus d’adhésion. En effet, 42% des personnes ici présentes pensent que Stormont (le Parlement nord-irlandais) devrait avoir plus de pouvoirs qu’il n’en a actuellement et devrait être « responsable de toutes les décisions ». 16 % des personnes interrogées se sont déclarées favorables au maintien de l’équilibre actuel des pouvoirs, Westminster et Londres conservant les pouvoirs de décision en matière de fiscalité, de prestations, d’immigration, de défense et d’affaires étrangères. Seule une personne sur dix a déclaré qu’elle aimerait voir Westminster prendre toutes les décisions pour l’Irlande du Nord.
Plus des deux tiers des personnes ont estimé que l’accord du Vendredi Saint (voir ici le contenu de l’accord) restait « la meilleure base pour gouverner l’Irlande du Nord ». Mais les catholiques sont plus nombreux à dire que l’accord ne devrait pas être modifié – 39% contre 31% des protestants.
Enfin, 14% des protestants interrogés estiment que cet accord n’a rien amené de bon, contre 4% des catholiques. Un nombre presque identique de catholiques et de protestants ont estimé que l’accord devait « subir quelques changements pour mieux fonctionner ».
Illustration : DR
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