Un ex-policier de Seine-Saint-Denis : « Les armes que vous avez vues à Dijon circulent déjà en nombre dans toutes les banlieues de France »

Les affrontements ethniques entre Tchétchènes et dealers maghrébins autour d’une cité à Dijon n’en finissent pas de faire couler de l’encre. Les pouvoirs publics eux, d’habitude prompts à communiquer dans tous les sens, s’humilient par leur inaction. Lundi soir encore, des échanges de tirs ont eu lieu tandis que seuls les Tchétchènes sont montrés du doigt par la presse mainstream qui n’évoque que très peu les dealers de Dijon, responsables de la situation, et leurs origines.

Mais ce qui a particulièrement choqué et tourné sur les réseaux sociaux, ce sont les armes, factices et réelles, vues sur les vidéos circulant sur Internet. Un revolver de calibre 357 magnum, des Kalachnikovs (dont au moins une pas factice en entendant le bruit des tirs), un fusil à pompe, un nombre incalculable d’armes blanches, et même ce qui ressemble à de l’explosif tenu en main par un individu cagoulé.

Une scène de guerre donc, qui a nécessité l’intervention, timide, du RAID, les policiers traditionnels n’étant pas formés ni habilités à faire face à des armes de guerre (et dire que Jean-Luc Mélenchon veut les désarmer…). Timide, car les éléments porteurs d’armes de guerre n’ont pas été physiquement neutralisés comme cela aurait pu être le cas dans d’autres pays où force revient à la loi. Les autorités sont paralysées par la peur de la bavure, de l’émeute, de la révolte des banlieues, et le discours tenu par le maire de Dijon, François Rebsamen, est typique d’un élu en place depuis des décennies sur la scène politique, en partie responsable de la situation actuelle, et qui ne parvient manifestement pas à comprendre ce qu’il se passe et pourquoi la situation lui échappe totalement…

L’un de nos contacts, policier à la retraite qui a travaillé pendant plus de dix ans en Seine-Saint-Denis jusqu’en 2016, a lui aussi visionné les images. Et il n’est pas surpris de ce qu’il a vu. « Aucun collègue, aucun homme honnête présent sur le terrain y compris les élus, ne peut s’étonner de cela. Les armes que vous avez vues à Dijon circulent déjà en nombre dans toutes les banlieues de France. Et ceux qui les possèdent sont prêts à s’en servir en cas de nécessité ».

Mais alors que faire ? « À ce niveau-là, ce n’est plus du ressort de la police nationale. Nous ne sommes pas équipés pour faire face à des kalachs ou à des armes lourdes » nous dit-il, tout en ironisant : « On veut déjà nous interdire les techniques d’étranglement… vous pensez sérieusement qu’on va se risquer à aller dans ces zones ? ». Alors qui pour faire le travail de maintien de l’ordre et de protection des citoyens qui résident dans ces quartiers ? « À l’heure actuelle, ce sont ces groupes qui font la police et qui sécurisent les lieux. C’est aussi pour ça que lorsque l’un d’entre eux fait une chute à scooter et qu’on accuse la police, tout le quartier se mobilise. Les familles vivent de l’argent sale, et sous la pression permanente des chefs de gangs, et ça remonte parfois jusqu’aux élus, c’est aussi pour ça qu’il y a une forme d’omerta autour de la question des banlieues ».

Notre contact n’imagine pas une seule seconde que l’Armée puisse être déployée : « Ils ne sont pas formés pour cela, hormis certaines unités spéciales » et selon lui « cela ne ferait que faire monter la pression encore plus ». Alors, comment mettre fin à cela ? « Au point où on en est, c’est quasiment impossible. Les gens ne s’en rendent pas compte, mais ces quartiers ont fait quasi sécession. Dans le quartier des Grésilles par exemple, vous avez un quartier dans le quartier, les collègues n’y vont déjà plus. Vous trouverez dans ces quartiers des gamins qui n’ont rien à perdre, qui sont prêts à mourir pour 1000 balles. C’est trop facile d’aller jouer les guerriers, de critiquer les forces de l’ordre et de dire il faudrait que… mais qui concrètement est prêt à mourir pour un SMIC aujourd’hui ? Ou même pour deux SMIC avec le crachat dans la figure en supplément ? Pas moi, en tout cas. »

Pour lui la solution est ailleurs, et se situe au niveau politique : « Plutôt que d’arroser à coup de millions comme ils le font depuis des années, pour rien du tout, il faut au contraire assécher ces quartiers en argent. Plus d’aides sociales, plus de services, plus de médiathèques, rien. Proposer aux familles qui veulent s’en sortir de quitter le quartier, trouver des solutions de relogement, et abandonner à leur sort ceux qui ont fait sécession. Ils ne tiendront pas longtemps comme ça, et en dehors de leurs quartiers, ils sont perdus, ils ne sont plus rien ». 

Et la question de l’immigration, puisqu’en l’occurrence, ceux qui font régner la terreur dans les quartiers sont, pour beaucoup, des extra-Européens ? « Il faut déjà arrêter de continuer à faire entasser des gens dans ces quartiers. Si vous additionnez de la misère à de la misère, vous n’obtiendrez jamais rien de bon, encore plus s’il y a une notion communautaire là-dedans. Pour le reste, c’est aux politiques de fermer les frontières au moins un bon moment que tout cela se calme, on l’a bien fait avec le virus non ? »

Puisse ce policier, qui n’est sûrement pas une voix isolée parmi les siens comme parmi les citoyens, être entendu par les autorités, alors que le pays semble en proie à une escalade… direction la guerre civile ?

Illustration : DR
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