Le 10 mai, malgré le confinement, la repentance était de rigueur pour la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, un projet porté par Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice. Le Premier ministre français Édouard Philippe a déposé une gerbe devant le monument dédié aux esclaves des anciennes colonies françaises.
Ce dernier n’a toutefois pas poussé le bouchon jusqu’à se fouetter en public, histoire de poursuivre le travail de honte mémorielle imposé à nos enfants à l’école, afin qu’ils apprennent à se détester et à détester qui ils sont dès le plus jeune âge.
À l’occasion de ces commémorations, pas un mot toutefois sur une traite qui concerne pourtant les ancêtres de nombreux habitants des métropoles françaises notamment : la traite arabo-musulmane. L’Afrique a en effet connu des traites tout aussi violentes et dévastatrices que la traite transatlantique. Il s’agit des traites orientale et transsaharienne, organisées par les Arabes, pendant treize siècles sans interruption. Nous l’avions déjà évoqué avec Bernard Lugan ici.
L’anthropologue Tidiane N’Diaye l’évoque d’ailleurs dans son livre Le Génocide voilé, une enquête historique sur cette traite, passée sous silence en France alors qu’elle constitue sans doute la partie majeure de l’esclavage.
Cette étude éclaire un drame passé à peu près inaperçu : la traite des Noirs d’Afrique par le monde arabo-musulman. Cette traite a concerné dix-sept millions de victimes tuées, castrées ou asservies, pendant plus de treize siècles sans interruption. Les razziés étaient contraints de traverser le désert à pied pour rejoindre le Maghreb, l’Égypte ou la péninsule arabique via Zanzibar, par bateaux…
Pourtant, cette traite négrière a été minimisée, contrairement à la traite occidentale vers l’Amérique. Pourquoi ? Parce que seule la conversion à l’islam permettait d’échapper à l’esclavage, mais n’a pas épargné les Noirs. Toutefois, de nos jours la majeure partie de l’Afrique est devenue musulmane, d’où une forme de fraternité religieuse entre le côté « blanc » et le côté « noir » du continent, et une volonté commune de « voiler » ce génocide. Un livre polémique et courageux.
La traite arabo-musulmane que l’anthropologue Tidiane N’Diaye qualifie de « génocide de peuples noirs », serait selon lui, en partie à l’origine de la pauvreté, de la longue stagnation démographique et du retard de développement actuel que connaît l’Afrique.
Revoir son passage en 2017 sur Cnews :
https://www.youtube.com/watch?v=zgUGNdXOjC8
Mais également un passage sur France Ô, ici :
Un autre reportage ici :
Aujourd’hui on estime que près de 40 millions de personnes dans le monde vivent encore en esclavage, dont une partie en Afrique.
« Quand on monte à l’arbre il faut avoir le cul propre. »
Photo : DR
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