Depuis la semaine dernière, les laboratoires SANOFI sont encensés, par le ministre de la Santé Olivier Véran au sujet de l’hydroxychloroquine qu’ils fabriquent et dont il est objectivement encore bien difficile de savoir si elle peut être efficace sur le coronavirus, et plus récemment par TF1 au sujet de son site de production de paracétamol de Compiègne.
Toujours la comm’.
La peur engendrée par la crise sanitaire et son traitement médiatique contribuent à refaire une virginité à un laboratoire national.
Les propos d’un ministre français concernant une entreprise française sont surprenants à plusieurs titres.
Nous sommes habitués à des gouvernements qui sabordent, délocalisent et bradent l’économie française, les Français étant connus pour se tirer une balle dans le pied dès lors qu’il s’agit de défendre leurs intérêts en Europe, ce qui amuse certains fonctionnaires étrangers des instances européennes. D’habitude, nos dirigeants semblent phobiques de toute tendance protectionniste (nos gouvernements ne seraient-ils pas maîtres chez eux ?), le protectionnisme appartenant pour la France à une époque révolue où elle était avec Colbert la première puissance mondiale.
Ces publicités aux allures d’élan humaniste et patriotique et d’effort de guerre occultent une triste réalité.
Depuis plus d’un an, nos pharmacies subissent des difficultés d’approvisionnement en valproates produits par SANOFI, famille d’antiépileptique et de régulateur de l’humeur, dont le dépakote qui est un des deux traitements de référence des maladies bipolaires.
Le démarchage des fournisseurs par les pharmaciens est chronophage, pourrait occuper parfois jusqu’à 40 % de leur temps, et pas une semaine sans que nous, médecin déjà surchargé, ne soyons rappelé par des pharmacies en quête de solution avec des équivalences qui n’en sont strictement pas en termes d’efficacité et de tolérance ; la forme disponible ne cessant de changer, nos patients passent de façon aléatoire du dépamide au dépakote puis à la dépakine, voire aux génériques, et inversement, avec adaptation des doses, et avec pour résultat des fluctuations d’effet et des effets indésirables, et un risque d’erreur pour les personnes qui gèrent leur traitement quand la présentation des comprimés ne cesse de changer.
Les médecins n’ont pas été informés par le laboratoire.
On apprend par d’autres sources que certains médicaments sont vendus prioritairement à des pays européens où la marge bénéficiaire est supérieure à celle qu’il est possible de se faire en France. Les pharmacies françaises ne sont alors pas suffisamment approvisionnées. Là où il y a une certaine mondialisation des affaires, il n’y a pas de place pour l’éthique ni d’intérêt pour la santé des personnes malades. Impossible de savoir si le problème se situe au niveau du laboratoire qui produit ces médicaments ou du distributeur qui les lui achète pour fournir les pharmacies.
Il y a quelques mois, des professionnels de santé ont lancé l’alerte au niveau national. Le sujet n’a pas longtemps retenu l’attention de la presse subventionnée. Et le silence est retombé, aucune information du ministère de la Santé ni du laboratoire aux médecins, la transparence sans doute…
Il faut feuilleter un jour fortuitement un spécimen de la revue Que choisir pour trouver un petit article évoquant une réaction du ministère de la Santé : un projet de loi sanctionnant les laboratoires pharmaceutiques qui se livreraient à de telles pratiques commerciales scandaleuses. On reconnaît là le grand dynamisme et la réactivité d’Agnès Buzyn. Quand on sait le temps nécessaire à l’élaboration et au vote d’une loi et l’incertitude quant à son application si les moyens nécessaires manquaient, on n’est pas prêt de pouvoir rassurer nos patients.
Et pendant ce temps, le problème perdure.
Dr Albert D.
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