Suspension des vide-greniers et des brocantes de plein air, arrêt de la plupart des ventes aux enchères, déplacements très encadrés, le secteur de la brocante et de l’antiquité entre, avec le reste de la France dans l’inconnu. Pour au moins 15 jours… et jusqu’à six-huit semaines.
Ce midi, la maison de vente Jézéquel enchères adresse à ses clients ce mail : « Chers clients, Conformément aux préconisations sanitaires requises par le gouvernement, nous sommes dans l’obligation de suspendre l’activité des ventes à compter du 17 mars 2020. Nous restons joignables par mail à [email protected] ou au 02 99 31 58 00, aux horaires habituels : 9h-12h et 14h-17h (du lundi au vendredi). En vue de la préparation des prochaines ventes de printemps, n’hésitez pas à nous envoyer vos biens à estimer sur photos. Nous vous remercions pour votre compréhension. Prenez soin de vous. Carole Jézéquel & toute l’équipe de Rennes Enchères ».
De nombreuses maisons d’enchères ont déjà adressé ce genre de mails ces derniers jours. Sur le site Interenchères – qui regroupe toutes les ventes aux enchères françaises et où on peut suivre et acheter en live, grâce à internet, de très nombreuses ventes sont indiquées annulées : une vente de véhicules à Saint-Denis, une vente de meubles à Clermont-Ferrand, du matériel professionnel à Vendéville, des véhicules à Maubeuge, des jouets de collection à Marseille, des véhicules à Nantes, des fossiles à Marseille…
Dans les ventes maintenues – uniquement en live et souvent sans les frais supplémentaires (de l’ordre de 3 %), on trouve de la lutherie ancienne à Vichy, des photographies au Coudray (en Eure-et-Loir), des timbres à Metz, des estampes et des tableaux à Paris, une vente classique à Enghien, de la militaria à Paris… Quant aux boutiques d’antiquaires, elles sont désormais fermées… du moins officiellement.
« Un meilleur temps pour les acheteurs que les vendeurs »
Du côté de la brocante, samedi avait lieu la dernière brocante de la place Viarme, avec une activité assez réduite. « Si nous sommes bien 100 personnes dans l’allée, c’est bien le tout », peste un brocanteur vers 11 heures. « C’est la dernière pour six semaines au moins, et nous, on fait comment ? On n’a pas de chômage partiel ». Internet ? « Pour ce que ça rapporte. Ce n’est déjà pas grand-chose, et avec tout ce qui va y être mis, les prix vont s’effondrer. Puis il faut prendre le temps de tout photographier, de faire les annonces… c’est très chronophage et peu rapporteur ».
Un brocanteur va s’y mettre. « Je vais photographier tout le stock et me remettre sur E-Bay. Mais il ne faut pas se leurrer : ce sera un meilleur temps pour les acheteurs que les vendeurs. Les prix vont tomber, des choses intéressantes vont sortir, et ceux qui ont des sous pourront constituer des stocks à peu de frais. C’est le moment de surveiller et d’acheter ».
Pour cet autre brocanteur spécialisé dans le débarras, « ça va être le moment de trouver des maisons à vider et de se faire payer pour le débarras. Qu’il y ait un peu d’argent qui rentre. Pour ce qui est de revendre… les pianos qu’on récupère et les armoires, on les casse déjà à la hache sur place, tellement ça ne vaut rien, alors… Ce sera des bennes vers la décharge ».
Louis Moulin
Photo : DR
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