Le lockdown décidé par la France va-t-il risquer d’amplifier la contamination en province ? Alors que les rues de Paris se vident, de nombreuses familles avec enfants ont quitté la capitale pour la province. Les abords de la gare de Nantes étaient bondés hier soir. Dans les grandes villes de province, des mouvements similaires, à plus petite échelle, se font vers les campagnes environnantes.
Les vidéos étaient nombreuses, hier, à montrer des trains bondés – des milliers de parisiens quittaient la capitale, notamment vers l’Ouest et le sud – pour aller passer la période de confinement dans leur maison de vacances ou leur famille. Deux types de population quittaient surtout la capitale : des jeunes, qui rentraient dans leurs familles en province, et des familles avec enfants quittant Paris pour leur terroir d’origine ou leur maison de vacances.
De l’autre bout, à l’arrivée, le bus C2 avait du mal à accèder à la gare de Nantes tant il y avait de monde hier soir. Les trains venant de l’est étaient bondés et des centaines de personnes avaient anticipé les mesures de restriction strictes des déplacements et la diminution nette, à venir, des plans de transports de la SNCF et des opérateurs de transport public.
« Avec ma famille, on est partis dans notre maison de famille au Cotentin », explique ainsi un parisien. « Nous, on va à La Baule avec nos trois enfants, on n’a pas prévu de revenir avant un mois. De toute façon je suis en télétravail et ma femme au chômage technique, et il faut bien garder les enfants », précise un autre. « Nous, on s’en va dans notre maison de campagne près de Saint-Brévin. L’hiver, elle est vide, et on y risque moins l’épidémie qu’en restant à Paris », explique encore une mère de famille, lourdement chargée.
Cependant, d’autres resteront à Paris. « Je suis dans le tourisme, mon activité est à l’arrêt, mais il faut encore gérer les annulations et puis ce n’est pas la peste noire non plus », explique ainsi un parisien. Pour ces derniers, le stationnement sera gratuit, les parcs fermés mais les bois de Boulogne et de Vincennes non, la collecte des ordures, l’hébergement d’urgence, les bains-douches, l’état-civil, les services funéraires ou encore les centres de santé municipaux sont maintenus. Les musées sont presque tous fermés.
Dans les grandes villes de province, des mouvements centrifuges similaires sont enregistrés. « J’ai deux commerces fermés pour la durée du blocage et quatre enfants, on a fait des réserves, mais on va partir à Noirmoutier dès que possible », explique ainsi une commerçante du quartier Viarme. « Mon bar est fermé, je reste chez moi dans la campagne, près de Savenay, et je n’en bouge plus », explique un autre commerçant. D’autres continuent à travailler dans leur boutique, seuls, après avoir fermé leur établissement au public. « Je ne peux pas mettre en péril mes salariés, mais moi, ça me regarde. J’en profite pour avancer sur les commandes, y a du boulot », explique l’un d’eux, en centre-ville.
Cependant, un minimum d’activité se maintient – preuve, les queues à l’extérieur des commerces alimentaires et des pharmacies. Ce mardi matin, le marché de Talensac a réouvert, avec les seuls exposants alimentaires. Et les dealers de la place du Commerce étaient fidèles à leur poste, à l’extrémité ouest de la station de tram ligne 1. « On peut faire le joint, donc la vie continue », ironise un commerçant du quartier.
Louis Moulin
Photo : DR
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