26/06/2014 – 07H00 Kosovo (Breizh-info.com) – Un monastère est un lieu de silence, de prière et de paix. Le monastère de Visoki Dečani, au Kosovo, fait figure d’exemple particulièrement saisissant. Classé sur la liste du patrimoine de l’UNESCO, ce monastère représente le joyau de la culture chrétienne au Kosovo-Métochie. C’est un lieu de pèlerinage particulièrement prisé des chrétiens de la région. Ils y oublient le temps d’une retraite la défiance, l’hostilité et bien souvent la haine dont ils sont victimes à l’extérieur.
Hélas, cette hostilité n’épargne pas le monastère. Au cours de ces quinze dernières années, Visoki Dečani a été la cible de quatre attaques perpétrées par des extrémistes musulmans dont deux à l’arme de guerre.
Seuls à repousser ces assauts, les soldats italiens de la KFOR, la force armée de l’OTAN, sont postés aux abords du monastère en deux points de contrôle militaire. Ces militaires sont l’unique protection dont le monastère et les moines disposent. Pourtant, il est fort probable que le commandement de l’OTAN annonce leur retrait d’ici la fin de l’année.
Visoki Dečani : chronique d’un drame annoncé ?
Toutes ces attaques contre le monastère et ses occupants se sont soldées par des dommages matériels et des actes de profanation. Après chaque assaut, les murs du monastère sont systématiquement recouverts du sigle de l’« UCK », autrefois considérée par la communauté internationale comme une organisation terroriste.
Depuis quinze ans, le même scénario est tristement rejoué. C’est ainsi que deux fois par an, une foule compacte se réunit dans la ville voisine du monastère. Scandant des propos clairement antichrétiens, le cortège hostile se dirige vers le monastère avec l’intention claire et évidente d’en découdre avec les moines.
Si la présence des forces internationales n’a pas empêché les quatre dernières attaques, elle en a cependant fortement limité l’impact en maintenant les assaillants à bonne distance du monastère. Qui les dissuadera désormais de renouveler leurs attaques ? Qui les empêchera d’arriver à leur fin – la destruction du monastère ? Qu’adviendra-t-il alors des moines et de la vie monastique?
La destruction du monastère serait dramatique pour tous les Serbes du Kosovo. Ils viennent trouver ici la paix et le réconfort dont ils ont tant besoin en ces temps difficiles.
Si le monastère disparaît, ils n’auront plus d’autre choix que de s’exiler à leur tour, et le Kosovo-Métochie, cette vieille terre chrétienne, ne sera plus.
L’appel de la communauté monastique : un rempart pour Dečani
Le départ annoncé de la KFOR inquiète, à juste titre, la communauté monastique de Dečani . Sans ces soldats, il ne fait nul doute que le monastère serait depuis longtemps ravagé, et les moines contraints de partir — ou pire encore…
C’est pourquoi, pour faire face aux menaces latentes et aux attaques toujours plus violentes qu’ils subissent d’une année à l’autre, les moines ont entamé la construction d’une muraille de protection, dont l’objectif sera de maintenir les agresseurs à distance.
Concrètement, le rempart devra entourer intégralement le monastère et ses terrains sur une circonférence de deux kilomètres et demi. Afin d’être infranchissable, la muraille mesurera trois mètres de haut avec à son sommet des barbelés. D’une résistance à toute épreuve, la largeur de la construction sera de soixante centimètres dont le coeur sera en béton armé ancré solidement dans le sol. Chaque côté sera recouvert de pierres naturelles, taillées par des artisans serbes, afin de ne pas altérer la beauté du lieu.
Course contre la montre pour protéger le monastère
La muraille de Decani représente un chantier colossal, aussi colossal qu’urgent. C’est la raison pour laquelle, les moines ont fait appel à Solidarité Kosovo, première ONG de soutien aux Chrétiens du Kosovo.
Partenaire civil privilégié du diocèse du Kosovo-Métochie, une équipe de Solidarité Kosovo s’est rendue sur place afin de mesurer l’ampleur du chantier et d’échanger avec les moines sur ses conditions de réalisation.
Nul ne doute que cette muraille fut le fruit d’une réflexion douloureuse pour toute la communauté monastique car rien n’est moins évident que d’enfermer ce lieu de paix et de se barricader derrière un mur. Hélas à l’évidence, ce rempart est la seule solution qui soit salutaire pour protéger cet héritage chrétien séculaire qui risque de disparaître.
Alors que les soldats de la KFOR commence à prendre congés des lieux, les moines du monastère s’affairent à poursuivre la construction de l’anneau de protection qu’ils espèrent voir les entourer d’ici la fin de l’année.
Solidarité Kosovo récolte actuellement des dons (que les lecteurs peuvent faire ici) pour pouvoir bâtir cette muraille et ainsi protéger le monastère
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