À compter du 1er septembre dernier, la campagne électorale a officiellement commencé pour les municipales, prévues le 15 et le 22 mars prochain – même si les Bretons ont du mal à se motiver, entre pluies diluviennes, coronavirus et contestation des projets gouvernementaux (retraites, pouvoir d’achat, bioéthique, etc). Les candidats sont donc astreints aux règles de la campagne, et notamment à la réserve électorale. Des règles qui ont du mal à passer, notamment pour Sandrine Josso, candidate à La Baule.
Ce qui vaut pour les maires sortants s’applique en réalité à tous les candidats en mesure d’utiliser les moyens d’une collectivité ou d’une autorité publique pour assurer leur promotion : ainsi, un député qui imprime, aux frais du contribuable (avec l’avance de frais de mandats) un bulletin pour résumer son action et qui ne le fait distribuer que dans la seule commune de sa circonscription où il se présente ou il compte se présenter doit réintégrer cette dépense dans ses comptes de campagne aux municipales.
Mélange des genres, entre l’Assemblée et la campagne des municipales
On peut aussi se poser des questions lorsque le noyau dur des collaborateurs d’un député est aussi celui de l’organisation de sa campagne électorale aux municipales : où s’arrêtent les fonctions de collaborateur parlementaire et où commencent celles de colistier ? Qui doit payer ? L’Assemblée ou le candidat via le compte de campagne ?
Deux des colistières de la liste de Sandrine Josso, Céline Cézard (n°3) et Dalila Nedjar (n°11) ont en effet compté parmi ses collaborateurs parlementaires, un court temps. Et son principal et (très) proche collaborateur, Frédéric Baron, est présent à toutes les réunions – « c’était souvent le samedi matin, au Chalet Suisse », nous explique un ex-colistier, « et il en a organisé une chez lui au Pouliguen ».
Des permanences de campagne hors cadre
Compte de campagne qui lui-même doit obéir à des règles très strictes. Selon nos informations, il n’était toujours pas ouvert courant janvier, et une mandataire financière a quitté précipitamment la campagne de la députée. Ces règles empêchent le recours à l’indemnité représentative de frais de mandat (avance des frais de mandat), interdisent les dons supérieurs à 4 600 € et le recours à des dons de personnes morales. Quant aux concours en nature, ils doivent être estimés au prix du marché et sont plafonnés eux aussi à 4 600 €. Les concours en nature de personnes morales sont aussi interdits.
Or, pour économiser une permanence de campagne, Sandrine Josso s’installe le dimanche dans les locaux d’une entreprise, Habitat Déco, 251 avenue de Lattre de Tassigny. L’un des deux patrons, Frédéric Chevret, figure d’ailleurs sur la liste, en 4e place. Son associé Jean-Yves Monterrin le confirme le 15 janvier : « il faut contacter M. Chevret » dont il donne le numéro, « c’est lui qui gère ça, c’est dans nos locaux, c’est une activité à part, je sais que c’est dimanche, je ne peux pas vous dire les horaires ». Ce dernier, beaucoup plus gêné, appelé le même jour, avoue du bout des lèvres et louvoie : « oui, peut-être, je ne sais pas, je ne vous connais pas […] Maintenant il y a des choses qui se disent au téléphone et d’autres de vive voix devant les gens ».
De quoi faire dire à un habitué des arcanes politiques bauloises : « il est peut-être si gêné parce que c’est très limite au point de vue du code électoral. Sans compter qu’il y a déjà assez d’histoires comme ça sur la promiscuité entre politiques et entrepreneurs, on n’a pas besoin de ça ».
Des tracts illégaux à mettre au pilon
Les tracts doivent aussi obéir à certaines règles – notamment avoir la mention de l’imprimeur (loi du 29/7/1881, article 3). Sandrine Josso, dont les tracts n’ont pas cette mention, n’a pas le droit de les utiliser. En réalité, des lecteurs baulois nous signalent toujours recevoir dans leur boîte à lettre ces tracts illégaux, dont le stock devrait être mis au pilon.
Coronavirus ou Josso : les Baulois entre Charybde et Scylla
Nous nous étions déjà fait écho des diplômes que Sandrine Josso s’était attribués, au gré des publications, lorsqu’elle était nutritionniste – diplômes qu’elle ne possédait pas en réalité. Du fait de ses compétences médicales réelles ou supposées, ou de son poste de député, elle s’est retrouvée dans la cellule de crise locale sur le coronavirus… rassurant. Ce que relaie avec complaisance La Baule Infos, pourtant subitement taiseux sur les diverses casseroles de la députée, par exemple les sommes importantes qu’elle doit à ses divers collaborateurs – elle vient d’ailleurs de récidiver, à Paris cette fois.
De quoi faire réagir un lecteur de La Baule Infos : « Depuis quand un ou une députée intervient-elle sur un tel sujet. Elle n’en a ni les compétences ni la mission. Qui plus est en candidate putative elle aurait dû s’abstenir. Ses compétiteurs pourraient bien faire valoir cette démarche comme une entorse au code électoral ». Il est à craindre qu’avec tant d’écarts, les résultats des municipales à La Baule ne fassent l’objet de recours…
Louis Moulin
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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