« Il faut accepter qu’il y a, dans notre République aujourd’hui, ce que j’appellerais un séparatisme » : quand Emmanuel Macron tourne la page de l’assimilation. Doit-on seulement redouter une telle évolution ?
Emmanuel Macron acte l’existence d’un « séparatisme »
Emmanuel Macron a reconnu qu’un « séparatisme » existait aujourd’hui en France. Tandis que le président de la République était en vol depuis Israël vers l’Hexagone après son déplacement à Jérusalem, il s’est notamment exprimé sur le communautarisme, la laïcité et l’immigration avec des journalistes du Figaro, du Monde et de Radio J présents à bord de l’appareil présidentiel.
Le chef de l’État a alors déclaré : « On ne peut pas parler séparément de la crise que vit l’islam dans le monde entier, du sujet du communautarisme dans nos pays, de la crise de la civilité républicaine, du sujet de l’échec de la République dans certains quartiers, et de ses problèmes mémoriels ».
Sur cette question, brûlante, du communautarisme, Emmanuel Macron développe : « Je serais fou de dire que j’ai la réponse. […] J’ai une volonté de traiter le sujet, parce que je suis convaincu que si on ne le traite pas… […] Il faut essayer de dire sans diviser. Il faut accepter, en disant, de parfois bousculer. Mais il faut accepter qu’il y a, dans notre République aujourd’hui, ce que j’appellerais un séparatisme ». Avant de préciser : « Le terme de “communautarisme” renvoie à beaucoup de choses. […] Dans la République française, il n’y a qu’une communauté qui est la communauté nationale ». Une assertion rudement mise à l’épreuve par la réalité de la société française de 2020…
Intégration plutôt qu’assimilation
Quant à l’aspect islamiste que prend une certaine forme de communautarisme, Emmanuel Macron considère que « le phénomène mondial d’un islam radical qui se tend, et d’une transformation de l’islam » s’est, selon lui, « greffé sur des fractures mémorielles » et « des échecs que nous-mêmes, on a eus sur le plan économique et social ».
Réaliste sur ce terrain, le président de la République, à l’inverse de ses prédécesseurs, perçoit l’impasse d’une assimilation forcée pour des populations d’origine extra-européennes toujours plus nombreuses en France. Une assimilation qui se fait bien souvent aussi aux détriments des autochtones, condamnés à se départir de leurs particularismes, régionaux notamment, pour se fondre de force dans le creuset républicain.
« Il y a une chose dans le multiculturalisme, qui est important, et qu’on doit savoir réussir à faire chez nous : c’est ce que, en élève de Ricœur, j’appellerais la “politique de reconnaissance”. […] C’est la capacité à reconnaître la part d’altérité de l’autre », déclare Emmanuel Macron. Puis il poursuit : « La France, par son histoire, et dès son Code civil, a un problème avec cette notion de reconnaissance. Parce qu’elle ne parle pas d’intégration mais d’assimilation ». Et indique par ailleurs sa préférence pour la notion d’intégration : « Moi, j’aime le beau principe de l’intégration républicaine. Parce que l’intégration c’est une volonté de rejoindre la communauté nationale avec ses règles, ses lois, mais aussi sa civilité. Et, de l’autre côté, une capacité à accueillir. Et il y a, derrière cette notion, l’idée que je ne nie pas la part d’altérité de l’autre. Et elle est très importante parce que, d’ailleurs, dans la République, la “mêmeté” n’existe quasiment plus ».
AK
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