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Irlande. Les Wolfe Tones affirment avoir échappé à un attentat loyaliste planifié par les services de renseignement britanniques

Le groupe culte de musique rebelle irlandaise les Wolfe Tones affirme avoir échappé à un attentat loyaliste planifié par les services de renseignement britanniques dans les années 1970.

Le chanteur Brian Warfield a expliqué qu’avant de jouer un concert en 1975, le groupe avait été mis en garde car menacé par le Glenanne Gang – une organisation terroriste loyaliste regroupant des policiers, des soldats britanniques en service et des membres de l’Ulster Volunteer Force (UVF), un des principaux groupes paramilitaires loyalistes, responsable d’environ 120 victimes entre 1972 et 1980.

Le concert a eu lieu dans un club de la Gaelic Athletic Association (GAA) près de Kileel, dans le comté de Down en Irlande du Nord Le comité de la GAA a demandé au groupe de ne pas aller boire un verre avant le concert dans le pub car des soldats de l’armée britannique (UDR) et des policiers de la RUC buvaient à l’intérieur.

« Après le concert, je suis sorti et les organisateurs m’ont dit : Tu ne peux pas rentrer chez toi [par] la route principale  » explique M. Warfield. « J’ai répondu : « Pourquoi ? » et ils m’ont dit : « Parce qu’il y a un barrage qui vous attend là-bas ». »

Les organisateurs du concert finalement fait passer le groupe par les montagnes de Mourne, d’où ils sont rentrés à Dublin.

« Le jour où nous sommes rentrés à Dublin, la section spéciale de la police nous a dit que les Wolfe Tones ne devaient plus aller au nord, que nos vies étaient en danger. Je crois que le Glenanne Gang buvait dans ce bar … et que ces hommes étaient concentrés, prêts à s’occuper des Wolfe Tones sur le chemin du retour.»

En juillet 1975, des membres du Miami Showband – un des plus grands groupes irlandais de l’époque – ont été abattus par des membres de l’UVF alors qu’ils rentraient eux aussi d’un concert et que les loyalistes s’apprétaient à déguiser cet assassinat sous les traits d’une opération ratée de l’IRA.

L’affaire s’est elle aussi déroulée à Buskhill dans le comté de Down, en Irlande du Nord. Cinq personnes ont été tuées, dont trois membres du Miami Showband, qui était l’un des groupes de cabaret les plus populaires d’Irlande. Le groupe rentrait à Dublin tard dans la nuit après un spectacle à Banbridge. À mi-chemin de Newry, leur minibus a été arrêté à ce qui semblait être un poste de contrôle militaire où des hommes armés en uniforme de l’armée britannique leur ont ordonné de s’aligner au bord de la route. Au moins quatre des tireurs étaient des soldats du Régiment de défense de l’Ulster (UDR) de l’armée britannique, et tous étaient membres de l’UVF. Deux des tireurs, tous deux soldats, sont morts lorsque la bombe à retardement qu’ils cachaient dans le minibus a explosé prématurément. Les autres tireurs ont alors ouvert le feu sur les membres de la bande étourdie, tuant trois d’entre eux et en blessant deux. Il a été suggéré que la bombe était destinée à exploser en route, de sorte que les membres de la bande victimes semblent être des trafiquants de bombes de l’IRA et que des mesures de sécurité plus strictes soient mises en place à la frontière.

La chanteuse Fran O’Toole, le guitariste Tony Geraghty et le trompettiste Brian McCoy ont été tués, ainsi que deux membres du Glenanne Gang : Harris Boyle et Wesley Somerville, qui sont morts lorsque leur bombe a explosé prématurément.

Rien d’étonnant dès lors, à ce que le groupe les Wolfe Tones, qui n’a cessé de chanter à la gloire de l’IRA, et contre l’occupation britannique en Irlande, ait pu également à l’époque être une cible prioritaire des partisans de l’union de l’Irlande du Nord à la couronne britannique.

A noter que ces dernières semaines, suite à la polémique sur les commémorations officielles en Irlande (annulées depuis) rendant hommage à la police irlandaise et de facto aux Black and Tans (voir notre article à ce sujet ici, le premier paru sur l’affaire en Français) , la chanson « Come out Ye Black and Tans » est passée en tête dans les charts iTunes d’Irlande et du Royaume-Uni

Le groupe a dans la foulée annoncé que tous les bénéfices récoltés grâce à la popularité renouvelée de la chanson seraient reversés à l’association caritative irlandaise pour les sans-abri, The Peter McVerry Trust.

D’où vient le nom Wolte Tones ?

Le groupe tient son nom d’un hommage à Theobald Wolfe Tone, né le  à Dublin et mort le , qui fût un homme politique irlandais considéré comme le précurseur du nationalisme républicain irlandais. Celui-ci organisa notamment les Rébellions Irlandaises de 1798 et devint l’un des pères fondateurs du nationalisme irlandais moderne… tout en étant Protestant (lire son histoire ici, ou dans l’histoire de l’Irlande et des Irlandais de Pierre Joannon)

Le groupe de musique quant à lui est né en 1963 à Inchicore, dans la banlieue de Dublin, de la réunion des frères Brian et Derek Warfield avec Noel Nagle et Tommy Byrne. Le groupe joue d’abord dans des festivals en Irlande, puis passe professionnel en 1964 : il s’expatrie en Angleterre où il joue dans les clubs de folk-song de Londres, Birmingham et Coventry, mais il revient s’installer à Dublin en 1966. Cette année-là, à la suite du succès de leur album Up the rebels!, ils entament une longue série de tournées internationales, notamment au Canada et aux États-Unis. Ils sont le groupe irlandais le plus politisé, nombre de leurs chansons sont à la gloire de héros républicains irlandais (Padraic Pearse, James Connolly, Joe McDonnell) ou de l’IRA (Rifles of the IRA).

En 2001, Derek Warfield quitte le groupe pour faire une carrière solo. Les Wolfe Tones continuent en trio jusqu’à aujourd’hui. Voici ci-dessous un condensé de leur énorme carrière musicale. Et le lien pour suivre leurs prochains concerts (ils sont en tournée aux USA cette année, mais peut être l’an prochain dans nos contrées...)

YV

Crédit photos : DR
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