L’Alsace va-t-elle redevenir l’Alsace au plan administratif ? Un sondage indique qu’une majorité d’Alsaciens ne veulent plus de la région Grand Est. Et ne seraient d’ailleurs pas défavorables à la création d’un parti autonomiste…
Alsace : 68 % d’Alsaciens souhaitent sortir du Grand Est
Un sondage dont les résultats ont été publiés le 7 janvier dernier confirme qu’une majorité d’Alsaciens ne souhaitent pas voir leur identité diluée dans la région Grand Est, entité administrative désincarnée et créée en 2015 à la suite de la réforme territoriale mise en place sous la présidence Hollande.
Réalisée par l’IFOP et commandée par le Club perspectives alsaciennes (CPA), l’enquête a été menée au début du mois de décembre 2019 auprès d’un échantillon de 1 004 personnes, représentatif de la population d’Alsace âgée de 18 ans et plus. De ce sondage, il faut d’abord retenir que deux tiers (68 %) des Alsaciens interrogés souhaitent que la nouvelle collectivité alsacienne devienne une région à part entière en dehors du Grand Est. 20 % y sont quant à eux fermement opposés.
Soulignons que cette volonté s’effrite progressivement avec les nouvelles générations, bien que les 18 à 24 ans restent majoritairement favorables à la création d’une collectivité alsacienne indépendante.
Cette Collectivité européenne d’Alsace va notamment consister à fusionner les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin et doit voir le jour le 1er janvier 2021. Toutefois les deux préfectures de Strasbourg et de Colmar seront maintenues. De cette Collectivité en devenir, un peu plus d’un Alsacien sur deux (54 %) en connaît le projet.
Favorables à un parti autonomiste alsacien ?
Par ailleurs, le sondage posait aussi une autre question clé : Seriez-vous favorable ou opposé à la création d’un nouveau parti politique alsacien qui aurait comme principale revendication la sortie de l’Alsace de la région Grand Est ? Les résultats indiquent qu’un peu plus d’un répondant sur deux (55 %) est favorable à cette perspective.
Ils seraient même 57 % à voter pour cette formation « régionaliste » en cas de scrutin. Les Alsaciens bilingues (86 %) et parlant principalement l’alsacien (66 %) étant les plus sensibles au discours d’un tel parti.
Enfin, point encourageant pour l’idée alsacienne, les jeunes interrogés (18-24 ans) sont les plus nombreux (70 %) à se dire prêts à voter pour un parti alsacien. Ils ne sont que 51 % chez les 65 ans et plus.
Les locuteurs alsaciens en voie de disparition ?
D’autre part, le sondage s’intéresse aussi aux pratiques linguistiques des Alsaciens dans leur quotidien. Il s’avère que seuls 21% d’entre eux parlent alsacien dans leur famille. Ils étaient encore 57 % en 1971 ! Dans le même temps, 70 % des sondés indiquent qu’ils parlent uniquement français dans les trois situations suivantes : en famille, entre amis et au travail.
Mais ce recul de la langue ne doit pas rester sans réaction pour une partie non négligeable des sondés : 50 % d’entre eux souhaitent la mise en place d’un plan d’action global visant à renforcer leur langue alsacienne. À l’inverse, seulement 6 % souhaitent l’abandon du soutien public.
AK
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