La croisade au Sahel dénommée « Barkhane » ne donne pas de bons résultats. Les djihadistes ont pour allés la corruption des gouvernants et la misère des populations. Jean-yves Le Drian se débat au milieu de ce bourbier.
S’il est ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian est également « ministre de la guerre » en Afrique – tout particulièrement dans un Sahel qui lui donne beaucoup de soucis. Même pour les ventes d’armes, Florence Parly, ministre des Armées, compte les points. « Tout se prépare et se négocie sans elle à l’Élysée et au Quai d’Orsay, via Jean-Yves Le Drian, le vendeur de Rafale. » (Le Canard enchaîné, 5 juin 2019)
Une zone d’influence à défendre
Les deux casquettes – Affaires étrangères et Défense – apparaissent de concert dans un entretien accordé au Monde . Selon le ministre, « La force « Barkhane » a remporté beaucoup de succès mais ce combat sera très long. L’enjeu est considérable. Il s’agit de notre sécurité. Notre frontière commune, à nous Français et Européens, est le Sahel. » Voilà le discours officiel. Complication supplémentaire apparue ces derniers mois : le sentiment anti-français chez certains habitants de la région. Réponse de Le Drian : « Une partie du ressentiment antifrançais est liée au fait que les populations ne se sentent pas suffisamment protégées. Il faut donc que les choses soient très claires concernant notre présence. Nous n’avons aucun intérêt dans cette région, sauf la défense du droit et de notre propre sécurité. Si ça ne passe pas par des accords et une clarification des engagements, il faudra se poser des questions et repenser notre positionnement militaire. » Prétendre que la France n’a « aucun intérêt dans cette région » relève évidemment du message politique ; elle y a une zone d’influence à défendre, alors que les Américains et les Chinois cherchent à prendre sa place.
Le coût de l’intervention
Depuis l’engagement de l’armée française au Sahel – début 2013 -, elle a enregistré 41 morts. Rappelons que pendant la guerre d’Algérie, les troupes françaises ont connu 30 000 morts – il y eut même 500 tués après le cessez-le-feu de mars 1962. Mais une autre question se pose : le coût de cette guerre au Sahel. « Chaque jour, 3,8 millions d’euros sont dépensés pour le surcoût des opérations extérieures des armées françaises. Poursuivies ou décidées par Emmanuel Macron, les interventions militaires de la France à l’étranger (Sahel compris) ont coûté au budget 2018 de la Défense 1 360 millions d’euros, selon la note d’éxécution du budget établie par la Cour des comptes. » (Le Canard enchaîné, 22 mai 2019). Pour l’instant, l’opération « Barkhane » ne compte que 4 500 soldats français. S’il fallait augmenter les effectifs, la facture s’en ressentirait d’autant. En 2018, le surcoût engendré par cette seule opération atteignait 700 millions d’euros (Le Canard enchaîné, 28 novembre 2018).
Tout est possible puisque, selon un rapport remis par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, au Conseil de sécurité des Nations unies, « la situation sécuritaire au Sahel continue de se détériorer, [notamment] au Mali et [dans les] régions frontalières entre le Mali et le Burkina [tandis que] les violences interethniques se sont intensifiées au Tchad. » (Le Canard enchaîné, 22 mai 2019).
Le Drian va finir par regretter la Bretagne… Bien sûr, il y eut autrefois le FLB, mais ce n’était qu’une vaste fumisterie, avec des « militants » manipulés par la DST. Raymond Marcellin, député de Vannes et ministre de l’Intérieur savait y faire. Surtout à l’approche des élections…
Bernard Morvan
Crédit photo : Pymouss/Wikimedia (cc)
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