Il devient de plus en plus compliqué de se ravitailler en carburant en Bretagne, même en Loire-Atlantique où les dépôts de Donges (raffinerie Total et SDMM) ne sont pourtant pas bloqués. Alors que les entreprises de travaux publics durcissent les blocages en réponse à la volonté du gouvernement de supprimer l’abattement fiscal sur le gazole non routier – qu’elles estiment à 10% d’impôts en plus – la pénurie s’étend.
Les stations sur #Nantes et sa périphérie sont vides. https://t.co/2dinJ5FizC
— Jeannot SUPER (@JeannotSuper) 3 décembre 2019
Les pénuries dépassent maintenant le strict cadre de la Bretagne, alors que les dépôts pétroliers de Brest, Lorient, Rennes (Vern-sur-Seiche), le Mans et la Pallice près de la Rochelle sont bloqués. Les pénuries s’étendent maintenant au Nord, au Gard, au sud et à l’ouest de la région parisienne (Essonne notamment), au Poitou, à la Normandie (Calvados, nord-Manche, Eure), au Lyonnais… et 391 stations sont complètement à sec.
?Le point de la pénurie à 12h⛽
– 391 stations en rupture partielle
– 387 stations en rupture totale
– 6057 contributionsQuelles sont les stations en difficulté d’approvisionnement près de chez vous?https://t.co/K9TjRXBNG0#PenurieDessence #penurie @franceinfo @BFM_Auto pic.twitter.com/CVUJZvvKY1
— Essence&CO (@essenceandco) 3 décembre 2019
Dans le Finistère où la situation est la plus difficile, le préfet a réquisitionné douze pompes pour les services prioritaires (police, pompiers, ambulances), réparties sur les quatre arrondissements du département. En dernier lieu, l’armée et les aéroports disposent aussi de leurs propres réserves. Par ailleurs, la grève du 5 décembre, qui menace de se propager aux services au sol et aux aiguilleurs du ciel, devrait faire diminuer le nombre de circulations – 20% des vols en moyenne (30% chez Air France) seront annulés.
Ce soir cependant la levée du blocage de deux dépôts – à Brest et la Pallice (17) par les professionnels du BTP laisse envisager une sortie de crise. Celui de Vern près de Rennes a été débloqué par 140 membres des forces de l’ordre tôt le matin du 3 décembre.
Cependant, rien n’est réglé : un des syndicats, le CNATP (Chambre nationale des artisans des travaux publics et du paysage) aurait accepté la fin de l’abattement fiscal d’ici à 2022, en échange d’un carburant avec une coloration spéciale pour le BTP et une liste de véhicules qui ne pourront utiliser que ce carburant – de quoi donner encore plus de bureaucratie dans un secteur qui n’en manquait guère, et soulever la colère de certains entrepreneurs contre une « trahison » du syndicat.
D’autant que certains Gilets jaunes appellent déjà à bloquer les dépôts pétroliers en marge de la grève générale du 5 décembre contre la réforme des retraites. D’ici là, le dépôt pétrolier de Lorient, bloqué par 70 engins, le restera : sur place, les bloqueurs fustigent le CNATP « qui a décidé pour nous, soi-disant pour notre bien, ils nous l’ont mise à l’envers ». Les entreprises du BTP réclamaient un étalement de la fin de l’abattement fiscal sur 5 ans, proposition jugée inacceptable pour le gouvernement.
Louis Moulin
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