L’impossible innocence : voici le nom du dernier livre de l’historien Michel Pierre consacré à l’affaire Seznec. Un ouvrage dont les conclusions confortent la décision du tribunal de Quimper rendue en 1924 et qui accusent donc Guillaume Seznec, qui ainsi n’aurait pas été victime d’une erreur judiciaire.
Balivernes, pour Denis Seznec, et pour les membres de l’association France Justice qui œuvre à la réhabilitation de la mémoire de Guillaume Seznec. Thierry Sutter nous adresse une mise au point, avec l’accord de Denis Seznec. Nous la reproduisons ci-dessous.
Comme le disait Mr Guillaume SEZNEC, « On ne fait pas d’affaire avec l’affaire ».
J’en reviens aux propos de Monsieur Michel Pierre (historien de son état mais surement pas de « l’affaire Seznec »), certain de la culpabilité de Guillaume SEZNEC. En me référant à ce témoignage, son livre et sa dernière conférence (42 pers. à Gueltas), je constate qu’il n’apporte aucun élément nouveau.
J’espérais trouver dans ce livre les réponses concrètes aux affirmations qu’il avance.
– Si Guillaume Seznec avait prémédité ce meurtre comme il l’indique, comment si était-il préparé ?
– Avec quelle roublardise avait-il réussi à convaincre Mr Quemeneur d’aller avec lui de Rennes à Paris ?
– Qu’allaient-ils faire à Paris tous les deux ?
– J’aurais aimé savoir pourquoi c’était la Police Secrète Parisienne qui s’était occupé de ce « petit fait divers » (dixit Michel Pierre), cette contradiction est surprenante.
– Comment avait-il réussi à faire disparaître ce corps à tout jamais ?
– Avait-il eu des aveux de Guillaume Seznec sur des bandes sons ?
– Avait-il trouvé des témoins directs de l’assassinat ?
L’auteur n’apporte malheureusement rien pour nous tous passionnés par cette terrible affaire qui laissa toute une famille dans le malheur, la honte, la mort et la ruine.
De son livre, je ne lui accorde qu’un seul crédit, le rejet de « la thèse » de Denis Langlois et de la journaliste Anne-Sophie Martin (qui eux aussi ont écrit un livre. décidément c’est la mode) qui impute le meurtre de Mr Quemeneur à Marie-Jeanne Seznec, qui voulant se défendre de l’agression de ce pseudo prédateur sexuel, lui aurait asséné un coup de chandelier sur la tête (ils ont plusieurs versions de cet assassinat, aux lecteurs de faire leur choix).
La famille de Pierre Quemeneur par contre doit être heureuse d’apprendre la nouvelle déviance sexuelle de leur aïeul.
Tout cela pour déboucher sur cet épisode rocambolesque des fouilles de la maison de Morlaix et la découverte d’un os de bœuf retransmis sur toutes les chaînes de télévision qui a dû faire rire la France entière à posteriori, excepté sans aucun doute le Procureur de Brest, les descendants proches de Guillaume Seznec qui se retrouvèrent non seulement avec un grand-père bagnard mais en surplus avec une grand-mère assassin, mais aussi Denis Langlois et Anne-Sophie Martin accompagnés de leurs collègues creuseurs.
J’oserais ajouter avec humour, s’ils avaient trouvé du pétrole à qui aurait appartenu le puits ?
Je trouve et c’est aussi ce qui m’a incité à faire cette réponse, le ton donné par Mr Michel Pierre dans son livre. Un ton très méprisant vis-à-vis de la famille Seznec et d’un de ces petits-fils en particulier et des relais d’influence comme il dit, « citant dans votre journal, pour exemple Robert Hossein » qui doit se demander ce qu’il fabrique là.
Personnellement, j’ai juste l’impression que Mr Michel Pierre règle un compte avec Denis Seznec et avec aussi tous les défenseurs de l’innocence totale de Guillaume SEZNEC (le fameux réseau) d’hier (le juge Hervé entre autres) à nos jours.
Pour info, ont signé pour faire la dernière demande de révision du procès de Guillaume Seznec (le fameux réseau d’influence) tout ce qui compte en France de personnalités politiques, artistiques et médiatiques des années 90 à 2000, ils étaient plus de 500, des personnes telles que Simone Veil, Ségolène Royal, François Hollande, Jacques Chirac, Catherine Deneuve, Hervé Bazin, Monique Dollin Du Fresnel (descendante du Président de la cour d’assises qui condamna Seznec), Yves Duteil, Christophe Malavoy, Eric Tabarly, Pierre Richard, Jeanne Moreau et pratiquement tous les élus bretons de gauche comme de droite, je m’arrête là ou il faut que moi aussi je me mette a écrire un livre.
La dernière demande de révision a été faite par la Ministre de la Justice de l’époque, Madame Marylise Lebranchu, cette requête en révision a été appuyée par Mme Geneviève De Gaulle. Celles-ci doivent être heureuses de savoir qu’elles font aussi partie du réseau d’influence de Denis Seznec (un sur-homme).
Cette histoire qui dure depuis 1923 a été étudiée sous toutes les coutures par Madame Seznec (mère de Guillaume), par Marie-Jeanne sa femme, par Jeanne sa fille et pour finir par Denis-Guillaume Seznec son petit-fils et filleul (qui se bat et enquête toujours depuis 56 ans), je n’oublie pas certains membres de sa famille (Petit Lucas), les avocats, les amis et l’association France-Justice.
Je voudrais quand même notifier quelques faits qui doivent apporter un grand doute quant à la culpabilité de Guillaume SEZNEC, je ne les donne pas tous, la liste serait trop longue, mais en voici quelques-uns :
– Si cela était vraiment un petit fait-divers (dixit Michel Pierre), pourquoi est-ce la POLICE SECRÈTE PARISIENNE qui enquêta sur la disparition de Mr Quemeneur ? Celui-ci habitait Landerneau. On me répondra qu’il était conseiller Général, d’accord, mais quand même !
– Pour assurer sa défense, Guillaume Seznec avait choisi Maître Moro Giafferi, nommé par hasard au gouvernement juste avant le début du procès et remplacé par Maître Khan qui n’avait jamais plaidé, Maître Moro Giafferi resta à ce poste 10 mois, on en déduira ce que l’on veut.
– Que dire des multiples personnes ayant vus Quemeneur à Paris après son voyage, que des affabulateurs et des mal-voyants sans aucun doute.
– Au bagne, après la mort de sa femme en 1933, Seznec refusa de signer la grâce qu’on lui proposa, déclarant « il n’y a que les coupables qui demandent pardon ». Assassin et jusqu’au-boutiste quand même mais à ce point.
– En 1934, six des jurés regrettant leur verdict, réclament la révision du procès, ils estiment avoir été trahis, est-ce déjà le réseau d’influence ?
– Il y a aussi le rôle joué par l’inspecteur Bonny, exécuteur des basses œuvres du régime, exclu de la police en 1935 pour corruption dans l’affaire Stavisky, il a joué aussi un rôle majeur et de magouilleur dans l’affaire Mac Donald, Cotillon et Volbeg, puis dans la Gestapo française.
Son fils Jacques Bonny écrira dans son livre, Mon père l’inspecteur Bonny, « Mon père avait finalement la certitude pour ainsi dire formelle que Seznec était innocent » et il aurait ajouté « et pourtant, il est au bagne depuis plus de 20 ans et par ma faute, parce que je me suis trompé de bonne foi ».
– Il est dit sur les faux en écritures concernant la promesse de vente de Traou Nez, que ceux-ci ont été faits par Guillaume Seznec. Plusieurs experts disent le contraire, certes pas tous, certains reconnaissent aussi des similitudes avec l’écriture de Mr POULIQUEN (beau-frère de Mr Quemeneur, héritier de sa fortune – s’il est déclaré mort – grâce à Jenny sa femme et sœur de ce même Mr Quemeneur).
Certains experts ont même conclu que la signature de G. Seznec était aussi décalquée (décalquer sa propre signature, il faut le faire).
– Pourquoi d’ailleurs Guillaume Seznec aurait-il réalisé cette fausse promesse de vente ? Était-il assez bête pour penser qu’il pourrait récupérer le manoir de Plourivo avec juste une « promesse de vente », la préméditation n’était donc pas parfaite (je le tue puis après on verra si je récupère le manoir).
Par contre, il était assez intelligent pour faire disparaître un corps à tout jamais en moins de 30 minutes, Mr Michel Pierre va jusqu’à comparer la disparition de Quemeneur vers Houdan avec les disparues de Landru, rien que cela.
– Concernant le prix bas du manoir, soit 30 000 francs, il faut savoir que quelques années avant, Mr Quemeneur l’avait acheté 25 000 francs, les dessous de table était monnaie courante à l’époque.
– En fin d’année 1953, Guillaume Seznec sera renversé par une voiture qui prendra la fuite, il décédera en février 1954, pas de chance quand même. Avait il des choses enfin à dire ? personne ne le saura.
– En 1966, René Delpêche, journaliste, retrouve le fameux Gherdi, l’homme soit-disant inventé par l’imagination de Seznec, qui déclare « Les grands chefs de la police m’avaient dit de me taire ». En 1998 Collette Noll,« résistante » reconnaît également Mr Gherdy comme membre de la Gestapo et révèle que Bonny et Gherdy se connaissaient avant de collaborer ensemble dans cette Gestapo.
– En 1993, Madame Hérenval, l’ancienne vendeuse de la machine à écrire (celle trouvée à la troisième perquisition et sans témoin) déclare « Bonny m’a fait faire un faux témoignage ».
– En 1996, 3 photos et un procès-verbal de gendarmerie sont retrouvés par Mr Lepetitcorps, le fils de l’adjudant Lepetitcorps de la gendarmerie de Paimpol, prouvant la découverte en 1953, d’un crâne à Traou-nez, les avocats de l’affaire réclament ces preuves qui ont été soustraites du dossier. Le procureur répondra que les PV concernés et l’ensemble du dossier criminel de Guillaume Seznec ont été détruits lors de l’incendie du Parlement de Bretagne ainsi que toutes les pièces de dossier Seznec (chose fausse, les pièces étaient à Paris). Pourquoi cacher cette trouvaille s’il n’y avait pas de doute sur la personne décédée !!
– Dernièrement, Gabrielle Dauphin, 9 ans au moment de l’affaire, raconte devant un huissier avoir vu deux hommes le 24 mai 1923 courir derrière un autre et avoir entendu des coups de feu au manoir de Traou-nez lors d’un mariage auquel Mr Quemeneur devait et avait promis d’assister.
Ce témoignage concorde avec ceux des marins de la Marie Ernestine, et peut-être avec une balle retrouvée dans un volet. Ces propos seront confirmés par la fille de Madame Dauphin « Ma maman a toujours dit la même chose depuis que je suis toute petite, certains ont été élevés avec Nicolas et Pimprenelle, nous c’est avec l’affaire Seznec ». Lorsqu’on lui demande à Gabrielle Dauphin pourquoi elle ne l’a pas dit avant, elle répond « mon mari m’a toujours dit de me taire, sinon je prendrai une balle dans la tête » et je l’avais dit aux gendarmes en 1923 et 1925, ils m’ont juste donné une sucette.
– En fin d’année 2018, Mme Morand livre à RMC un nouveau témoignage que Denis Seznec trouve assez intéressant. Son papa aurait aidé un garagiste d’Houdan qui aurait tué Quemeneur suite à une dispute a caché son corps dans une tombe du cimetière de Saint-Lubin de la Haye. L’enquête est toujours en cours.
– Il y a aussi un généalogiste et un professeur d’histoire qui enquêtent sur la possible fuite de Pierre Quemeneur au Canada et un rapprochement de l’affaire Seznec avec l’affaire des poudres et du meurtre de l’industriel Cadiou dans lesquelles plusieurs personnes sont mêlées aux deux affaires.
Nous voulons bien croire à certaines pistes quant à la disparition de Mr Quemeneur, mais faut-il que celles-ci soient du domaine du possible.
Thierry Sutter
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