Fabien Bouglé se définit comme militant écologiste, lanceur d’alerte. Il lutte depuis des années contre l’invasion des éoliennes au niveau local ou national. Il a notamment dévoilé le scandale des prises illégales d’intérêt dans l’éolien, en lien avec le service central de prévention de la corruption (service du ministère de la justice) qui a émis en 2014 une alerte dans son rapport d’activité.
Il a dénoncé en 2018 le scandale du tarif de rachat des 6 centrales éoliennes en mer en projet qui étaient proposées à 220 le Megawatt heure, soit 4 fois le tarif habituel. Cela fait des années qu’il travaille sur ce qu’il nomme la catastrophe écologique et financière de l’éolien. Il en a fait un livre, publié il y a quelques jours aux éditions du Rocher, éoliennes, la face noire de la transition écologique.
Nous l’avons interrogé après l’avoir lu, car ce livre va faire l’effet d’une bombe (et devrait être imposés à tous les élus), tant il démontre une forme de système mafieux qui a été mis en place partout en France au nom d’une écologie qui n’en est pas une. Un livre à lire et à faire lire, car il y a urgence.
Breizh-info.com : Vous écrivez que le lobby des éoliennes s’inscrit dans une ambition de conquête idéologique assise sur une posture morale. Expliquez-nous ?
Fabien Bouglé : On a placé l’installation d’éoliennes comme une nécessité dogmatique. Elle s’impose sans même que l’on puisse la contester. On a progressivement fait de l’éolien une forme de religion, par laquelle on allait résoudre les problèmes de modification climatique, les problèmes de l’électricité verte. Les promoteurs de l’éolien ont créé un contexte de lobbying, de financements d’associations, de corruption, dans lequel il était absolument impossible de s’opposer, sous réserve d’apparaitre comme un opposant à la planète.
Si on regarde la communication des promoteurs éoliens, on est dans une logique où il n’y a pas d’opposition possible.
Breizh-info.com : Peut-on relier cela à la nouvelle religion dont Greta Thunberg serait l’icône ?
Fabien Bouglé : Exactement. L’éolienne en est le symbole, comme la Croix pour les catholiques ou le croissant pour les musulmans, ou l’étoile de David. L’éolien est un symbole de cette religion du climat qui s’impose. J’en ai fait moi-même l’expérience. J’ai rencontré François Brottes, député en 2012, dans un colloque. Il me disait vouloir remplacer les clochers par les éoliennes. L’objectif est que l’éolien soit tellement visible qu’il s’impose dans le paysage comme auparavant les clochers dans nos campagnes.
Breizh-info.com : Comment expliquez-vous l’emprise du lobby de l’éolien sur les citoyens ? Les éléments de langage (La Propagande) ont-ils permis cette « fabrique du consentement » et d’une société dans laquelle le citoyen devient acteur de sa propre servitude idéologique ?
Fabien Bouglé : En ce qui concerne l’éolien, c’est lié à l’argent. Les sommes financières sont tellement importantes (100 milliards d’euros de subventions prévus pour les prochaines années), qu’elles laissent la possibilité aux promoteurs éoliens d’avoir des financements gigantesques pour corrompre les élus (on le voit en Espagne avec des cas très importants) ou pour financer des associations ou ONG . Toutes les associations environnementales les plus importantes (WWF, Greenpeace, France Nature environnement, LPO…). FNE qui est une fédération de 3500 associations il faut le souligner sont partenaires de promoteurs éoliens… Le financement de ces associations crée une adhésion des grands patrons de ces associations, qui relaient localement au travers des associations locales. Vous avez des relais d’opinion gigantesques. Comment voulez-vous quand vous avez ce type d’associations, qui sont censées protéger les animaux, comme WWF, avoir une capacité de résistance quand les plus grandes associations environnementales donnent une opinion favorable à l’éolien.
Opinion qui reste problématique eu égard du financement de ces associations. Progressivement vous créez une sorte de halo d’informations, qui vous est favorable. Ajoutez à ceci des encarts publicitaires dans la PQR, des financements de publicités d’envergure, et vous contrôlez les médias, les associations…. C’est très difficile, sauf pour les esprits libres, de résister. Et c’est ce que j’ai dévoilé dans mon livre.
Les anti éoliens — qui font face à l’installation partout en France sur terre comme sur mer d’éoliennes — résistent malgré tout à ces installations. Des gens se sont levés, documentés, le réseau d’opposants est devenu important (2 fédérations, 1500 associations, y compris au niveau européen). Et cela, c’est suffisamment fort, dans une lutte de David contre Goliath, pour renverser la donne, et mon ouvrage arrive à point nommé, je pense, pour être cet ouvrage documenté qui permette de contrecarrer les fake news diffusées par les promoteurs éoliens.
Breizh-info.com : Vous expliquez que des groupes comme Greenpeace ou WWF ont des intérêts économiques dans la construction d’éoliennes, et œuvrent donc finalement contre l’écologie, pour quelles raisons ? En quoi l’éolien serait anti écolo et finalement, une industrie polluante ?
Fabien Bouglé : Le problème de Greenpeace, c’est un conflit d’intérêts. Elle est à la fois association de défense de l’environnement, mais en même temps promoteur éolien via Greenpeace energy. Son bras gauche lutte contre le nucléaire, son principal concurrent économique. Et son bras droit développe l’éolien d’un point de vue économique. Il y a donc un conflit d’intérêt en particulier dans le cadre de ses partenariats avec le principal fabricant d’éoliennes au Danemark.
WWF de son côté a une proximité « fraternelle ». Sur deux frères jumeaux, l’un était le directeur général de WWF (et ancien patron d’un fonds d’investissement sur les énergies renouvelables dans une grande banque française), l’autre le patron d’une des plus importantes sociétés d’éolienne revendue à ENGIE… vous voyez les liaisons entre finance, développement durable, associations…tout est lié.
Le problème est que tout ça est fait pour cacher l’information la plus importante : tous les composants des éoliennes sont non recyclables. La fabrication de ces éoliennes et des matériaux conduit à des dégradations environnementales lourdes, notamment en Chine avec l’émission de déchets radioactifs, et avec la présence de leucémies pour les personnes, notamment des enfants, qui vivent à côté de ces usines.
Une fois qu’on a fabriqué ces éoliennes avec des matières premières impactantes en matière environnementale, elles ne sont pas recyclables. C’est le contraire de l’écologie et du cycle écologique que louent ces grandes associations environnementales.
On nous dit ensuite qu’elles aident à sauver la planète, car elles n’émettraient pas de gaz à effet de serre. On est là dans un mensonge complet, car non seulement elles en émettent pour leur fabrication, mais compte tenu de l’intermittence du vent, on est obligé de faire fonctionner des usines en parallèle, au charbon, au pétrole, et au gaz. En Allemagne, les usines en charbon qui viennent en complément des éoliennes émettent 10 fois plus de gaz à effet de serre qu’en France par exemple. L’Allemagne est un des pays les plus pollueurs dans le monde.
La France, avec 90 % d’électricité décarbonée, est un des pays les plus vertueux au monde en termes d’émission de gaz à effet de serre. Notre pays n’a pas de leçon à recevoir de Greta Thunberg qui nous attaque. À qui profite le crime et à qui profite l’action de Greta Thunberg ? Je pose la question…
Breizh-info.com : Certains pays commencent à faire marche arrière et à émettre des doutes. Lesquels sont-ils ? Que font-ils ?
Fabien Bouglé : Le premier pays moteur c’est la Pologne. Lors de la Cop 24, il y a un an, la Pologne a décidé de stopper toute la politique éolienne notamment en raison des problèmes de santé publique qu’elles engendrent. Elle a lancé un plan de désinstallation de ce qui existait d’ici 2040.
L’administration Trump est déchirée entre l’administration des pêcheurs qui bloquent les centrales éoliennes en projet au bord du littoral au large de New York et l’administration chargée des éoliennes. Il y a une grande action d’arrêt de l’éolien, avec des articles dans la presse américaine qui envisagent que le Congrès stoppe toute subvention à l’éolien en 2020. Poutine en Russie s’est exprimé au mois de juillet en expliquant que c’était un problème pour la biodiversité. L’Allemagne n’a installé que 35 éoliennes au premier semestre 2019, soit une baisse de 82 % d’installations par rapport à l’année précédente, sachant qu’elles ne seront plus subventionnées l’an prochain. On va en avoir un nombre important de désinstallation.
On a une baisse au niveau mondial (33 % de baisse en Europe). C’est un mouvement de recul complet, et la France, dans cette affaire, voudrait en imposer à tout le monde. C’est dangereux, et ça va nous coûter une fortune, alors qu’il est urgent d’arrêter l’éolien.
Breizh-info.com : Et comment cela s’explique alors en France ? Par une alliance entre des ayatollahs idéologiques et des industriels ?
Fabien Bouglé : C’est très simple. Un organisme de lobbying qui s’appelle l’OFATE, (office franco allemand pour la transition énergétique) est localisé dans les bureaux même du ministère de l’Écologie, et financé à hauteur de 38 % par le ministère de l’Écologie française et le ministère de l’Économie allemande. Son siège social est basé en Allemagne, dans le ministère de l’Économie. L’Allemagne a intérêt à nous vendre ses éoliennes dont les Allemands ne veulent plus. Ils font donc un lobbying offensif pour imposer à nos politiciens le fait d’imposer des éoliennes. C’est très dangereux, car il y a presque une hiérarchie parallèle qui s’est imposée au sein même de nos institutions. Nos politiques ont perdu toute lucidité en raison d’agents qui travaillent à leur persuasion.
Ce mécanisme avec les associations environnementales plus des lobbys placés dans le ministère de l’écologie lui même ne peut qu’aboutir à des décisions politiques qui sont contraire aux intérêts de la France.
Breizh-info.com : À terme, que faut-il favoriser alors, pour être indépendant énergétiquement ? Quelles sont les solutions réalisables ?
Fabien Bouglé : On est aujourd’hui dans une face noire de la transition écologique avec les éoliennes, qui ne répond pas aux attentes de cette volonté d’à la fois développer de l’électricité en minimisant l’impact sur notre environnement. C’est l’axe principal de mon ouvrage.
Si on fait 100 milliards d’euros d’économie, on peut alors les consacrer à la recherche et au développement, sur, par exemple, les travaux du prix Nobel de physique (Gérard Mourou) qui a trouvé une technique pour supprimer la radioactivité des déchets radioactifs. Et cela par des techniques neutres (le laser) pour l’environnement. Des techniques peuvent permettre d’orienter la recherche sur l’hydrogène. Il y a matière à travailler sur d’autres techniques, propres, qui n’émettent pas de gaz à effet de serre.
Je ne suis ni scientifique ni ingénieur. Ce que je comprends, c’est que les 100 milliards d’euros de dépense à fonds perdu envisagé sur les éoliennes bloquent les budgets de recherches pour les universitaires et les chercheurs. Je ne doute pas qu’on trouvera, car nous avons un pays de professionnels et de chercheurs…
Breizh-info.com : Oui, c’est un pays, comme d’autres en Europe, qui forme une élite intellectuelle et scientifique… Mais dans lequel l’idéologie élimine parfois l’intelligence non ? N’est-ce pas finalement une question de volonté politique ?
Fabien Bouglé : Vous avez raison. Il faut retrouver une certaine démocratie environnementale et qu’on sorte enfin de cette idéologie totalitaire. Cette idéologie ne prend pas en compte l’opinion de la population et veut lui imposer, sans alternative, un schéma. Il faut un changement de mentalité de nos gouvernants. Ils doivent se remettre en cause, c’est urgent.
Breizh-info.com : Votre livre est-il diffusé, lu par des parlementaires, des élus, qui peuvent tenter d’agir avec leurs moyens ?
Fabien Bouglé : Il y a actuellement une commission d’enquête parlementaire sur les énergies renouvelables – à la quelle j’ai été auditionnée – qui s’est réunie au premier semestre 2019 et qui doit rendre ses conclusions très prochainement. Cela devait être fin septembre. J’ai envoyé mon livre au président de la commission et au rapporteur il y a 15 jours, nous n’avons toujours pas les conclusions de ce rapport. J’ai bon espoir que mon livre conduise à un électrochoc dans le cadre de ces travaux parlementaires.
Propos recueillis par YV
Crédit photo : DR
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