Polémia continue son tour d’Europe du Grand Remplacement. Après avoir étudié l’emblématique cas de la Suède puis l’inquiétante submersion démographique de la Belgique, l’espoir d’une réaction politique au Danemark, le désastre multiculturel britannique, le suicide de l’Allemagne, les tentatives de résistances de l’Autriche, l’espoir naissant en Italie, la spirale infernale en Espagne et l’islamisation galopante des Pays-Bas… C’est au tour du Portugal d’être étudié par Nicolas Reilhac, qui prend le relais de Paul Tormenen sur ce cas spécifique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les inquiétudes sont bien moins importantes au Portugal que dans le reste de l’Europe de l’ouest…
Une vision globale de la tragédie migratoire de l’Europe tend à distinguer les pays d’Europe occidentale, envahis, occupés et pour certains d’entre eux, en proie à une islamisation à marche forcée et promis à un avenir de soumission, et d’autre part les pays de Visegrád qui font le choix de prendre le parti de la Résistance.
Et pourtant il existe à l’ouest de notre continent un pays discret et petit par sa taille mais grand par son histoire, qui ne connaît pas pour l’instant une invasion migratoire et des menaces de Grand Remplacement. C’est le Portugal.
Dans ce pays, en effet, les lois font l’objet d’une application empreinte de fermeté. La population éprouve une certaine méfiance envers les migrations économiques. Il existe une société qui n’est pas en cours de décomposition comme en Grande-Bretagne ou chez nous dont l’exemple accablant est salutaire aux Portugais. Enfin, point important, les pompes aspirantes aspirent peu. À ce titre la présence maghrébine apparaît comme non significative.
Le contexte portugais peut être considéré comme favorable à l’immigration
Un pouvoir politique bienveillant qui veut davantage de migrants
Le premier ministre socialiste a pris des positions très favorables à l’immigration. « Nous avons besoin de plus d’immigration et nous ne tolérons aucun discours xénophobe » a-t-il affirmé lors du congrès de son parti en 2018. Il a également rappelé lors d’une réunion à Bruxelles en 2018 que son pays prônait une politique « responsable et solidaire » à l’égard des migrants.
Le Portugal qui a renoué avec la croissance manque effectivement de main-d’œuvre et, selon une étude d’une fondation portugaise proche du pouvoir, le pays aurait besoin de 75 000 nouveaux arrivants par an pour maintenir une population active stable.
Enfin le Portugal qui se veut un bon élève en la matière, se positionne au premier rang des pays volontaires pour accueillir des « réfugiés » du type Aquarius.
Une réglementation proche des normes européennes et de l’humanitarisme international
Sans entrer dans un exposé juridique, on peut avancer que la réglementation de l’immigration, dont l’application est confiée au « Servicio de Estrangeiros e Fronteiras » (SEF), est globalement comparable à celle que veut imposer l’Union européenne.
Elle vise notamment à encourager l’accueil des immigrés et des « réfugiés ».
Des lois et des décrets parus en 2018 appliquent des directives européennes pour faciliter l’octroi de permis de résidence notamment en faveur d’étudiants lusophones de haut niveau et d’entrepreneurs.
Si le « droit du sang » demeure la règle, depuis 2018 les règles ont été assouplies. Les enfants d’étrangers deviennent Portugais si un des parents est au Portugal depuis au moins 2 ans et non plus 5 ans comme précédemment.
Enfin, des lois interdisent les discriminations raciales dans les services domestiques, commerciaux et de santé.
Une expatriation portugaise significative et un besoin de main-d’œuvre
Tout le monde se souvient de l’émigration massive des Portugais dans les années 60 et 70, notamment vers la France où tout le monde a apprécié – et regrette – leur gentillesse, leur capacité de travail et leur respect de nos lois. Pas de délinquance portugaise ; pas de trafiquants de drogue ni de maquereaux ; pas de violeurs ni de surineurs à 10 contre 1.
Ce type d’émigration est terminé. Cependant au cours des trois années de récession qui ont suivi la crise financière de 2011, plusieurs centaines de milliers de Portugais ont quitté leur pays parmi lesquels de nombreux jeunes diplômés. Ceci explique largement le besoin de main-d’œuvre.
De plus la population portugaise est vieillissante et pâtit d’une natalité déprimée, d’où un besoin réel de main-d’œuvre.
Un outre-mer présent
Le Portugal a gardé des liens étroits avec ses anciennes colonies et les échanges avec des pays comme le Brésil, l’Angola, le Cap vert sont nombreux et constants. Il n’existe apparemment pas de raisons de désaccords profonds ou d’inimitié. Il convient de noter que, d’une manière générale, ces populations sont lusophones et chrétiennes.
Les chiffres de l’immigration ne reflètent cependant pas à ce jour une invasion migratoire
Les étrangers : 4,6 % de la population portugaise
En 2018, le SEF a décompté 480 000 étrangers au Portugal soit 4,6 % de la population portugaise.
Un quart sont Brésiliens, dont beaucoup sont descendants de Portugais, d’Allemands ou d’Italiens.
84 000 viennent d’Afrique noire soit 1 % (certains disent 149 000) et 60 000 sont des Asiatiques.
Finalement le plus gros contingent est celui des Européens : autour de 200 000.
Cette population étrangère est en forte progression : +17 % en 2018 par rapport à 2017.
Des naturalisations en nombre limité
De 2008 à 2016, on compte 225 000 naturalisations, dont 60 000 Brésiliens, 83 000 Subsahariens et 47 000 Européens de l’Est.
En 2017, il y a eu 18 000 naturalisations. Un chiffre en baisse par rapport aux années précédentes, dont un tiers de Brésiliens et un autre tiers venant d’Afrique noire. Les demandes sont cependant en hausse.
Une immigration clandestine limitée
On ne peut pas dire que le Portugal affronte une immigration clandestine débridée comme la France. Le SEF dénombrait 1 839 immigrants illégaux en 2018.
Cependant, le président d’une association d’aide aux réfugiés parle de 30 000 illégaux. Par ses décrets de 2018, le gouvernement a assoupli les règles pour permettre leur régularisation.
Des réfugiés évanescents
Dans le cadre d’un programme de réinstallation qui courait de 2015 à mars 2018, le Portugal a accueilli 1 552 réfugiés. Seule une moitié d’entre eux est restée dans le pays pour s’y fixer, les autres préférant des cieux d’assistance plus cléments. Devinez lesquels !
Des Maghrébins absents
Voilà une nouvelle qui va réjouir les affreux identitaires. L’immigration maghrébine est faible. Parmi les 480 000 étrangers, le seul pays maghrébin cité est le Maroc qui arrive en 31e position avec 1 539 ressortissants.
Pourquoi ne peut-on pas parler aujourd’hui d’invasion migratoire ?
Au Portugal les lois visant l’immigration sont appliquées et respectées
Les lois portugaises sur l’immigration sont respectées et font l’objet d’une application ferme et stricte.
On ne rentre pas comme on veut au Portugal. Par exemple, pour demander une autorisation de résidence de travailleur salarié, il faut avoir un visa valide, présenter un contrat de travail, bénéficier de moyens de subsistance et d’un compte bancaire, disposer d’un hébergement, ne pas avoir commis de crime puni par une peine de prison supérieure à un an, être enregistré à la Sécurité sociale et auprès du fisc. Si ces conditions ne sont pas remplies, la résidence n’est pas autorisée et on doit quitter le pays, voire être expulsé.
Pour qu’un étranger reste au Portugal il doit avoir un travail. S’il le perd, il a 6 mois pour en trouver un autre, sinon c’est la porte de sortie.
Les « demandeurs d’asile spontanés » qui se présentent aux frontières sont « detained » ou plutôt retenus dans des centres d’accueil. Ils y sont gérés et doivent s’y rendre périodiquement pour leur suivi administratif et des formations. Leur présence est donc contrôlée et ils ne peuvent pas se disperser dans la nature portugaise.
Cela ne veut pas dire que leur requête est acceptée et il est le plus souvent constaté que leur dossier ne réunit pas les conditions pour recevoir le statut de réfugié. Dans ce cas, ils sont expulsés s’ils n’ont pas trouvé du travail au bout de 6 mois.
De même, les mineurs non accompagnés sont dirigés sur un centre d’accueil qui leur est spécialement dédié et nulle part ailleurs. On essaye de les former. En cas d’échec ils sont renvoyés chez eux ce qui ne pose aucun problème avec les pays d’origine.
Au Portugal, l’expulsion est une réalité
Tout demandeur d’asile débouté, tout étranger sans titre de séjour ou sans travail ou qui se montre agressif envers les forces de l’ordre, peut être expulsé. Et l’expulsion est une réalité. Si nécessaire, un personnel du SEF accompagne l’intéressé dans l’avion jusqu’à sa destination. Et si l’on pose la question de savoir si l’administration portugaise connaît des difficultés avec le pays d’origine, on vous répond d’un air étonné qu’il n’y en a jamais.
L’immigré doit travailler
Un emploi est indispensable pour rester au Portugal. C’est une condition sine qua non. C’est à l’immigré de conclure un contrat de travail au Portugal ou de procéder à une recherche d’emploi. Il ne peut espérer aucune allocation de chômage.
Certains créent leur propre emploi et sont acceptés. Une communauté afghane est citée mais pas seulement. Visiblement ceux-là ne sont pas des assassins déséquilibrés comme en d’autres lieux.
Il est vrai que le Portugal connaît actuellement une expansion intéressante et que le taux de chômage est bas (autour de 6 %). En revanche les salaires sont peu élevés et leur niveau est de nature à décourager les impétrants. C’est d’ailleurs ce qui se passe.
Les aides sociales sont particulièrement faibles
Le Portugal est un des pays de l’UE où les aides sociales, du fait de leur faible montant, ont le moins d’impact pour réduire le risque de pauvreté. C’est en particulier le cas des aides sociales pour les familles.
Quant aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile, ils n’ont droit qu’à très peu d’aides sociales ce qui à l’évidence est très décourageant puisqu’ils savent comment cela se passe en France et ailleurs.
Les formalités administratives ne suivent pas
Les délais du processus d’autorisations de résidence et de travail sont tels qu’en 2018 on comptait 100 000 dossiers en attente !
Les étrangers doivent parfois attendre des années pour être régularisés ou obtenir la nationalité portugaise du fait de procédures longues et complexes.
Cette lenteur administrative soulève les protestations de la CEDH et d’Amnesty International, ce qui en soi parait un bon signe.
Une opinion publique très partagée
Il existe au Portugal un courant immigrationniste qui exerce une forte pression à caractère gaucho-islamophile mais qui n’est pas aussi puissant que le nôtre.
Les Portugais, peuple charitable, se montrent plutôt favorables aux demandeurs d’asile. En revanche, il semble qu’ils éprouvent beaucoup moins de sympathie pour l’immigration économique qui leur apparaît comme une concurrence. Le fait que le Parti communiste portugais n’est pas dans la réalité favorable à l’immigration mérite d’être souligné.
Conséquences
Une immigration mesurée et maîtrisée
Jusqu’à aujourd’hui cette immigration est étroitement liée aux besoins en travailleurs du Portugal et à la volonté réelle des immigrés de trouver du travail et de le garder. On ne vient pas au Portugal pour les aides sociales. Il n’y a pas de pompe aspirante. Ce sont d’ailleurs les raisons pour lesquelles une moitié des « réfugiés » du type Aquarius quittent le pays.
On ne peut pas aujourd’hui qualifier l’immigration en direction du Portugal de submersion migratoire.
Les immigrés doivent s’intégrer
Le Portugal attend des immigrés non lusophones qu’ils fassent les efforts nécessaires pour s’intégrer, en particulier en apprenant la langue et en respectant les lois et les us et coutumes portugais.
La société portugaise demeure encore assez largement une société traditionnelle attachée à sa religion : le catholicisme, à qui cet État laïque reconnaît la primauté religieuse, et aux valeurs du travail et de la famille. Des écarts ou des contestations de la part d’immigrés ne sauraient être tolérés par la population.
Au Portugal, c’est aux immigrés et aux étrangers de s’adapter à la société portugaise et non l’inverse comme le souhaitent en France Terra Nova, le rapport Tuot et la gauchosphère. Ceux qui ne sont pas d’accord s’en vont.
Une présence très faible de l’islam
La mosquée de Lisbonne avance le chiffre de 50 000 musulmans au Portugal, mais elle est la seule. Le chiffre le plus probable se situe entre 15 000 et 20 000 personnes soit 0,2 % de la population.
Le Portugal a connu le joug musulman pendant plusieurs siècles et ne souhaite pas son retour.
Cette situation n’est pas étrangère au climat de sécurité qui caractérise le pays.
Un grand climat de sécurité
Selon le Global Peace Index, le Portugal est le 3e pays le plus sûr au monde. Il n’y a eu que 87 homicides sur tout le territoire en 2018.
Il y a eu 408 viols en 2017, c’est-à-dire le même chiffre quotidien qu’en France si l’on en croit Obertone.
Conclusion
Au Portugal, l’immigration existe mais apparaît maîtrisée. Il ne semble pas pertinent de la qualifier de submersion migratoire et d’évoquer un Grand Remplacement.
Ce constat est valide aujourd’hui mais pourrait évoluer en fonction de l’évolution de la politique gouvernementale à venir et surtout de la problématique démographique du pays.
Le détestable exemple de l’Europe occidentale, et notamment de la France qu’ils observent avec intérêt, semble soulever chez les Portugais de l’ironie mais aussi de l’inquiétude. Sur la question migratoire, nous sommes devenus leurs Ilotes que peut-être ils n’ont pas envie d’imiter.
Nos gouvernements, quant à eux, pourraient se référer à l’exemple portugais : respect strict par les immigrés des lois et des us et coutumes du pays qui les accueille, exigence d’un emploi, expulsions effectives et pas de pompes aspirantes. Contrairement à l’idéologie qui prévaut en France, c’est aux immigrés de s’adapter à la société portugaise et non l’inverse.
Nicolas Reilhac
14/09/2018 – V