Manger sain et bon reste à portée de toutes les bourses… Pour peu que la nourriture du quotidien intègre un minimum de préparation et de transformation et se dispense du recours aux recettes clés en main des grandes marques de l’agroalimentaire.
Mais notre époque sacrifie volontiers au postulat du loisir à tout crin et fait grand cas d’une possession systématique des signes de la réussite sociale. Dès lors, le poste des courses subit, dans la grande majorité des foyers, les restrictions budgétaires liées à l’achat du dernier SUV ou du dispendieux séjour à Disney Land. Bien sûr, il serait malséant de nier les difficultés de bon nombre de familles à terminer le mois sans un découvert abyssal. Mais remplir un frigo intelligemment représente encore une charge supportable, et doit se maintenir en priorité sur toutes autres dépenses accessoires ne souffrant pas des mêmes freins sociétaux…
Ce dont il est question se pose davantage en termes de considération pour l’art de vivre au quotidien, créant une relation fondamentale au bien-manger consacré en pivot de l’existence. La plus indécrottable des misères n’est pas d’ordre économique mais culturelle, et seul l’éveil sur des vrais repères de goût apprend au citoyen à éviter les rets à fines mailles de la société de consommation.
Pour bien comprendre les conséquences d’un renoncement à une cuisine domestique, saine et équilibrée, se réfugiant dans les raccourcis des préparations industrielles, nous avons disséqué cinq produits star, dont la composition totalement improbable, a de quoi faire froid dans le dos.
Profusion de graisse et de sucre, substitution de protéines animales par des protéines végétales, l’ingéniosité du complexe agro-industriel ne semble avoir aucune limite pour transformer en ersatz alimentaire des produits bruts d’une apparente simplicité.
Le soleil vert de Socopa
Le soleil vert du célèbre roman d’anticipation d’Harry Harrison était cette pastille miracle appelée à sustenter la population mondiale d’une terre en proie à la disparition de ses ressources alimentaires. La miraculeuse pilule recyclait les cadavres humains…
Sans trop pousser le parallèle, peut-être avons-nous franchi une petite étape avec l’intégration de fibres de bambou dans certaines spécialités bouchères du géant Socopa. À la cuisson, la texture fibreuse trahit sa composition végétale par une déconcertante contraction de son volume (évaporation de son eau oblige !).
Au final, un vrai coup de bambou pour le consommateur qui ne retrouvera jamais dans son assiette le poids de viande indiqué sur l’emballage et sera pénalisé par la faible valeur nutritionnelle du produit. À noter que la législation interdit fort heureusement à ces préparations transformées de porter la dénomination : steak haché ou viande hachée. Charge au consommateur d’y prêter davantage attention…
Le Hot Dog Charal truffé d’additifs à la saveur « Ketchup »
Un Hot-Dog, un sandwich d’une simplicité confondante associant une saucisse de Francfort bouillie ou grillée, à un pain allongé brioché, et rehaussé de condiments, d’une sauce ketchup ou de moutarde.
Pas pour un industriel qui s’emploie à gaver ses sandwichs d’additifs en tous genres, de conservateurs et de colorants, au point d’afficher une liste de « E machin chose » aussi longue qu’une recette de cuisine de Maïté. Quand le marketing des marques commence à vous parler de « saveur ketchup », il faut y voir une vraie trituration des arômes digne du petit chimiste amusant de Gaston Lagaffe.
Les nuggets de Tricatel
Souvenez-vous de ce poulet dans le film L’aile ou la cuisse ! Reconstitué à partir de sa carcasse par l’injection d’une épouvantable pâte gluante. Loin d’être une caricature, la fabrication des nuggets en usine, ces petits beignets très prisés des enfants, n’en est pas beaucoup éloignée…
Agglomérat de graisses, de nerf, de différents tissus d’organes avec seulement 50 % de muscle, les nuggets qualifiés de « super-glu » alimentaire par un scientifique, rapportent gros pour ses fabricants qui en feront payer le prix fort aux jeunes générations. Pourtant, sa fabrication maison est d’une simplicité biblique.
A priori rien de plus simple que de préparer un rôti de veau façon Orloff : cela suppose d’entrelarder son filet de veau de tranches de lard et de comté, mais aussi d’y ajouter du sucre…
Tout du moins chez les industriels prompts à donner une appétence maximale à leurs spécialités. La présence de sirop de glucose dans les saucisses et la viande de veau est devenue une véritable norme, le sucre jouant à plein son rôle d’exhausteur de goût. Il favorise en outre à la cuisson, le joli doré du rôti grâce à une caramélisation due à l’interaction des sucres avec les protéines (réaction de Maillard). Enfin, le sucre aide à préserver le rosé de la viande de veau, si rassurant à l’œil pour le consommateur.
Le Tennesse rosti burger de Flunch
En apothéose de ce classement des pires spécialités de la « junk food », le Tennesse rosti burger de Flunch, à la richesse calorifique superlative. Avec une indécence affichée, le burger superpose deux galettes de pomme de terre, deux steaks hachés, trois tranches de cheddar industrielles, deux tranches de bacon. Le tout accompagné de frites ad libitum dans l’éventualité où le besoin en amidon ne serait pas satisfait !
Raphno
Crédit photos : Breizh-info.com et DR
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