21/05/2014 – 07H00 Plougastel (Breizh-info.com) –Le blogueur écolo Dédé l’Abeillaud signale sur son blog une histoire au long cours à Plougastel. Les habitants du hameau de Quiliou, encerclé par des hectares de serres, se plaignent en effet depuis 2007 – date de mise en service de l’installation – des odeurs et des fumées que dégage une chaufferie à bois installée par Saveol pour des serres voisines.
Près des deux tiers des serres sont chauffées au gaz, moins de 10% d’entre elles le sont au bois. Le problème, c’est que le gaz est de plus en plus cher et que la tarification zonale imposée par GDF complique la vie des paysans : deux serres voisines, mais situées sur des communes différentes peuvent voir leur facture énergétique multipliée du simple au double. En revanche, l’Etat a donné depuis plusieurs années des subventions afin d’installer des chaufferies bois. Seulement, c’est le combustible autorisé qui semble être au coeur des problèmes.
Les riverains se plaignent de fumées, du bruit, d’odeurs et de maux de tête. Le bois brûlé dans certaines installations – notamment chez Saveol au Quilliou – est non seulement stocké en plein air où il se charge en humidité, mais en plus dégage en brûlant des odeurs d’acétone et de trichloréthylène. Ce qui veut dire qu’il est en partie composé de bois peints, traités, ou de palettes – comme celles utilisées pour les fruits et légumes – préalablement broyés et ainsi recyclés par les serristes pour chauffer à moindre coût leurs installations. Des bois que les chaufferies publiques n’ont pas le droit de brûler.
Malgré la mobilisation de riverains – et dernièrement du collectif local A quoi ça serre – les pouvoirs publics n’y trouvent rien à redire. Selon la DRIRE du Finistère et l’APAVE les installations sont aux normes. Cependant, selon Mme le Seac’h du collectif A quoi ça serre, « les serristes sont prévenus des contrôles et leurs chaufferies tournent alors à mi-capacité, avec du bois aux normes ». En revanche, la métropole de Brest commence à se bouger car elle craint une pollution de l’Elorn ; des analyses ont d’ailleurs été faites au printemps dans le cours d’eau, où à moins de 150 m des serres se trouvent aussi des parcs à moules.
La commune compte des centaines d’hectares de serres et une dizaine de chaufferies au bois, dont plusieurs poseraient des problèmes aux riverains. Ces serres se sont étendues ces dernières années, sous l’effet conjugué des évolutions de l’agriculture locale et des subventions. C’est aussi, à Plougastel et ailleurs, la course au rendement et à l’espace – telle serre est construite sur un très haut remblai, telle autre voit une source voisine transformée en bassin de stockage pour ses eaux pluviales…
Pour faire taire les critiques, les serristes insistent sur leur poids économique. Sur le papier, c’est vrai. En France, les cultures sous serre couvrent 100.000 hectares dont 550 en Bretagne administrative et 560 en Pays de Loire, dont 375 en Loire-Atlantique. Si en Loire-Atlantique, c’est essentiellement le concombre (un quart de la production nationale), la mâche (la moitié de la production européenne), le muguet, le poireau et la tomate qui sont élevés, en Bretagne la tomate représente une part prépondérante des cultures (53% en 2007, avec une évolution de 70% en 2000-2007), les choux-fleurs 18%, les artichauts 8%, les échalotes 5%, les endives 4% et les fraises 3%, concentrées à Plougastel et autour. Dans le seul Finistère, 250 ha sont sous serres pour 150 producteurs qui assurent 1500 emplois.
Il y a bien de l’emploi, mais quel emploi ? Selon les riverains des serres, la grande majorité des ouvriers serristes dans la région de Plougastel est composée de comoriens et de gens du voyage – qui logent d’ailleurs souvent pas loin, dans des caravanes. L’emploi breton est un cran au-dessus, dans la logistique et la transformation des produits.
Photo : wikimedia (cc)
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