Georges COLLÉTER, 76 ans, retraité de l’agriculture et de l’industrie lourde et lecteur de Breizh-info.com, nous adresse une tribune au sujet du traitement médiatique de l’information concernant le sauvetage en mer des migrants. Nous la reproduisons ci-dessous.
Bonjour,
On apprend sur votre radio de France-info, répété en boucle à longueur de journée le 11 août 2019 que le navire l’Ocean Viking, affrété par SOS Méditerranée, vient de « porter secours à 85 naufragés en mer au large de la Lybie, et de les récupérer à son bord ».
Tel qu’énoncé et rabâché, c’est admirable …, mais …
Mais dans la compréhension maritime de la « sauvegarde de la vie humaine en mer », on réalise vite que c’est un simple « transbordement » de personnes (voir définition de ce terme dans un Larousse), car ce n’était pas des vrais « naufragés », suite à un navire croisé ou dans les parages, coulé ou très proche de l’être …
On comprend aussi que le navire ainsi « assisté » n’avait pas du tout les capacités techniques de naviguer en haute mer…, et surtout surchargé hors de raison (les photos diffusées de grands « pneumatiques » sont édifiantes, voir honteuses pour tout marin connaissant les titres de « navire » ou « d’embarcation », quelle que soit sa taille, car ce ne sont pas ici des « canots pneumatiques de survie » après vrais naufrage…).
On sait de plus que le navire dit « sauveteur » dans les médias (dont le vôtre), comme le navire précédent dédié, l’Aquarius, ne passait pas à proximité de la côte de Lybie lors d’une navigation entre deux ports …, mais que c’était son objectif officiel « d’aller chercher des migrants » devant cette côte. (Les médias disent « sauver des migrants » : menteurs !).
On sait encore que ce navire Ocean Viking, comme le navire précédent …, est souvent guidé par « un appelant » ou un futur « naufragé »… vers un point bien défini en latitude et longitude …, ou autres repères, juste au large des côtes de Lybie et un peu au-delà de la limite de ses eaux territoriales…, (il y a quelques années, j’avais trouvé et noté plusieurs n° de téléphone …, que le lecteur qui veut vérifier trouvera…).
On sait aussi que, dans de nombreux pays, des navires sauveteurs de naufragés en mer sont dédiés à cette mission de sauvetage en mer, (en France la SNSM), et sont prêts à appareiller de leurs ports, pour cela dans les minutes qui suivent un appel de détresse, et quelle que soit la saison, l’heure et la météo …, (le « Mayday »…, utilisé et pratiqué en toutes langues et mers, vous connaissez ?).
On constate de plus que ces navires dits « sauveteurs » de « naufragés » ne se préoccupent pas de les amener et de les déposer au port ou à l’abri le plus proche, (à une, deux ou trois dizaines de milles ici), soit ici en Lybie voire Tunisie, pour leur sécurité, mais leur font parcourir et les transportent ensuite sur au moins 100 milles (Italie) jusqu’à plus de 500 milles (France, Espagne) pour les mettre soit-disant en sécurité de la mer.
En France nous n’avons pas connaissance que les canots de sauvetage d’une station de la SNSM amènent des naufragés « récupérés » à des ports très, voire très très…, éloignés de leur base…
(Au sens terrestre, en France, on connait mal aussi … le nombre d’accidentés qui seraient conduits par ambulances au service des urgences d’hôpitaux situés à plusieurs centaines de kilomètres de leur point de recueil, ou de « sauvetage »…).
Le constat de cette « anomalie » de comportement de ces dits « sauveteurs » a été effectué sur plusieurs années par un suivi cartographique de ces navires…, en particulier par le New York Times :
Curieux et instructif, chaque année le lieu de transbordement de migrants est plus proche de la côte de Lybie. Et en 2018 et 2019, où en est-on ? (facile à vérifier par des sites de localisation permanente des navires par AIS, etc.).
Tout ceci permet de constater que ces soit-disant, et médiatiquement, « navires sauveteurs de migrants » sont en réalité des « passeurs » ou des « exploitants de traite de chair humaine », avec bien sûr la mise en avant des quelques femmes et enfants « sauvés » pour entraîner la compassion générale… et votre soutien, de la part de ces autoproclamés « sauveteurs »… . Complicité de divers médias, au sens « de connivence », avec ces passeurs ?
Ces comportements (passeurs et médias) dégradent l’image des sauveteurs en mer de la SNSM, de plus bénévoles, eux, qui risquent souvent leur vie pour secourir les navires et équipages en difficulté. (Sables d’Olonne : trois sauveteurs SNSM morts récemment, et un vrai navire de sauvetage cassé).
Il vous appartient aussi d’en tenir compte …
Il serait intéressant dorénavant que vous ayez l’honnêteté intellectuelle d’éviter de travestir les réalités et d’adopter le vocabulaire exact correspondant à celles-ci, pour ne plus choquer ni agacer nombre de vos auditeurs (ou téléspectateurs).
La déformation des faits peut aussi susciter des réactions qui pourraient être prises en compte par la Loi Avia, votée récemment …
Je vous remercie de prendre en compte ces quelques réflexions d’un plaisancier, adhérent SNSM depuis plus de 35 ans, et je vous prie de m’excuser de mon ton un tantinet agacé, voire courroucé.
Néanmoins, cordialement,
Georges COLLÉTER
(76 ans, retraité de l’agriculture et de l’industrie lourde).
P.S. : quant aux causes de cette situation et de ces faits, c’est un autre débat …
Photo d’illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine