En France, le nombre de victimes d’excisions, ces mutilations génitales féminines traditionnellement pratiquées en Afrique, connaît une très forte augmentation.
Excisions : une violation des droits humains
Dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 23 juillet 2019, Santé publique France nous permet d’en apprendre davantage sur un phénomène tout aussi inquiétant sur le plan sanitaire que sociétal : l’excision.
Cette pratique désigne « toutes les interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme et/ou toute autre lésion des organes génitaux féminins pratiquée à des fins non thérapeutiques ». Il s’agit notammen de l’ablation totale ou partielle du gland du clitoris et des petites lèvres.
Le rapport nous apprend que ces mutilations génitales féminines ont des effets délétères sur la santé des filles et des femmes concernées. À tel point que l’Assemblée générale des Nations unies s’est prononcée pour l’éradication de ces pratiques en 2012. L’excision est désormais considéré comme une violation des droits humains et une atteinte à la santé.
Originaire d’Afrique, elle se répand ailleurs
L’excision serait initialement d’origine africaine. Une pratique qui aurait vu le jour dans les cultures animistes ou pharaoniques, soit bien avant l’arrivée du christianisme et de l’islam. Mais elle a fait du chemin depuis et on peut dorénavant observer cette excision dans d’autres régions du monde, qu’il s’agisse de l’Indonésie, de l’Irak ou encore du Yémen. Mais, élément non concernat davantage, l’excision s’est également développé dans les pays occidentaux d’immigration : Europe, Amérique du Nord, Australie.
Comment la France a-t-elle décidé de gérer la question ? Une politique de prévention à destination des familles originaires des pays où ces pratiques sont répandues et auprès des professionnels de la santé et de l’action sociale a été mise en place.
D’autre part, les mutilations sexuelles féminines sont interdites et punies par la loi française. L’auteur d’une excision encourt une peine de 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende s’il a entraîné une mutilation ou une infirmité permanente. Une peine qui est de 15 ans si la mutilation est commise sur une mineure de moins de 15 ans.
Mais cette arsenal législatif ne parvient visiblement pas à endiguer la pratique dans l’Hexagone. Bien au contraire !
France : explosion des excisions en quinze ans
Au regard des chiffres publiés dans le BEH, la pratique de l’excision s’est multipliée en France au cours des quinze dernières années. Au milieu des années 2000, une première mesure indirecte estimait qu’environ 60 000 femmes adultes avaient subi une forme de mutilation génitale féminine.
Au début des années 2010, en suivant une méthode d’extrapolation, le document nous indique qu’environ 125 000 femmes adultes « mutilées » vivaient en France. Selon les auteurs, cette forte progression de l’excision en 10 ans se justifierait par la féminisation de la population migrante mais aussi par le vieillissement des « deuxièmes générations ». Cette estimation a été obtenue auprès des « 313 765 femmes adultes originaires d’un pays à risque, soit parce qu’elles y sont nées (7 femmes sur 10), soit parce que leur père et/ou leur mère y est/sont nés (les ‘deuxièmes générations’) ». Par ailleurs, la population de référence est composée majoritairement (72%) de femmes des premières générations. La moitié d’entre elles sont âgées entre 18 et 40 ans.
Ce flou concernant le nombre exact de mutilations génitales féminines incite à développer de nouveaux outils afin d’effectuer des mesures plus précises.
Signalons enfin que la France est le deuxième pays d’Europe en nombre de femmes excisées, après le Royaume-Uni. Cette forte hausse du nombre d’excisions depuis le milieu des années 2000 vient également alimenter un débat qui s’impose de plus en plus : celui de la réalité de l’africanisation de la France.
Crédit photos : Flickr (CC BY 2.0/DFID – UK Department for International Development) (Photo d’illustration)
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