Depuis plusieurs années, au Pays Basque, la société civile, appuyée par des représentants politiques de tous bords, est engagée dans un processus de paix qui veut tourner définitivement la page de 80 ans de violences et de souffrances. La dissolution de l’ETA a été un moment essentiel dans ce processus qui n’est pas achevé.
Mais ce vendredi 5 juillet 2019, alors que le Tribunal d’Application des Peines de Paris a accordé la libération conditionnelle à M. Frédéric « Xistor » Haramboure incarcéré depuis 30 ans – il est éligible à la libération conditionnelle depuis avril 2008 – , le Parquet Antiterroriste a immédiatement interjeté appel de cette décision. « Xistor » Haramboure reste donc en prison.
De quoi agiter les milieux nationalistes basques et une partie de la société civile qui y voit là une profonde injustice et une menace pour le processus de paix. Une pétition vient d’être lancée , signée notamment par Michel Berhocoirigoin, Txetx Etcheverry, ou encore Michel Tubiana :
Rien ne peut justifier cette obstination à maintenir en détention un homme ayant déjà purgé 30 ans de prison, à l’état de santé précaire et remplissant toutes les conditions nécessaires à sa mise en liberté conditionnelle.
Nous regardons la décision du Parquet comme une volonté délibérée d’ignorer le processus de paix en cours. Soutenir que la mise en liberté de Xistor Haramboure serait de nature à permettre à l’ETA de renaître relève au mieux de l’ignorance et au pire d’un désir de vengeance dissimulé derrière des arguments fallacieux.
Alors que le processus de rapprochement des prisonniers est actuellement bloqué et que nombre d’entre eux sont encore maintenus sous le statut de DPS, sans aucune raison, cette décision du Parquet peut au contraire raviver les rancœurs et les souffrances de tous.
Cette situation est en contradiction avec les propos récents tenus par le Président de la République :
« Le Pays Basque est pour moi un exemple, quand je regarde ces dernières années, de résolution d’un conflit et de sortie des armes. Le devoir de l’État est d’accompagner le mouvement (…) Nous ne devons pas faire bégayer l’Histoire, il faut l’accompagner. »
Nous demandons solennellement que l’État mette ses actes en conformité avec ses déclarations. Donnons toutes ses chances à la paix !
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