L’accès à plusieurs plages de la baie de St Brieuc est interdit en raison de la présence d’Algues vertes. Une situation inquiétante, alors que les fortes chaleurs de l’été viennent juste de démarrer.
André Ollivro et Yves-Marie Le Lay coprésidents du collectif « Halte aux marées vertes » viennent d’adresser une lettre ouverte au président du SAGE, Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux de la Baie de Saint Brieuc, à propos de cette pollution. La voici ci-dessous :
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs vous avez adopté en janvier 2018 le second Plan de lutte contre les Algues Vertes. En continuité avec le plan quinquennal précédent, vous avez consacré 32,9 millions d’euros d’argent public sur cinq ans à des mesures censées réduire le volume des algues échouées dans la baie de Saint-Brieuc, dont 12,1 millions pour que les exploitants évoluent dans leurs pratiques et 3,8 millions pour leur accompagnement. Force aujourd’hui est de constater que ces mesures n’ont produit aucun effet : jamais dans l’histoire de la baie depuis 50 ans, les algues se sont échouées si tôt, avec six semaines d’avance. Et en début de ce mois de juillet les échouages continuent, polluent gravement le littoral au point que les autorités locales se sont résignées à fermer cinq plages à ce jour pour tenter d’éviter les accidents graves et mortels qui se sont déjà produits sur le rivage de cette baie. Comment alors rester aveugles devant une telle situation et sourds aux alertes maintes et maintes fois lancées par notre association et des scientifiques indépendants ?
Nous pensons qu’en votre qualité de membres du SAGE, vous n’êtes pas seulement redevables du bon emploi de l’argent public, mais que chacun d’entre vous est aussi responsable par les choix qu’il opère, de la santé publique, de la préservation de la biodiversité, de l’avenir de l’économie touristique. Persévérer dans la continuité de ces mesures inefficaces, ne serait plus une erreur, mais une faute. Devant cet échec patent, nous vous demandons de cesser d’entretenir l’illusion qu’avec des pratiques d’agriculture intensive, si maîtrisées soient-elles, en refusant toute limitation du cheptel, les exploitants de ce bassin versant pourront parvenir à une baisse suffisamment significative du taux de nitrates dans les rivières de la baie de saint-Brieuc pour en fnir à terme avec cette grave pollution. Nous vous rappelons que le seuil de déclenchement de la prolifération algale a été fixé par un tribunal en 2007 à 5 à 10 mg/l sur la base d’études scientifiques. On en est manifestement loin si on juge les surfaces et les quantités d’algues échouées.
Dans ces conditions qui pourrait comprendre que sur ces quelques pour cent de la Surface Agricole Bretonne, on ne mobilise pas cette aide publique, aujourd’hui dilapidée en pure perte, afn de lancer la révolution agricole nécessaire en adoptant des pratiques très économes en intrants, produisant très peu d’excédents de nitrates, et qui ont fait la preuve de leur efficacité : agriculture CEDAPA, agriculture biologique ? Devant l’urgence de cette situation et l’échec de tous les plans précédents de lutte contre les marées vertes basés sur le volontariat , nous vous demandons d’adopter sans attendre la procédure de contrainte environnementale, telle qu’elle était déjà envisagée en 2010 et reprise en mai 2015 par les auteurs de l’évaluation du volet préventif du plan 2010 – 2015 de lutte contre les algues vertes en Bretagne. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres de la CLE, notre région mérite mieux que cette pollution d’un demi-siècle qui entache ses côtes et hypothèque gravement son avenir comme celui de tous ses habitants et visiteurs. Que 2019 soit l’année du refus de la résignation et de l’adoption d’une politique audacieuse et salutaire pour tous. Car, avec ces nouvelles pratiques, ce serait aussi la fn des pesticides et la manifestation d’une volonté forte de combattre le réchauffement climatique. Soyez les acteurs essentiels de ce changement. L’histoire ne nous pardonnerait pas cette occasion unique de tourner une page pour écrire un autre destin que celui d’un territoire condamné à perpétuité à une pollution mortelle.
Veuillez être assurés, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les membres du SAGE de nos salutations les plus sincères
Les co-présidents : André Ollivro et Yves-Marie Le Lay
Crédit photo : DR
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