Le RN demeurera normalement un parti minoritaire en Bretagne aux prochaines élections municipales. Pourtant, il sera intéressant de noter le nombre de listes présentées, celles qui parviendront à se qualifier pour le second tour, et enfin, le contingent de conseillers municipaux obtenus.
« Il est impossible de dire quelle ville on va prendre. Regardez l’état du paysage politique, on est bien loin d’avoir tous les éléments des recompositions locales aujourd’hui …» avance prudemment au Monde Gilles Pennelle, conseiller municipal de Fougères, président du groupe Rassemblement national au conseil régional de Bretagne, qui vient d’être nommé directeur de campagne, pour ces municipales, du parti de Marine Le Pen.
Difficile d’enlever une ville en Bretagne pour le RN
Ce qui est certain, c’est que le RN ne devrait pas parvenir à enlever une ville en Bretagne. Les résultats des récentes élections européennes le montrent. Dans les grandes villes, Jordan Bardella obtient 7,89% à Rennes, 8,39% à Nantes et 14,83% à Brest (score qui s’explique aussi par l’effet Marine nationale).
Dans les villes moyennes, Jordan Bardella fait un peu mieux :
15,3% à St Nazaire, 12,36% à Quimper, 17,81% à Lorient, 13,42% à Vannes, 13,22% à Saint-Malo, 14,58% à Saint-Brieuc, 10,83% à Rezé. Parvenir à trouver une liste dans toutes ces villes relèverait déjà de l’exploit. Quant aux petites villes, ce n’est même pas la peine d’en parler – faute du nombre suffisant de cadres et de militants locaux.
Du côté des communes rurales; on voit mal les maires franchir le Rubicon et s’allier avec le RN. Ils ont trop peur du député, du sénateur et surtout du président du conseil départemental, l’homme dont dépend les subventions, et cela même si J. Bardella est arrivé en tête dans la commune.
De son côté, Eléonore Revel, déléguée départementale du RN en Loire-Atlantique, explique à Ouest-France : « Tout n’est pas encore fixé, mais nous présenterons des listes dans au moins une quinzaine de communes de Loire-Atlantique. Notamment à Nantes, St-Nazaire, Sautron, Saint-Herblain, Pornic, La Baule. Et aussi, pour la première fois, à Guérande et Guéméné-Penfao ». Tout en rêvant à une entrée au conseil municipal de Nantes « On peut y faire un gros score, au vu des problèmes d’immigration et de sécurité ». Elle rêve un peu.
Avec les 8,39% obtenus aux élections européennes, c’est mal parti, résultat qui s’explique en particulier par la composition sociologique de la ville de Nantes (sureprésentation des classes supérieures et classes moyennes « modernes » qui votaient à gauche et aujourd’hui « progressiste »). Les classes populaires qui constituent l’électorat naturel du RN n’ont plus leur place dans les métropoles. Enfin, Madame Revel oublie que pour parvenir au second tour, et donc obtenir des élus, une liste doit obtenir, au premier, dans les communes de 1000 habitants et plus, un nombre de suffrages au moins égal à 10% du total des suffrages exprimés (ARTICLE L264 du code électoral).
Autre observation : les élections européennes et les élections municipales ne donnent pas le même résultat, il n y a pas duplication. Dans le premier cas, on a affaire à une compétition nationale à forte connotation politique, dans le second à une consultation locale où entrent en jeu le bilan de la municipalité sortante, la popularité et la notoriété du maire en place, un taux de participation très supérieur à celui des européennes. Sans oublier qu’un élu PS ou LR ayant la réputation d’être un « bon maire » solidement implanté, part avec une bonne longueur d’avance, d’autant plus que les municipales sont les élections les moins idéologiques.
Des conseillers municipaux à Fougères ou à St Nazaire ?
Si bien qu’à Lanester, par exemple, ville ouvrière et anciennement communiste où Bardella est arrivé en tête aux européennes avec 20,44% des exprimés, il n’est pas certain qu’une liste RN aux municipales – à condition d’être capable d’en monter une – parvienne à réaliser un score comparable.
Pour toutes ces raisons, Gilles Pennelle ne devrait pas faire de miracle en Bretagne. Seulement quelques conseillers municipaux ici ou là – fruit d’un gros travail d’implantation locale, comme à Lorient, Fougères, ou à Saint-Nazaire.
Et puis si une liste RN réalisait un score inattendu et exceptionnel, le plaçant nettement en tête au premier tour, les bons vieux réflexes staliniens réapparaitraient immédiatement. Avec la constitution de quelque chose qui ressemblerait à un « front républicain », on s’empressera de « faire barrage ». Les moyens sont connus : fusion, retrait, désistement, appel « vote utile «, dénonciation des « extrémistes » éditorial dans Ouest-France, plaçant les électeurs devant leurs « responsabilités »…
Il y a du pain sur la planche !
Bernard Morvan
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