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Grand Remplacement en Europe. Le Danemark tente de réagir

Polémia continue son tour d’Europe du Grand Remplacement. Après avoir étudié l’emblématique cas de la Suède et l’inquiétante submersion démographique de la Belgique, c’est au tour du Danemark d’être étudié par Paul Tormenen. La situation y est – comme partout en Europe de l’Ouest – dramatique. Cependant, une réaction politique semble possible dans ce pays.

Le Danemark a subi, comme d’autres pays européens, une forte immigration depuis les années 1980, avec un pic lors de la crise migratoire de 2015. Rapidement, le gouvernement danois a pris avec succès une série de mesures visant à freiner les arrivées de migrants. Un certain consensus existe actuellement dans le pays concernant le contrôle des entrées et la nécessité d’une – relative – homogénéité culturelle. Celui-ci ne devrait pas être remis en cause avec le résultat des récentes élections législatives organisées début juin. Si, comme dans d’autres pays européens, l’immigration reste importante, elle connait un sérieux tour de vis ces dernières années.

De l’ouverture des frontières à une restriction des arrivées

Jusqu’aux années 1970, l’immigration a été modérée au Danemark. Les immigrés venaient alors essentiellement d’Europe du nord et d’Europe occidentale (1). Un programme d’accueil de travailleurs étrangers a été organisé au début des années 1970 à destination d’immigrants turcs, pakistanais, etc. L’immigration a continué à être favorisée dans les décennies suivantes, avec une assez grande ouverture aux nationalités extra-européennes (d’Afrique, du Moyen Orient).

Durant l’été 2015, l’ouverture inconsidérée des frontières en Allemagne par la chancelière Angela Merkel a créé un appel d’air qui a également concerné le Danemark. La Suède ayant annoncé son intention d’accueillir des migrants, plusieurs d’entre eux se sont arrêtés dans leur périple au Danemark (2). Conséquence : le nombre de demandeurs d’asile a triplé entre 2013 et 2015, passant de 7 557 à 21 225. Celui des bénéficiaires du regroupement familial est passé de 7 215 en 2013 à 15 986 en 2015, celui des mineurs non accompagnés de 354 à 2 068 (3).
Les syriens et les afghans figuraient parmi les nationalités les plus représentées.

Si ces chiffres paraissent modestes au regard de ceux que connait la France, ils sont à rapprocher à la population du pays, composée de 5,8 millions d’habitants.

Le nombre de résidents au Danemark nés à l’extérieur du pays est en progression constante depuis plusieurs décennies : de 93 000 en 1960, il est passé à 612 904 en 2019 (4). Parmi eux, les immigrants issus de pays non-européens sont au nombre de 353 152. Les descendants de parents issus de pays non- européens sont quant à eux 156 260 (5). Le nombre de personnes issues de l’immigration (nées à l’étranger et descendantes de personnes nées à l’étranger) s’élève début 2019 à 800 618 (6). Un chiffre très important en comparaison de la population totale du pays

Le Pew Research Center évalue la population musulmane à 5,4% de la population danoise, soit près de 313 000 habitants. Celle-ci pourrait selon ses projections osciller en 2050 entre 7,6 et 16% (7).

L’insertion ratée d’une partie des immigrés

Plusieurs éléments attestent la difficile intégration d’une partie de la population immigrée :

– 25 ghettos ont été recensés dans le pays. Ce terme a été très précisément défini par les autorités danoises pour définir les quartiers répondant à 3 caractéristiques : une population composée d’au moins 50 % de non-européens, 50 % de ses habitants sont au chômage, 2,7 % au moins ont fait l’objet d’une condamnation (8). Un programme gouvernemental vise actuellement à transformer profondément ces quartiers et à éviter de trop fortes proportions d’immigrés. Dans un objectif de dissuasion de la délinquance, les peines des auteurs de crimes et délits commis dans ces quartiers ont été doublées par rapport au reste du territoire national.

– Le taux de chômage de la population née à l’étranger est le double de celui des natifs (9). Ceci alors que l’économie danoise est en bonne santé, le chômage faible et que des mesures sont prises pour favoriser l’emploi des étrangers.

-Plusieurs écoles privées musulmanes ont été suspectées de ne pas « préparer activement leurs élèves à une insertion dans la société danoise », en inculquant des messages radicaux à leurs élèves (10). Un signe de l’éloignement de certains citoyens des valeurs du pays.

– Les intimidations faites par quelques islamistes, suite à la publication de caricatures de Mahomet en 2005 par le journal danois Jylland Posten, allant jusqu’à une tentative d’assassinat d’un dessinateur, ont provoqué une onde de choc dans le pays, dont les effets se font encore sentir dans la population et la classe politique. L’attentat contre les journalistes de Charlie Hebdo n’a fait que la réactiver (11).

– Deux journalistes danois issus de la gauche radicale, Mikkel Andersson et Niels Jespersens, évaluent dans un essai paru récemment, « L’expérience qui a échoué », à 30 milliards de couronnes danoises (4 milliards d’euros) le coût annuel des migrants (12). Les auteurs présentent également dans leur ouvrage les guerres de gangs et une police qui est incapable d’y faire face malgré des moyens supplémentaires. La capitale danoise Copenhague a ainsi été le théâtre de batailles sanglantes pour le contrôle de territoires de la drogue (13). Une étude réalisée par le journal danois BT fait par ailleurs apparaître une importante sur-représentation des étrangers parmi les auteurs de viols de rue (14). Ces différents éléments ont choqué une partie de la population imprégnée de culture luthérienne et marquée par des valeurs collectives fortes.

Le virage de 2015

Au plus fort de la crise migratoire, en septembre 2015, le gouvernement danois a pris plusieurs mesures visant à endiguer les flux de migrants. Celles-ci vont de l’attribution d’un revenu minimum moins important pendant les premières années de résidence dans le pays à la facilitation des éloignements des déboutés du droit d’asile, en passant par des moyens accrus donnés à la Police pour contrôler les entrées et le séjour des étrangers.

En janvier 2016, un nouveau train de mesures était adopté : la possibilité de confiscation d’une partie des biens des demandeurs d’asile afin de couvrir les frais administratifs liés à leurs démarches, l’interdiction du regroupement familial avant 3 ans de résidence dans le pays (au lieu d’une année auparavant) et le raccourcissement de la durée des titres de séjour. L’effet a été immédiat : le nombre de demandes d’asile a chuté vertigineusement, pour revenir à son niveau d’avant 2014 (15).

Début 2018, le gouvernement danois annonçait qu’il sortait  du quota des réfugiés fixé par les Nations Unies (16). Ceci afin de favoriser l’intégration des nouveaux arrivés (17). Un argument éloigné de la pratique du gouvernement français, qui semble plus prompt à brandir les « valeurs » en accueillant toujours et plus, plutôt qu’à agir avec pragmatisme.

Fin 2018, le gouvernement et le parlement donnaient leur accord pour la création sur une île d’un centre de rétention pour les étrangers condamnés à être expulsés après avoir commis un crime et les étrangers délinquants dont la demande d’asile a été refusée. Pour illustrer cette doctrine ferme et résolue, le site du Ministère de l’immigration dénombre sur sa page d’accueil les mesures restrictives vis-à-vis de l’immigration : 114 à ce jour (18).

Consensus contre l’immigration de masse

La politique des différents gouvernements danois en matière d’immigration est souvent sous le feu nourri de critiques : de nombreux médias et organisations non gouvernementales n’ont de cesse de fustiger les différentes mesures qui ont été prises en particulier depuis 2015. Comme le faisait remarquer le site d’informations Breitbart en 2017 (19), les positions réalistes de la majorité de la classe politique danoise, qui constate l’existence de no go zones et d’isolats communautaristes, détonnent en Europe, à tout le moins dans les pays les plus laxistes (France, Espagne, etc.).

Le Danemark privilégie depuis quelques années, autant que faire se peut, une certaine homogénéité culturelle, la préservation de son modèle social et l’intégration des immigrés présents sur le territoire. Des sociaux-démocrates à la droite, cette position est largement partagée.

Lors des élections législatives organisées le 5 juin dernier, les sociaux-démocrates sont arrivés en tête, alors que le Parti populaire danois (« populiste ») perdait la moitié de ses sièges. Mais cette victoire des sociaux-démocrates ne devrait pas signifier pas le retour à une politique migratoire laxiste : leur leader Mette Frederiksen, qui sera appelé à former un gouvernement, a fait avec succès de la limitation drastique de l’immigration un argument de sa campagne électorale. C’est dans ce contexte que les élus du parti social-démocrate danois se sont prononcés pour la création de centres de déboutés du droit d’asile en dehors du pays (20). Une position diamétralement opposée à celles des autres partis socialistes européens.

Après avoir longtemps fait preuve de conformisme, le Danemark montre désormais qu’une autre gestion des flux migratoires que celle préconisée par les institutions européennes (21) est possible. Dans ce pays comme dans d’autres, la possibilité pour les partis dits populistes d’accéder au pouvoir est un élément décisif pour infléchir la politique d’immigration des gouvernements et faire entendre une aspiration du peuple devenue majoritaire.

Paul Tormenen
18/06/2019

(1) « Migration policy, Denmark ». Population Europe Ressource Finder and Archive. 2016.

(2) « L’étrange suicide de l’Europe ». Douglas Murray. Ed. L’Artilleur. 2018.

(3) « Recent danish migration and integration policy ». European commission. 2016.

(4) « Personnes nées à l’extérieur du Danemark ». Université de Sherbrooke. 2019.

(5) « Immigrants and their descendants ». Statistics Denmark. 2019.

(6) Requête au 10 juin 2019. « Population at the first day of the quarter, immigrants and descendants ». Statistics Denmark 2019.

(7) « L’augmentation de la population musulmane en Europe ». Pew research center. 2017.

(8) « In Denmark’s plan to get rid of ghetto, somme immigrants hear go home ». NPR. 30 mars 2018.

(9) « Native born, foreign born unemployement ». OCDE. 2017.

(10) « Ecoles danoises sous la férule islamique ». Gatestone Institute. 19 octobre 2017.

(11) « L’attaque de Charlie hebdo place le Danemark face à ses doutes ». Slate. 13 janvier 2015.

(12) « Failed experiment : new book denounces Denmark’s decade long migration policy ». Sputniknews. 16 novembre 2018.

(13) « Copenhague. La police démunie face à la folle guerre des gangs ». La Tribune de Genève. 20 novembre 2017.

(14) « Unik optaelling : 10 ud af 12 overfaldsvoltaegterbegasafindvendrereellerefterkommere ». BT. 30 juin 2018.

(15) Ibid (4)

(16) « Danemark verlasst UN FluchtlingshilfswerkAufnahme von migrantenkomplettgestoptt ». Epoch times. 2 janvier 2018.

(17) « Le Danemark n’accueillera plus aucun réfugié en 2018 ». BFM TV. 4 octobre 2018.

(18) Site du Ministère de l’immigration danois. 11 juin 2019.

(19) « Danish prime ministerwarns of the emergence of muslimparallelsocieties, no go zones ». Breitbart.22 septembre 2017.

(20) « L’Autriche et l’Allemagne veulent ouvrir des camps d’expulsés pour les demandeurs d’asile ». 20 minutes. 8 juin 2018.

(21) « Elections européennes : l’immigration, un enjeu majeur ». Polémia. 10 avril 2019.

Source : Correspondance Polémia

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