Didier Le Fur est historien. Avec son ouvrage “Et ils mirent Dieu à la retraite – Une brève histoire de l’histoire” (éditions passés composés), il explique comment, de Copernic à Voltaire, les hommes ont remis en cause le pouvoir de Dieu pour écrire une histoire structurée par des lois qui la rendrait irréfutable. L’objectif étant de conduire l’homme vers le progrès…
Entre le XVIe siècle et le début du XXIe, la place, l’écriture, le statut et la réception de l’histoire n’ont cessé d’évoluer, pour aboutir aux formes que nous lui connaissons aujourd’hui. Didier Le Fur montre ainsi que, après la Renaissance, l’explication du passé et de l’histoire du monde par les églises chrétiennes décline, en même temps que naît l’idéologie du « progrès », qui donnera ensuite naissance à la « science » de l’histoire actuelle. Particulièrement original, porté par un historien capable d’interroger sa pratique comme sa matière, ce formidable texte permet de sortir du débat sclérosant opposant « roman national » et « histoire mondiale », débat dont on peut questionner l’intérêt, puisque les deux notions portent un discours militant et sont francocentrés (malgré l’apparent paradoxe pour la seconde école).
Et l’auteur de conclure qu’en réalité l’écriture de l’histoire en France, à l’image de ces deux courants, est toujours largement influencée par l’imaginaire chrétien, ce qu’il serait peut-être intéressant de questionner.
Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine