Tchernobyl, terrible nom des années 1980 aujourd’hui devenu une destination touristique. De l’URSS à l’UNESCO, l’étrange destin d’une centrale nucléaire.
Tchernobyl, l’explosion soviétique
C’était il y a 33 ans. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl a débuté le 26 avril 1986. Cette ville de ce qui était à l’époque la République socialiste soviétique d’Ukraine, sous le joug de l’URSS, va alors connaître le premier accident classé au niveau 7 [NDLR : le niveau maximum] sur l’échelle internationale des évènements nucléaires. Le second sera la catastrophe de Fukushima (Japon) le Tchernobyl reste à l’heure actuelle le plus grave accident nucléaire répertorié.
L’explosion du cœur de l’un des réacteurs nucléaires de la centrale « Lénine » (ça ne s’invente pas) conduira à un relâchement de radioactivité dans l’environnement et à de nombreux décès survenus directement ou du fait de l’exposition aux radiations. Cet épisode aura marqué l’Europe entière en ce milieu des années 1980 mais également au cours des années qui suivront. Au total, plus de 200 000 personnes ont été évacuées de la zone. Quant au nombre de décès causés par cette catastrophe, il reste toujours sujet à polémique malgré le temps. L’OMS (Organisation mondiale de la Santé) faisait état en 2005 de 4 000 morts tandis que d’autres ONG parlent désormais de plusieurs centaines de milliers… Sans compter les personnes devenues invalides ou gravement malades.
Signe de l’obsolescence d’alors de cette URSS agonisante, l’envoi d’environ 600 000 « liquidateurs » entre 1986 et 1990 sur les lieux de l’explosion pour éteindre l’incendie et construire une chape de béton afin d’isoler le réacteur accidenté. Des « liquidateurs » équipés de très faibles protections (et parfois d’aucune !) qui vont eux aussi connaître un sort tragique. Ces civils et militaires en provenance d’Ukraine, de Russie et de Biélorussie se retrouveront en première ligne face au risque radioactif. Par la suite, 50 000 de ces liquidateurs vont rapidement décéder. 200 000 deviendront invalides ou handicapés.
Tchernobyl touristique
Depuis, Tchernobyl a cherché à s’offrir un nouveau destin. Au point de devenir une destination touristique. Désormais, de nombreux touristes viennent en Ukraine seulement pour visiter la zone d’exclusion de Tchernobyl, ville située à une centaine de kilomètres au nord de Kiev. Le site est ouvert au public depuis 2011, date à laquelle les autorités l’ont jugé sûr à visiter. Ce tourisme nucléaire connaît un succès de plus en plus important puisque le site de Tchernobyl a accueilli quelques 50 000 visiteurs au cours de l’année 2017.
Sûre, la zone en question l’est-elle vraiment ? Oui, à condition que vous soyez accompagné d’un guide spécialisé. Selon le PDG de l’agence de voyages Responsible Travel (qui propose une excursion sur place), « la quantité de radiation à laquelle est exposé le visiteur est similaire à celle d’un vol long courrier ». Il est aussi vivement recommandé d’obéir aux instructions des guides lors de la visite. Un peu plus qu’ailleurs, cela semble une évidence.
Cependant, certains endroits sont encore interdits aux touristes en raison de la crainte des radiations, comme le sous-sol de l’hôpital où l’équipement et les vêtements des premiers intervenants ont été jetés. Pa ailleurs, lors des entrées et sorties de la zone d’exclusion, les visiteurs sont soumis à des contrôles radiologiques pour s’assurer que personne n’est au-dessus du niveau autorisé. Une fois la nuit tombée, il y a aussi un couvre-feu à Tchernobyl même si les touristes peuvent séjourner à l’hôtel.
Enfin, avec la hausse de la fréquentation touristique, ce sont d’autres types de déchets qui posent aujourd’hui problème à Tchernobyl. Les guides locaux tentent ainsi de maintenir le site le plus propre possible avec l’espoir de voir l’ancien symbole soviétique obtenir un classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une reconnaissance qui témoignerait d’un long chemin parcouru depuis 1986. En attendant, plusieurs voyagistes proposent la visite des alentours de la centrale nucléaire la plus tristement célèbre du monde. Une visite qui, malgré les contrôles de sécurité parfois jugés légers, reste aux risques et périls de celui qui s’y aventure…
Crédit photo : Pixabay (Pixabay License/Amort1939)
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