Les stocks de saumons sauvages en Écosse sont à leur plus bas niveau depuis le début des relevés en 1952. Serons-nous bientôt condamnés à consommer uniquement du saumon d’élevage ?
Saumon sauvage : bientôt la fin ?
Saumon sauvage ou saumon d’élevage ? Si la différence de qualité entre ces poissons n’est pas discutable, le consommateur n’aura-t-il bientôt plus le luxe de choisir entre les deux ? La question se pose car le saumon sauvage est désormais dans une situation de « crise ». Une conclusion à laquelle est parvenue Fisheries Management Scotland, le service de Gestion des Pêches d’Écosse. Les derniers chiffres publiés par le gouvernement écossais révèlent que les quantités de saumons sauvages pêchés en 2018 ont atteint leur plus bas niveau depuis 1952, année où les enregistrements des captures ont débuté.
Parmi les explications justifiant cette baisse inquiétante, la dégradation de l’eau, la construction d’infrastructures tels les barrages, les conséquences de la pisciculture (saumon d’élevage) et les changements climatiques font partie des causes avancées. Sans oublier l’augmentation de la demande de saumon sauvage entraînant la surpêche d’un poisson qui est par ailleurs un symbole des eaux écossaises à travers toute l’Europe.
Il faut sauver le saumon sauvage
Fin 2018, la dernière pêcherie écossaise de saumon sauvage a fermé ses portes faute d’une quantité de poissons suffisante à pêcher. En conséquence de quoi, le saumon sauvage écossais devient de plus en plus rare sur le marché, laissant désormais toute la place au saumon d’élevage.
Pour Alan Wells, directeur général de Fisheries Management Scotland, « certains des facteurs qui ont une incidence sur les stocks de saumon sauvage peuvent échapper au contrôle humain. Mais le gouvernement écossais et les autorités de réglementation ont maintenant une occasion historique de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour sauvegarder les espèces dans les domaines où ils peuvent avoir une influence. »
Et d’ajouter : « La sauvegarde du saumon doit devenir une priorité nationale dans le cadre de l’Année internationale du saumon. Nous demandons à toutes les autorités de réglementation d’insister de toute urgence sur l’importance cruciale de préserver le saumon. »
Poux de mer : pour ne rien arranger !
Les stocks de saumon d’élevage s’effondrent également en raison d’un autre problème : la prolifération des poux de mer. Ces derniers, nommés Lepeophtheirus salmonis ou plus communément poux du saumon, sont devenus un véritable fléau dans les élevages de saumons écossais. Mais n’en oublient pas pour autant d’affecter aussi les saumons sauvages !
Ces poux de mer sont des petits crustacés mesurant de 6 à 12 millimètres et s’accrochant fermement aux écailles, nageoires et branchies des saumons. En se nourrissant du mucus sur la peau du salmonidé, les poux causent par la suite différents problèmes aux poissons : déficience immunitaire, retard de croissance, perte de l’appétit, diminution de la fécondité, vulnérabilité aux autres maladies et potentiellement, la mort.
Saumon d’élevage : dernier clou sur le cercueil du sauvage ?
De plus, les fermes aquacoles facilitent la prolifération de ces parasites parmi les saumons d’élevage de par le fait de la proximité des poissons, ce qui accélère la contamination.
Pour Andrew Graham-Stewart, directeur de Salmon and Trout Conservation Scotland [NDLR : une organisation visant à protéger le saumon et la truite en Écosse], « la faiblesse persistante du nombre de saumons souligne l’importance vitale d’atténuer d’urgence les effets négatifs causés par l’homme, qu’il est à notre portée de combattre. L’un des facteurs les plus critiques est l’impact des saumons d’élevage, en particulier le rejet dans l’environnement d’une grande quantité de poux de mer mortels, sur le nombre de saumons sauvages. »
Tout comme Alan Wells, il en appelle également aux pouvoirs publics : « Le gouvernement écossais doit maintenant mettre fin à des années de tergiversations et agir rapidement, conformément aux recommandations du rapport du Comité sur l’Économie Rurale du Parlement écossais (publié en novembre 2018), pour protéger le saumon sauvage des effets de la salmoniculture. » Et le temps presse. Pour les pêcheurs comme pour tous les amateurs de bon saumon : le sauvage !
Crédit photo : Flickr (CC BY-SA 2.0/Matt Baume)
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