Lorsque Johanna Rolland (PS) se félicite des « 10 000 emplois privés créés ces derniers mois » (Ouest-France, Nantes, mardi 8 janvier 2019) à Nantes, prend-elle en compte les petites entreprises qui prospèrent dans le nord de la ville : trafic de drogue au su et vu de tous ?
La délinquance marche fort à Nantes
Comme on l’a souvent rappelé dans ces colonnes : la délinquance marche fort à Nantes. Tout particulièrement l’industrie des stupéfiants. Certes, lors de sa tournée des vœux dans onze quartiers, Johanna Rolland (PS), maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, a bien évoqué le sujet, mais en bottant en touche. Ainsi dans le quartier Bellevue en rappelant « les vingt policiers municipaux supplémentaires en îlotage et des caméras de surveillance » mises en place. « Mais, disons-le franchement : la lutte contre le trafic de drogue ou d’armes n’est pas le métier de la police municipale ». Mais tout va bien puisque Royal de luxe va s’installer à Bellevue ! (Presse Océan, lundi 28 janvier 2019).
Il est vrai que, en ce moment, Mme Rolland a d’autres chats à fouetter : elle est en campagne pour les élections municipales de 2020. Femme prévoyante, elle a lancé ses ateliers « Labo 258 où des citoyens sont amenés à réfléchir, proposer… Une sorte de grand débat à la nantaise » (Presse Océan, samedi 23 février 2019). À coup sûr, elle aura oublié d’en dédier un au trafic de drogue… Dommage.
Les dealers ont créé leur petite entreprise qui ne craint pas la crise
Mais on peut toujours rattraper le coup… Car les dealers ont créé leur petite entreprise qui ne craint pas la crise. C’est le cas dans un immeuble de la rue de Concarneau, au nord de Nantes, où les « détaillants » ont élu domicile dans le hall. Dans leurs mains, des billets de banque. Posées, à côté d’eux, des balances. « Avant les vendeurs de drogue se cachaient. Maintenant ils se fichent qu’on puisse les voir », raconte un voisin. « En pleine journée, leurs clients viennent acheter de la drogue en voiture, sans avoir besoin de descendre, comme un dépôt stop », ajoute un autre. Que fait la police ? Ce qu’elle peut. « Samedi, vous êtes intervenus. Dimanche, les dealers étaient déjà de retour », se lamente un propriétaire (Ouest-France, Nantes, vendredi 22 février 2019).
Mais l’honneur est sauf puisque, grâce au lancement de la « police de sécurité du quotidien » (PSQ), tout va s’arranger ! Depuis le 1er janvier, le dispositif de « reconquête républicaine » (sic) est censé se déployer dans les quartiers de Bellevue, Malakoff et Dervallières. Un seul inconvénient à ce beau projet : les effectifs ne sont pas encore arrivés (45 pour Nantes) ! On peut parier dès maintenant que la redoutable « reconquête républicaine » va effrayer les dealers… Affaire à suivre.
La sécurité, un oubli ?
Au « Labo 258 », on retrouve tous les acteurs de la gauche nantaise, tendance bobo : Place au vélo, Mémoire d’Outre-mer, iAdvize, Stéréolux, Hermine, Run éco team, Zéro déchet… Il n’y a que du côté de la sécurité que l’on sent des insuffisances : rien dans les huit ateliers. Pourtant Madame Rolland se flattait de ne pas occulter le sujet de la sécurité « pour lequel nous avons besoin du soutien de l’État » (Presse Océan, Nantes, mardi 8 janvier 2019).
Dans ces conditions, pourquoi ne pas confier un atelier « sécurité » au commissaire Grégoire Chassaing. Non seulement il en connaît un rayon, mais encore il sait parler à la population de la rue de Concarneau : « Nous avons conscience de vos problème. Dès que nous le pourrons, notre potentiel opérationnel sera mis en priorité dans les secteurs les plus touchés. » (Ouest-France, Nantes, vendredi 22 février 2019). Comme le dit si joliment Johanna Rolland, « nous devrons réinventer nos modes de fonctionnement » (Presse Océan, jeudi 17 janvier 2019).
Bernard Morvan
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V