Jean Blaise « promu » : acte 1 de l’après-Ayrault à Nantes ?

17/02/2014 ‑ 12H00 Nantes (Breizh-info.com) « Johanna Rolland commence à faire le ménage », estime un « culturel » nantais. « Jean Blaise vient d’être nommé chargé de mission au ministère de la Culture. C’est une manière élégante d’écarter un baron encombrant. » Jean Blaise était pour Jean-Marc Ayrault le fidèle entre les fidèles. Il est arrivé à Nantes en 1982, chargé par la municipalité socialo-communiste d’Alain Chenard de créer une maison de la culture de gauche. Au retour de la droite à la mairie de Nantes, en 1983, il avait été  embauché par Jean-Marc Ayrault, alors maire de Saint-Herblain. Une fois Jean-Marc Ayrault élu maire de Nantes en 1989, Jean Blaise avait disposé de très gros moyens pour créer une ribambelle de festivals : Les Allumées, Trafics, Fin de Siècle, Estuaire, Le Voyage à Nantes.

Depuis 2011, Jean Blaise est à la tête du Voyage à Nantes, société publique locale qui coiffe l’ensemble des grands équipements touristiques nantais : office de tourisme, château des Ducs de Bretagne, Machines de l’île, etc. C’est une responsabilité majeure puisque Jean-Marc Ayrault a décidé en 2004 de faire de Nantes une destination touristique internationale. D’énormes budgets ont été mis au service de cette ambition, avec à ce jour des résultats au mieux discutables.

Depuis des années, les milieux culturels nantais, suivis par ceux de l’hôtellerie, exprimaient un mécontentement croissant envers la politique de la municipalité Ayrault. Mais Jean Blaise, personnage médiatique qui n’a jamais hésité à diffuser des communiqués enjolivant largement le bilan de ses initiatives, avait réussi à préserver une réputation d’innovateur acquise avec Les Allumées au début des années 1990.

Le vent a commencé à tourner pour Jean Blaise en septembre 2013 quand le blog du dessinateur Frap a publié une interview de Johanna Rolland, tout juste promue héritière de Jean-Marc Ayrault à la mairie de Nantes. « Il y a eu une forme d’institutionnalisation de ceux qui ont été reconnus et placés en situation de responsabilité de la politique culturelle nantaise », y disait-elle. Derrière la langue de bois, le lâchage était clair. Il a libéré la parole. Depuis lors, les critiques se sont multipliées. Pendant la campagne électorale, le magazine Les Inrocks n’a pas hésité à se moquer de « saint Blaise ». Même l’establishment bobo nantais commence à mettre en doute le bilan du personnage.

Aurélie Filippetti était déjà ministre de la culture dans le précédent gouvernement. Pourquoi n’a-t-elle pas fait appel à Jean Blaise plus tôt ? Une telle nomination aurait sûrement plu à Jean-Marc Ayrault. Des manœuvres d’approche avaient d’ailleurs été engagées : la ministre a déjeuné avec Jean Blaise en janvier 2013. Mais rien ne s’était fait. Alors, pourquoi découvre-t-elle ses mérites aujourd’hui ?

Aurélie Filippetti a, semble-t-il, un bon contact avec celle qu’elle appelait « chère Johanna Rolland » lors d’une visite à Nantes le 23 janvier dernier. Les deux responsables socialistes ont respectivement 40 et 34 ans. Elles savent que leurs carrières seront amenées à se croiser encore. Dans les milieux culturels nantais, on envisage donc que la nomination de Jean Blaise comme chargé de mission au ministère de la Culture soit une fleur de la jeune ministre à la jeune maire. De même que François Hollande a débarrassé le P.S. de Harlem Désir en le nommant secrétaire d’État, la ministre de la Culture aurait débarrassé Nantes d’un notable au bilan insatisfaisant.

Crédit photo : [cc] dalbera via Wikimedia Commons
[cc] Breizh-info.com, 2014, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.
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4 réponses à “Jean Blaise « promu » : acte 1 de l’après-Ayrault à Nantes ?”

  1. Goepexes dit :

    Quelle triste marmelade pleine d’insinuations et de malveillance qui ne grandi pas son auteur anonyme !
    Mais, « La calomnie, vous ne savez guère ce que vous dédaignez »(Beaumarchais)

    • redacbzhinfo dit :

      Où voyez-vous des « insinuations » dans cet article ? Il est au contraire très factuel. Si vous voulez bien vous en donner la peine, vous vérifierez sans peine que Jean Blaise a collaboré avec Jean-Marc Ayrault dès 1983, qu’il est à l’origine des cinq manifestations citées, qu’il a bénéficié de gros budgets, que des doutes croissants s’expriment sur l’efficacité de son action depuis quelques années, etc. La mise à l’écart de Jean Blaise à la faveur de la création d’une commission n’est pas une insinuation mais une conjecture, expressément présentée comme telle. Comme chacun sait, quand on veut se débarrasser d’un problème, on crée une commission…
      Toute critique envers « saint Blaise » blesse ses fidèles – votre critique purement moralisatrice en est un témoignage – mais les faits sont là. Calomnie ? « Mais quel radotage me faites-vous donc là, Bazile ? »

  2. Varela dit :

    Je viens chaque année à Nantes depuis 2007 pour Estuaire. Je connaissais fort mal l’art contemporain et n’avais jamais entendu parler de Jean Blaise. Je constate qu’Estuaire a fait pour moi exister l’estuaire de la Loire au point que je ne peux plus me passer de cette visite annuelle de cses rivages et des surprise qui m’y attendent.
    Je constate également que les oeuvres d’art contemporain disséminées ici et là me font chaque fois réfléchir, m’intriguent, me séduisent ou m’énervent, comme le firent pour moi la découverte des cubistes, l’art conceptuel, le free jazz, la musique sérielle…Comme le firent depuis toujours les oeuvres d’art qui devançaient leur temps et entraînaient derrière elles la cohorte des artistes conventionnels. Reprocher à Jean Blaise d’être un politique, c’est méconnaître le rôle des commanditaires de l’art dans l’Histoire qui furent toujours des politiques. Enfin je constate que dès qu’un homme a une grande valeur intellectuelle et créative, il y a toujours des roquets qui lui courent après en aboyant pour lui mordre les talons. José Varela. La Rochelle

  3. samvatresbien dit :

    Certaines initiatives du Voyage à Nantes sont vraisemblablement intéressantes sur le plan artistique. Toutefois, elles s’appuient essentiellement sur le succès des Machines, activité ultra subventionnée. Et certains projets ne sont pas toujours bien pensés – un euphémisme, en particulier en raison de la consanguinité flagrante entre le Voyage à Nantes et le pouvoir politique.

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