Le 176ème numéro de la revue Éléments vient de sortir, avec comme sujet central l’Italie, laboratoire du populisme.
Retrouvez l’édito ci-dessous, ainsi que le sommaire :
À la prochaine élection présidentielle, Éléments aura 50 ans. Quel chemin parcouru ! Quelle continuité dans la démarche !
Quelle passionnante aventure qui a vu l’équipe de la revue explorer systématiquement tous les domaines de connaissance, s’éloigner de voies qui s’étaient révélées des impasses, être attentive à toutes les nouveautés. C’est cette démarche qui a fait le succès de ce « magazine des idées » qui, depuis le lancement de sa nouvelle formule, gagne à chaque numéro de nouveaux lecteurs. Ce succès fait inévitablement des jaloux. Mais il peut aussi nourrir des incompréhensions. (…)
Pour ne donner que quelques exemples caricaturaux, si l’on interroge Richard Labévière, c’est par « antisionisme » (sic), si l’on donne la parole à Éric Zemmour, c’est par sympathies « nationales-sionistes » (sic), si l’on publie un dossier sur ce qu’il peut y avoir d’intéressant dans la pensée de Karl Marx, c’est qu’on s’est « ralliés au stalinisme », et si l’on fait l’éloge de Bernanos ou de Péguy, c’est évidemment la preuve qu’on est « devenus cathos » ! (…)
Toutes ces interprétations puériles, ces jugements sommaires qui s’annulent mutuellement, émanent de bons esprits dogmatiques qui ont été habitués aux petits catéchismes par leurs bulletins paroissiaux respectifs et qui ne conçoivent pas qu’une revue indépendante s’applique par principe à publier des points de vue différents. (…)
Éléments s’adresse à ceux qui pensent par eux-mêmes, pas à ceux qui attendent d’une revue un petit catéchisme ou la simple répétition de ce qu’ils pensent déjà.
Éléments n’est pas un acteur, mais un observateur de la vie politique. Éléments ne veut pas faire de la politique, mais de la métapolitique. Son objectif est de gagner le combat culturel, non d’« arriver au pouvoir ». Ce n’est pas non plus de former de futurs petits notables ou de donner des idées à des partis qui s’en méfient et n’acceptent que celles qu’ils ont déjà (à supposer qu’ils en aient).
Son objectif est de former des esprits et des sensibilités, de décoloniser l’imaginaire des idées reçues, de répondre sans états d’âmes aux délires contemporains, de réunir de vrais talents intellectuels et littéraires, des esprits libres et des créateurs originaux, sans souci des aigreurs et des jappements des clampins (« s’il est de gauche, il ne peut pas penser comme nous ») et des hallucinés (« s’il est de droite, c’est qu’il est dangereux »), comme de ceux qui se bornent à vouloir remplacer la doxa qu’ils contestent par celle dont ils rêvent. Sans compter ceux dont l’extrémisme traduit seulement le goût de l’échec.
Éléments se situe à la pointe de la pensée critique qui a fait sa cible de l’individuo-universalisme, de la négation des différences entre les sexes et les peuples, du déracinement et de l’hybridation tous azimuts, du refus des limites et des frontières, du capitalisme et de la société de marché, du libéralisme sous toutes ses formes, de la domination planétaire de la logique du profit et de la marchandisation de l’existence.
À une époque où la plus grande partie de la droite est devenue progressiste, tandis que la plus grande partie de la gauche est objectivement devenue contre-révolutionnaire au pire sens du terme, rejetons d’un même mouvement les fantasmes des uns et les nostalgies des autres, ceux qui ne supportent pas Zola et Victor Hugo et ceux qui ne veulent pas entendre parler de Chardonne ou de Gobineau. Bourgeoisie économique de droite et bourgeoisie culturelle de gauche : laissons-les bavarder entre elles et prenons la direction du grand large ! Le but n’est pas de brouiller les cartes, mais de faire en sorte qu’elles soient redistribuées. D’accélérer la mise en place des nouveaux clivages qui s’annoncent de toutes parts.
L’ancien monde s’efface, nous entrons dans un nouveau. Le paysage politico-intellectuel est bouleversé de fond en comble. Les schémas obsolètes, les dénonciations rituelles font désormais rire tout le monde. (…) Le politiquement correct tient encore le dessus du pavé dans les salons médiatiques et les derniers quartiers généraux de la bien-pensance, mais personne n’en tient plus compte. La crise de confiance qui a gagné des secteurs toujours plus grands de la population suscite parfois le désespoir, mais surtout une belle et formidable colère : voyez les « gilets jaunes » !
Au moment où s’annoncent de nouvelles crises planétaires, et peut-être de nouvelles guerres, chacun retient son souffle. C’est dans ce genre de circonstances, alors que tous les repères s’effondrent, que les boussoles sont le plus nécessaires. Telle est précisément la raison d’être d’Éléments.
Au sommaire du N°176 d’Eléments
• Entretien avec Natacha Polony : Marianne et les gilets jaunes
propos recueillis par Alain de Benoist
• Sociologie des gilets jaunes : la France des ploucs émissaires
par François Bousquet
• Pourquoi tant d’inégalités : la société ouverte et ses ravages
• Entretien avec David L’Épée : la confluence des populismes
• Fabrice Grimal parie sur la radicalisation de la jeunesse
• L’animalisme n’est pas un humanisme, par Alain de Benoist
• Pour ou contre le véganisme, par Benoît Labre et François Bousquet
• Le plaidoyer d’Alain Finkielkraut pour les animaux de ferme,
propos recueillis par Pascal Eysseric
• Pascal Thomas reçoit Éléments
• Louis-Ferdinand Céline aux enfers
Dossier Italie : le laboratoire politique du populisme
• Dans la tête de Matteo Salvini
• Les migrants vus d’Italie
• La CasaPound de l’intérieur : une Rome révolutionnaire
• Brève histoire de la musique alternative italienne
• Rencontre avec Adriano Scianca : l’esprit corsaire
• Le syndicalisme italien : rencontre avec Paolo Capone
• Les fumetti neri, un antidote au politiquement correct
• Campo Hobbit, le Mai 68 de Marco Tarchi
Crédit photo : DR
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